Pour la première fois depuis 12 ans, l’entrepreneur de l’année est… une femme. Aisha Allee, directrice de Blast Communications, s’est distinguée par la progression de son entreprise et son dynamisme à l’extérieur. Elle intègre ainsi le cercle très fermé des 11 lauréats récompensés depuis 2001 par l’Eco austral, magazine économique de l’océan Indien et organisateur de l’AfrAsia Tecoma Award.
Vendredi soir. Vivéa Business Park. La soirée est à son apogée. Après les discours et la présentation des candidats, Virginie Talbotier, maîtresse de cérémonie, lance le décompte. Dans la salle, les invités ont les yeux rivés sur le grand écran où on voit défiler les chiffres : 5, 4, 3, 2, 1, 0… et c’est le visage d’une femme qui s’affiche. C’est elle, Aisha Allee, fondatrice et directrice de Blast Communications, l’entrepreneure de l’année. Son nom résonne dans les haut-parleurs. Tout le monde est debout et les applaudissements retentissent.
Assise, elle a pris son visage entre ses mains. Elle rit et ne peut freiner cette petite larme au coin de l’oeil. Son équipe, venue la soutenir et l’encourager, scande son nom : «Aisha», «Aisha», «Aisha». Lorsqu’elle monte sur la scène pour recevoir son Tecoma Award, elle ne peut cacher son émotion. «Si vous vous attendiez à un discours d’une spécialiste de la com’, il faudra passer demain. Il serait injuste de dire que ce prix me revient. En fait, il revient à toute mon équipe, sans qui tout cela n’aurait pas été possible. Ce prix, je le dédie à une personne en particulier. Il s’agit de Lekha Seebaluck, ma collaboratrice, mon associée, celle qui a cru en moi dès le départ», déclare-t-elle en les invitant tous à la rejoindre.
Cette scène, Aisha Allee s’en rappellera probablement toujours comme l’un des moments forts de sa vie. Après avoir lancé sa société de communication avec peu de moyens en 2004, fait front aux premières années de vaches maigres et aux moments difficiles, Aisha Allee, chef d’entreprise, savoure aujourd’hui cette victoire et la partage avec ceux qui l’ont toujours soutenue et qui ont toujours cru en elle.
Alors que son agence de communication, spécialisée dans les relations publiques et les relations presse, a récemment fêté ses dix ans d’existence, le chemin parcouru est énorme. Leader dans le domaine, son chiffre d’affaires est passé de 61 % entre 2011 et 2013, à Rs 40,85 millions cette année. Dans un monde où la concurrence fait rage, Aisha se montre exigeante, forte et plus que jamais déterminée à réussir et à servir le client au mieux. D’ailleurs, précise-t-elle, «chez Blast, on pouponne le client». Bosseuse, elle est de celles qui ne craignent pas de travailler dur. La rigueur et la discipline, dit-elle, sont d’ailleurs des valeurs très importantes dans sa vie professionnelle.
Fonceuse née
Il faut dire que cette ancienne hôtesse de l’air s’est toujours montrée fonceuse dans la vie. Très vite après le lancement de sa boîte, elle se met à la recherche de partenaires internationaux. Et pas n’importe lesquels. Pour s’inscrire sur le réseau mondial, elle affilie Blast Communications, qui emploie aujourd’hui une trentaine de personnes, à d’importantes sociétés telles que FleishmanHillard et Burson-Marsteller. Elle bénéficie alors de diverses formations dans l’e-reputation et la communication financière, ce qui lui permet de diversifier ses services en proposant l’e-reputation, l’e-business et la communication financière. En 2012, Blast Communications ouvre un bureau aux Seychelles et, depuis, la société travaille même sur la Réunion. Blast vient de s’associer à The Jupiter Drawing Room, une agence sud-africaine qui va lancer une filiale à Maurice.
C’est dans ces deux catégories, soit le dynamisme à l’extérieur et la progression, qu’Aisha Allee a excellé à l’AfrAsia Tecoma Award. Les cinq nominés, dont Vincent d’Unienville de D&A and Keystone, Ravi Jetshan de Ravior, Christian Regnard d’Associated Textiles, et Lawrence Wong de La Trobe, ont été choisis par la rédaction d’Eco austral, selon quatre critères de sélection. Il s’agit de la progression en termes de chiffre d’affaires ou de résultat net, de l’innovation à travers de nouveaux produits ou services, le dynamisme à l’extérieur qui se traduit par un développement export, et l’engagement personnel citoyen. L’élection de l’entrepreneur de l’année a ensuite été faite par TNS Analysis qui a effectué un sondage auprès de 200 dirigeants d’entreprises mauriciennes. Lors de cette élection, un autre candidat a aussi été récompensé. Il s’agit de l’artisan bijoutier Ravi Jetshan qui a été primé dans les catégories innovation et engagement citoyen.
En douze ans d’existence, c’est la première fois qu’une femme entrepreneur est primée. Et la femme, soutient Aisha Allee, a toute sa place dans le monde de l’entrepreneuriat. Recevoir cette distinction est, pour elle, une très grande surprise. Mais elle représente aussi ces nombreuses années de dur labeur : «C’est une joie extraordinaire. Je suis super contente, surtout pour l’équipe, parce que c’est beaucoup de sacrifices. Quand je regarde les années difficiles, je ne regrette rien. Les trois, quatre premières années ont été très dures, mais ne pas se battre n’a jamais été une option parce qu’il y a des gens, mon équipe et Lekha qui m’avaient fait confiance.»
Avec cette prestigieuse récompense, Aisha Allee ne compte pas se reposer sur ses lauriers. Elle a d’ailleurs annoncé que Blast Communications identifie actuellement de nouveaux marchés pour des implantations en Afrique. L’Éthiopie et le Djibouti ont d’ailleurs déjà été identifiés. Se diversifier, progresser, aller encore et toujours plus loin, voilà le moto d’Aisha Allee. Et, comme elle le dit si bien, «chez Blast, nous disons toujours : the sky is the limit».