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Alliance PTr-MMM-PMSD : en attente de (re)négociations…

Les trois leaders seront appelés à jouer la carte du compromis au vu des enjeux électoraux.

L’entente de l’opposition parlementaire poursuit son difficile accouchement. Et si les enjeux politiques, avec l’approche des législatives, mettent la pression, les demandes des uns et des autres également. 

Des mots comme des nuages. Qui s’amoncellent et qui floutent la ligne de l’horizon. Des paroles qui ne parlent pas, forcément, de pluie, mais qui en annoncent la couleur. Après des jours de spéculations, les points de presse de Paul Bérenger, puis de Xavier-Luc Duval, ce samedi 6 avril, ont laissé entendre que l’entente PTr-MMM-PMSD n’était pas chose du passé. Les deux leaders ont exprimé leur souhait que l’alliance avance, «qu’elle soit confirmée et consolidée», a dit le chef de file du MMM. Mais la bande nuageuse s’épaissit. Le partage des tickets et des postes à responsabilité promet encore plus d’averses orageuses, surtout que la pression électorale attise les passions et les désirs. La brise du compromis devra souffler fort pour déboutonner le temps.

 

Très fort même. Car Paul Bérenger n’a pas caché son irritation sur les prises de position des Joes. Le leader du PMSD, lui, a clairement fait savoir que des négociations étaient essentielles afin d’entrevoir une accalmie : «Nous espérons que le bons sens va prévaloir. Nous ne sommes pas des vases à fleurs.» La formule des investitures annoncée par Navin Ramgoolam (35 tickets pour le PTr, 17 pour le MMM et 8 pour le PMSD) devra être revue : les Bleus ne se contenteront pas de ce qui leur est proposé pour l’instant.

 

Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger sont d’accord sur ce point : cette répartition n’avait pas été avalisée en amont. Mais le leader des Mauves a, lui, décidé de faire avec, et a assuré que c’était un done deal. L’alliance est toujours on, mais tiendra-t-elle face au tsunami des négociations et des revendications ici et là? Une bataille épique avant même la joute électorale.

 

«Mauvaise stratégie». Xavier-Luc Duval le dit : «Il vaut mieux ne pas faire trop de déclarations.» Interrogé à l’issue de son point de presse concernant les déclarations de Paul Bérenger qui, quelques minutes plus tôt, faisait du Paul Bérenger, le leader du PMSD n’a pas affiché de surprise : «Je ne m’attends pas à autre chose de la personne.» Le leader du MMM avait confié qu’il estimait que le PMSD ne devait pas avoir autant de tickets, que, avec ou sans les Bleus, l’alliance allait «balye karo» et que si les Joes quittaient le navire, ils rejoindraient, sans aucun doute, le MSM : «Nou pa swete zot ale, me si zot ale nou’nn pare. Si PMSD kass bann avek nou li pou al mor dan lebra MSM. Nou pa swet sa…» Paul Bérenger a confié que tout avait été fait pour que Xavier-Luc Duval se sente entendu et compris au sein de l’alliance, lors de la réunion des trois leaders qui s’est tenue le mercredi 3 avril, et qu’il ne comprenait donc pas les événements qui ont suivi.

 

Au niveau des Rouges, cette communication par conférences de presse fait tiquer. Et si les demandes du PMSD agacent, la méthode Bérenger donne des démangeaisons, explique un proche du leader des Rouges : «Au lieu d’apaiser, li vinn zet delwil lor dife, pour ne pas changer. C’est sa façon de faire, on l’accepte. Mais ce n’est pas la bonne. C’est une mauvaise stratégie. Navin Ramgoolam a l’étoffe d’un leader, il sait que ces choses-là se règlent en privé, dans la mesure du possible. Et si ce n’est pas totalement faisable, il faut, au moins, contrôler la communication.»

 

Un incident, une décision. Avec sa formule, Navin Ramgoolam n’a pas refroidi, uniquement, Xavier-Luc Duval. Le leader du MMM a aussi dit son irritation en apprenant cette répartition des tickets. Un «incident» de négociations qui a, semble-t-il, fragilisé la base en construction de l’alliance. Mais Paul Bérenger a décidé de «donner le bénéfice du doute à Navin Ramgoolam» : «Certaines personnes pensent qu’il a souhaité nous mettre devant un fait accompli, mais je pense que c’est un vrai malentendu.» C’est pour ça qu’il a pris la décision d’«aller de l’avant». Face à des enjeux de taille : «Le plus important, c’est de faire partir le MSM.» Et il s’attendait à ce que le leader des Bleus fasse de même : «Il n’a rien dit.»

 

Alors, quand les frustrations se sont fait entendre dans le domaine public, que les stratégies pour négocier et s’imposer, dans un jeu de pouvoir propre aux politiques, ont été lancées au-delà de la sphère de l’entente, il a fallu faire du damage control, avancer ses pions. 

 

Un ancien du MMM ne s’étonne pas des prises de position de Paul Bérenger, elles étaient prévisibles. Surtout que, selon lui, il y a un autre paradigme qui se met en place :
«Celui de convaincre Navin Ramgoolam de prendre une autre avenue afin que les Mauves aient plus de tickets...» D’ailleurs, rappelle-t-il, lors de sa conférence de presse, Paul Bérenger a bien fait comprendre qu’il était l’homme des compromis, celui qui est en communication avec Navin Ramgoolam : «Il a parlé d’un coup de fil à Ramgoolam avant la conférence de presse ; ils décident ensemble, ils avancent ensemble.»

 

Le message semble être clair. Navin Ramgoolam se trouve, peut-être, face à un choix. Du côté du PMSD, on joue également la carte des affinités. Xavier-Luc Duval a rappelé les longues années de travail avec les Rouges, a parlé d’entente naturelle et de… stabilité. Le duo Ramgoolam-Bérenger n’a pas toujours évolué dans la sérénité, au fil des années, quand il était en alliance ou au pouvoir. «Personne ne peut dire que la présence du PMSD au sein de cette alliance n’est pas essentielle. Elle l’est si ce n’est pour la stabilité de l’alliance, pour la confiance que la population investira en elle», a lancé Xavier-Luc Duval.

 

What's next ? Une rencontre regroupant les trois leaders ou alors des entrevues Duval-Ramgoolam et Bérenger-Ramgoolam ; tout dépendra des lignes de communication lancées ce week-end et de leurs résultats.

 

En bref

 

Mercredi 3 avril. Rencontre entre Navin Ramgoolam, Xavier-Luc Duval et Paul Bérenger. C’est uniquement le chef de file des Rouges qui s’exprimera à l’issue de cette rencontre. Il dira que l’essentiel reste de faire partir le gouvernement et que la formule 35-17-8 sera maintenue. 

 

Jeudi 4 avril. Sur les ondes de Radio Plus, Adrien Duval monte au créneau : «Huit tickets, c’est blesser la dignité du PMSD.»

 

Vendredi 5 avril. Alors qu’une réunion entre les trois leaders est prévue, des rumeurs circulent et laissent entendre que la communication est rompue entre Xavier-Luc Duval et Navin Ramgoolam. Adrien Duval s’épanche sur les réseaux sociaux et dit avoir le cœur plus léger. Le MMM se rencontre pour discuter de la situation. Et le PMSD annonce un bureau politique et un point de presse pour le samedi 6 avril.

 

Xavier-Luc Duval : «Nous devons trouver une solution au plus vite»

 

Il a joué la carte de l’apaisement : «Je garde une grande retenue. Nou bizin pa bless personn.» Tout en s’assurant de faire passer son message : «Nous devons trouver une solution au plus vite. Ce n’est pas au PSMD seul d’y arriver.» Il espère que la situation trouvera une issue satisfaisante : «Nous voulons que tout soit finalisé et que nous soyons ensemble le 1er mai pour une mobilisation massive.» Le leader des Bleus a précisé qu’il n’était pas en négociations avec d’autres partis que ceux présents au sein de l’alliance PTr-MMM-PMSD : «Pena okenn lakor ou kwakseswa avek MSM.»

 

Paul Bérenger : «Que l’alliance soit confirmée et solidifiée»

 

Le leader du MMM n’a pas mâché ses mots. Il s’est interrogé sur les déclarations d’Adrien Duval et sur la tournure des événements, mais a assuré, à plusieurs reprises, que son souhait reste le même : «Que l’alliance soit confirmée et solidifiée.» Néanmoins, s’il n’a pas souhaité le départ du PMSD, il a avancé qu’une alliance PTr-MMM pourrait balye karo.