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Les quatre commandements d’une alliance de l’opposition

Malenn Oodiah, Shafick Osman et Dan Maraye dessinent les contours d’une alliance de l’opposition effective et efficace.

Ils se marièrent et eurent beaucoup… de détracteurs. Ça y est ! Pour l’instant, l’alliance PTr-MMM est on. Paul Bérenger et Navin Ramgoolam roucoulent alors que, du côté de l’opposition, on s’organise. Mais que doit faire une alliance d’autres partis pour faire sombrer la machinerie rouge-mauve. Nous avons interrogé trois observateurs politiques, Dan Maraye, Malenn Oodiah et Shafick Osman, pour avoir une petite idée.  Même si les questions  ont été posées de façon large, sans cibler de coalition, les observateurs ont, instinctivement et souvent, pris l’exemple de la nouvelle alliance en gestation, celle du MSM, du PMSD et du Muvman Liberater (ML) d’Ivan Collendavaloo (voir hors-texte).

1. Une nouvelle alliance,  un nouveau visage

 

Celle qui aura la prétention de contrer le puissant tandem Ramgoolam-Bérenger doit se réinventer… Ramgoolam-Bérenger doit se réinventer…

 

Dan Maraye : Lors des prochaines élections, il y aura plus de 200 000 nouveaux électeurs qui iront aux urnes pour la première fois. Ce sont des jeunes rationnels, qui sont dégoûtés par la façon de faire de la majorité de nos politiciens. La population est à la recherche de sang nouveau et de personnes qui peuvent faire montre d’un haut niveau de dignité et d’intégrité. Elle ne veut plus de suiveurs et de leaders qui n’ont que leurs propres intérêts à cœur. Nous ne sommes plus en 1970 ou encore en 1982. Nous avons aujourd’hui une population éclairée, qui est à la recherche de role models pour gérer le pays.

Malenn Oodiah : Ce n’est pas à l’observateur analyste de donner des conseils. Cela dit, l’image de cette nouvelle formation devrait être positive et non seulement critique. Une alliance de l’opposition doit se présenter comme soucieuse, d’abord, d’apporter des solutions aux problèmes du pays sur les fronts économique et social. Et ce, pour changer la vie de la population au quotidien. Elle va s’appuyer sur le track record de SAJ comme père de ce qu’on a appelé le miracle économique.  

Shafick Osman : Déjà, il faut qu’elle se fasse officiellement, cette alliance ! À partir de là, il faut qu’elle abatte un énorme travail pour se vendre, au sens marketing du terme (car le peuple ne connaît pas encore cette alliance inédite), mais aussi qu’elle attire ses partisans, les indécis et ceux qui boudent ou bouderont l’alliance rouge-mauve. Car rien n’est gagné d’avance : les protest votes n’iront pas systématiquement au MSM-PMSD-ML.

 


 

 

2. Faire la différence… absolument

 

Une coalition, sorte d’alternative à l’alliance PTr-MMM, doit s’aligner sur les principes de l’accord électoral entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger (réforme électorale, IIe République et partage de pouvoirs, entre autres) ou doit-elle s’inscrire dans une pensée complètement différente ? Réponses…

 

Shafick Osman : L’opposition devra présenter et «vendre» ses propres arguments et idées. J’ai lu qu’il ne sera pas question de IIe République avec l’alliance MSM-PMSD-ML. Au moins, sur ce point-là, c’est clair. Autre chose qui est claire, c’est qu’elle va présenter Sir Anerood Jugnauth comme Premier ministre pour cinq ans. Voilà qui est une différence fondamentale avec l’alliance PTr-MMM. Le travail sera très difficile pour la nouvelle opposition, car elle sera sans doute prise par le temps. Elle devra surtout faire face à la machinerie rouge-mauve qui, électoralement parlant, est écrasante.

Malenn Oodiah : La nouvelle alliance est en train de s’inscrire dans une pensée totalement différente. Elle veut la continuité au niveau constitutionnel, donc pas de IIe République avec tous les risques de confusion d’instabilité qu’elle peut apporter. Elle est en train de prôner une unité de direction avec Sir Anerood Jugnauth comme Premier ministre pendant toute la durée d’un prochain mandat.

Dan Maraye : Il suffit de parler aux personnes dans les villes et dans les villages pour constater un mécontentement envers les propositions de l’alliance PTr-MMM. C’est une alliance, d’intérêts personnels de deux leaders, qui ne fait pas l’unanimité à la base des deux partis. C’est clair que les principes de la réforme électorale, la IIe République et le partage de pouvoirs devraient passer par un référendum si les deux leaders ont à cœur la promotion de la démocratie. Il n’y a pas de doute que toute alliance crédible doit mettre l’intérêt du pays d’abord et ne doit pas se limiter à l’intérêt personnel de quelques individus. Une politique de zéro tolérance concernant la corruption sous toutes ses formes est souhaitable.

 


 

 

3. Un programme solide. Un !

 

Il n’y a pas plus simple. Pour se donner une chance de remporter les élections, il faut des propositions solides qui touchent les Mauriciens.

 

Malenn Oodiah : Un programme avec des mesures concrètes qui répondent aux attentes et aux aspirations de la population en termes de création d’emplois, de niveau et de qualité de vie, de lutte contre la pauvreté. Un programme qui s’adresse de manière forte aux questions de violence et d’insécurité, perçues comme grandissantes. En somme, un programme qui serait l’expression d’une politique soucieuse d’être au service de la population, sans être un moyen de se servir. Maintenant, il s’agit de convaincre l’électorat sur la sincérité de la démarche et du bien fondé du programme.

Shafick Osman : Plusieurs critiques sont formulées, ces jours-ci, sur cette alliance rouge-mauve. Une des critiques est que c’est une alliance qui ne sert que deux personnes et que les préoccupations du peuple sont mises de côté. C’est peut-être là-dessus que le MSM-PMSD-ML se concentre, c’est-à-dire sur les besoins et attentes immédiats de la population. Surtout cette partie qu’on a fini par appeler le «petit peuple» : les démunis, les laissés-pour-compte, les défavorisés, les victimes de diverses injustices, entre autres.

Dan Maraye : Une alliance crédible doit proposer des mesures concrètes pour une île Maurice où chaque Mauricien aura une chance de s’épanouir et de contribuer à l’avancement de la société et à la création d’une vraie nation mauricienne. Pour que cela soit possible, il faut une reforme de nos institutions pour combattre la corruption et pour œuvrer dans la transparence, ainsi que des garanties pour le bon fonctionnement d’une démocratie qui fera honneur au pays.

 


 

 

4. Récupérer des mesures oubliées : le «must» !

 

Parler à la population, s’intéresser à ses attentes au lieu de parler de IIe République et de partage de pouvoirs : une bonne tactique.

 

Dan Maraye: À ce jour, il n’y a pas eu de propositions concrètes de Ramgoolam et de Bérenger pour faire avancer le pays ; il n’y a eu que des propositions pour assurer les intérêts personnels de deux personnes, de leur entourage et d’autres suiveurs. Alors, une alliance de l’opposition devrait jouer sur ce tableau.

Malenn Oodiah : Il  faut s’attendre à ce que, au fil des jours, la coalition PTr-MMM développe son programme. L’opposition, elle, n’a pas à s’expliquer sur les changements constitutionnels, car elle prône la continuité. Xavier Luc Duval insiste, par exemple, sur l’importance qu’il attache à son manifeste électoral dont il annonce la publication pour bientôt. Déjà, il a indiqué certaines pistes : méritocratie, salaire minimum, entre autres. Il y aura aussi des mesures pour combattre la fraude, la corruption, relancer l’économie et lutter contre l’insécurité.

Shafick Osman : Si une alliance de l’opposition arrive à galvaniser le peuple sur ses besoins au quotidien, sur ses problèmes de tous les jours, elle pourrait grignoter un certain nombre de voix. Mais les Rouges et les Mauves ne sont pas nés de la dernière pluie et ils essaieront de contrer leurs adversaires sur ce terrain-là. Le peuple, de nos jours, n’est pas très exigeant ; il demande seulement que son quotidien soit amélioré et que ses lendemains soient meilleurs. C’est fini, malheureusement, le temps des idéologies et des projets ou visions à long terme pour une grande partie de la population.

 


 

La question absolue

 

Certains partis de l’opposition s’organisent déjà. Il y a ceux qui oeuvrent seuls et d’autres qui recherchent des alliés pour affronter l’alliance PTr-MMM. Mais ont-ils une chance de renverser la tendance rouge-mauve lors des prochaines législatives ?

 

Shafick Osman : Je ne le crois pas. Mais comme dit l’adage, on ne peut jamais dire jamais ! Il existe des mathématiques électorales. Le MMM tient la route avec une moyenne de 40 % de suffrages exprimés. Avec le PTr, ils devront arriver facilement à 80 % des suffrages exprimés. Avec ces chiffres et notre actuel first-past-the-post, c’est du 60-0. Même si on peut compter disons un maximum de 10 % à 15 % de sympathisants MMM et travaillistes qui ne voteront pas pour leurs partis respectifs cette fois, cela ne suffira pas à la nouvelle opposition pour remporter la victoire.

Malenn Oodiah : Valeur du jour, je ne vois pas une alliance de l’opposition renverser la machinerie rouge-mauve. Navin Ramgoolam – avec le PTr – était impopulaire au mois d’avril 2014. Malgré tout, il a gardé son noyau dur. Paul Bérenger et le MMM ont perdu beaucoup de crédibilité en cassant le Remake 2000 à la veille de la mobilisation du 1er -Mai. Les quatre mois de on et de off ont accentué cette perte de crédibilité. Le MSM a surfé sur une certaine frustration. Mais l’alliance PTr-MMM, une fois constituée, va commencer son travail d’explication pour mobiliser et rassurer ses électorats respectifs. Le PMSD et le ML sont faibles sur le plan électoral. Malgré toutes les dynamiques pouvant potentiellement jouer en sa faveur, l’alliance MSM-PMSD-ML ne pourra pas renverser la machinerie rouge-mauve.

Dan Maraye : Dans toute démocratie, une élection libre n’est jamais jouée à l’avance. Tout dépendra de la qualité des personnes pour qui nous serons invités à voter et du type de société que chaque bloc proposera au pays dans son manifeste électoral. Notre pays a besoin de politiciens cohérents dans leurs idées et leurs actions.

 


 

Alliance MSM-PMSD-ML : pour une concrétisation rapide

 

Après plusieurs rencontres, ils ont pu accorder leurs violons. Pravind Jugnauth, Xavier-Luc Duval et Ivan Collendavalloo démontrent qu’ils veulent travailler ensemble pour créer l’alliance MSM-PMSD-ML. Toutefois, il y encore quelques sujets de désaccord. Comme celui concernant la répartition des tickets pour les prochaines élections. Le leader des Bleus propose un partage de 35 tickets pour le MSM et 25 pour le PMSD et le ML. Pravind Jugnauth, lui, espère un ratio légèrement différent : «Notre contre-proposition n’est pas loin de la requête de Xavier-Luc Duval.» Un accord devrait vite être trouvé, assure-t-on du côté des trois partis concernés.

 

A l’heure où nous mettions sous presse, une réunion entre la direction du MSM et du ML, hier, s’était terminée avec un Ivan Collendavalloo «satisfait». En outre, dans la mi-journée, Pravind Jugnauth, lors de la conférence de presse du MSM, avait déclaré que «les négociations allaient bon train»  et que d’autres partis avaient signifié leur intention de se joindre à cette alliance.