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Zoom sur ces policiers qui dérapent

Les quatre policiers inculpés dans l’affaire Harel Philipe. Ils nient les accusations portées contre eux.

Alors qu’ils sont censés faire respecter les lois, plusieurs membres des forces de l’ordre se sont retrouvés de l’autre côté de la barrière ces derniers temps. Ils se sont transformés en malfaiteurs pour tremper dans divers délits : corruption, braquage, importation de drogue, tir avec une arme de service «pour plaisanter», entre autres. Une triste réalité qui suscite bien des interrogations sur ce qui se passe dans la police. 

Sale temps pour les flics. L’image de la police n’est pas très reluisante en ce moment, en raison de plusieurs arrestations au sein même des forces de l’ordre. Eh oui ! De nombreux délits impliquant des policiers ont été recensés ces derniers temps. Le dernier en date : le constable Pirbacosse a fait feu avec son arme de service alors qu’il était posté en sentinelle devant la maison du ministre Jim Seetaram, à Henrietta. Juste avant, il a lancé à son collègue venu le remplacer : «Mo kontan badine mwa !» C’était pour rire, donc, et heureusement, personne n’a été blessé. Mais le fait est grave. Comment un policier peut-il agir ainsi ? Était-il sous l’influence d’une quelconque substance ? Les questions pleuvent, mais les réponses pas encore. L’enquête est en cours, dit-on, mais toujours est-il qu’une bouteille de vin vide aurait été retrouvée dans son sac…

 

La semaine dernière, quatre autres policiers du poste de police de Grand-Baie ont beaucoup fait parler d’eux. Et pas pour des broutilles. L’inspecteur Mohangee, la policière Ungkoor et les constables Bauhal et Marc se sont vu passer les menottes par leurs collègues de la Major Crimes Investigation Team (MCIT) car soupçonnés d’avoir falsifié des données dans le diary book du poste de police, afin de fournir un alibi à Harel Philipe, inculpé dans l’affaire de la fusillade mortelle de Saint-Pierre. Ce qu’ils nient. Ils ont passé une semaine en détention, avant de retrouver la liberté conditionnelle mercredi.

 

La série noire ne s’arrête, hélas, pas là. En mai, la brigade antidrogue a procédé à l’arrestation du sergent Sooknundun – qui était déjà relevé de ses fonctions pour corruption – et du constable Lutchoomun pour l’importation d’une quantité d’héroïne évaluée à Rs 127 millions. Quelques semaines plus tôt, un autre constable de 29 ans, Berny Barbeau, était arrêté pour avoir planifié et mis à exécution le braquage d’une station-service à Wooton, avec des complices. Et la liste est encore longue…

 

Mais comment expliquer qu’il y ait tant de brebis galeuses dans la police ? Quelques policiers que nous avons interrogés essaient de trouver des réponses à cette question, mais celles-ci ne sont guère convaincantes. Par exemple, le salaire et les conditions de travail des policiers sont souvent cités pour expliquer pourquoi ils se transforment en ripoux. Ce qui ne tient pas la route dans la mesure où le choix de devenir policier implique des convictions et une discipline personnelle, et que, surtout, rien ne peut justifier la malhonnêteté.

 

Le commissaire de police, quant à lui, nous a fait comprendre, par le biais de son service de presse, qu’il ne souhaitait pas commenter ces affaires dans la mesure où des enquêtes sont toujours en cours les concernant. Toutefois, précise-t-il, la force policière ne peut pas être tenue responsable si un policier décide de transgresser la loi tout en étant conscient qu’il risque de sévères sanctions. 

 

«Cercle vicieux»

 

Un autre policier qui compte plusieurs années de service avoue qu’il est difficile d’expliquer comment et pourquoi des membres des forces de l’ordre basculent du côté obscur… de la force. «Ils sont les seuls à connaître les raisons qui les ont poussés à transgresser la loi», déclare-t-il sous le couvert de l’anonymat. Toutefois, s’il reconnaît qu’il y a des brebis galeuses dans la police, il affirme que ces cas sont moins nombreux que dans le passé. «Il y a une perception qu’il y a plus de policiers qui basculent de l’autre côté de la loi parce que, de nos jours, la force policière compte plus de membres. Je peux cependant vous dire que les policiers sont moins corrompus que dans le passé. D’ailleurs, les gens n’hésitent pas à les dénoncer depuis la création de l’Independent Commission Against Corruption. Et avec les nouvelles technologies, par exemple les portables sur lesquels on peut enregistrer des conversations, des films, faire des photos, le policer a intérêt à se tenir à carreau. Mais une fois qu’un d’entre eux se laisse tenter par la corruption, il entre dans un cercle vicieux.»

 

Une réalité qui existe bel et bien. «Malerezman, pa tou ki resi reziste. Parfois, certains se laissent tenter par l’argent facile parce que ce qu’ils gagnent ne suffit pas à nourrir leur famille, à payer leurs nombreuses dettes, etc. Ils sont aussi très frustrés à cause de leurs conditions de travail qui sont parfois très mauvaises. Cela n’excuse pas les délits qu’ils commettent, mais c’est un début d’explication», souligne un autre policier. Quelques policiers font le strict minimum quand ils sont en service et, à côté, ils trempent dans des affaires louches qui rapportent. Par exemple, plusieurs d’entre eux avaient été arrêtés lorsque le scandale des Ponzi Scheme  avait éclaté parce qu’ils avaient agi en tant qu’agents recruteurs. 

 

Aux Casernes centrales, on se dit conscient que tout n’est pas rose dans la police et qu’il faut trouver des moyens de redresser la situation. C’est pour cela que la police a enclenché une grande réforme depuis février 2010. Plusieurs mesures ont été prises, sans pour autant négliger l’aspect des ressources humaines. «La réforme est très bien enclenchée et elle porte déjà ses fruits. La preuve : lors de la dernière Passing Out Parade, le Premier ministre a déclaré que le taux de criminalité est en baisse et que la police va continuer à être sans pitié contre ceux qui transgressent les lois», explique le constable Mooroogan, responsable du service de presse de la police.

 

Selon lui, la police applique aussi de nouvelles mesures pour éviter aux policiers de basculer. Par exemple, chaque division, unité ou branche compte désormais un Staff Officer : «Son rôle, c’est d’être proche des policiers. Il est là pour écouter leurs doléances. De plus, la manière de faire la formation des nouvelles recrues a changé, avec l’introduction de nouvelles matières, notamment le Human Rights et le Customer Care, sans oublier la formation académique sur les police duties, administrations & orders, law & evidences et le maniement des armes. Le training est plus intensif pour mieux les préparer psychologiquement à affronter la réalité du terrain. Après deux ans, les nouvelles recrues rejoignent les bancs de l’université de Maurice pour des études poussées afin de décrocher un Certificate in Police Studies. Si un policier dérape, l’ensemble de la force policière ne peut être tenue responsable de cela.»

 

En espérant que ces nouvelles mesures vont porter leurs fruits et aideront à redorer le blason de la force policière.