Ils sont partis à la fleur de l’âge, alors que tout semblait leur réussir. Jean-Philippe Charles, 22 ans, et Andy Mimi, 19 ans, ont péri noyés le jour de la fête de la lumière, à quelques heures d’intervalle. Sous le choc, leurs proches respectifs témoignent.
Il n’y a pas de pire épreuve, pour un parent, que d’enterrer son enfant. Hélas, c’est la triste réalité à laquelle Jocelyne Charles et Priscilla Naidu doivent faire face. Si les deux femmes ne se connaissent pas, elles partagent malheureusement la même souffrance. Celle d’avoir perdu un fils, mort tragiquement le jour de la fête de Divali.
À Morcellement Tagore, L’Escalier, la désolation se lit sur le visage de quelques personnes réunies sous une varangue. L’une d’elles nous conduit à l’intérieur de la maison endeuillée. L’atmosphère est lourde. Il y a quelques heures, Jocelyne Charles et les siens ont accompagné Jean-Philippe Charles à sa dernière demeure, au cimetière de Petit-Bel-Air, à Mahébourg. «La pêche était son gagne-pain, mais aussi sa plus grande passion. C’est également ce qui l’a emporté pour toujours», pleure Jocelyne, inconsolable.
Le jeudi 23 octobre, son fils est allé pêcher au Souffleur, et ne serait pas remonté à la surface de l’eau après une plongée. «Je ne savais pas qu’il s’aventurait dans des endroits aussi dangereux», confie Jocelyne. C’est un ami de Jean-Philippe, dit-elle, qui aurait donné l’alerte aux autorités en ne le voyant pas remonter à la surface. «Son ami a même fait appel à trois autres copains plongeurs qui habitent au souffleur et à L’Escalier respectivement. Ce sont eux qui ont retrouvé le corps de mon fils», soutient Jocelyne.
Fils aîné d’une fratrie de trois enfants, Jean-Philippe Charles a fréquenté l’Imperial College, à Curepipe, avant d’abandonner ses études en Form IV. Après un bref passage dans un hôtel de l’île où il a travaillé comme serveur, il a très vite développé une passion pour la mer. «L’océan n’avait aucun secret pour lui. Mais je n’aimais pas vraiment le métier qu’il avait choisi à cause des nombreux risques, mais je ne pouvais pas aller contre sa volonté», explique Jocelyne.
Des projets, son fils en avait aussi. «Il était populaire dans l’endroit, et très généreux. Il y a presque deux ans, il avait acheté une voiture. Et, cette année, il avait économisé pour la retaper. Hélas, il n’a pu le faire», dit-elle.
À la rue Latanier, à Sainte-Croix, cette fois, personne ne comprend pourquoi un tel malheur s’est abattu sur la famille. Il y a quelques jours, tout allait pour le mieux. Andy Mimi lui-même s’apprêtait à ajouter une nouvelle page à l’histoire de sa vie ; il envisageait de rejoindre les bancs de l’université après les examens du Higher School Certificate (HSC), auxquels il prenait part cette année. Mais lors d’une sortie, le jeune homme est mort noyé à Péreybère, sous le regard impuissant de ses proches et amis.
C’était le jeudi 23 octobre. «Il était parti fêter l’anniversaire d’un ami avec un groupe de copains et quelques cousines», raconte Priscilla Naidu, sa mère. Cette dernière peine à croire que son fils n’est plus de ce monde. Pourtant, au moment même où il s’était trouvé en difficulté en mer, ce dernier avait appelé à l’aide. Mais ses amis, croyant que c’était une énième blague de sa part, n’ont pas considéré ses propos. «Il est un farceur et, au moment où il demandait à ce qu’on lui vienne en aide, il ne se débattait même pas dans l’eau. On a cru qu’il faisait une blague. C’est un homme qui nageait dans les environs qui lui a porté secours en premier, avant de demander du renfort. C’est à ce moment-là qu’on s’est rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’une blague», explique Stéphanie Raoul, une cousine de la victime. «Avant que le drame ne se produise, poursuit-elle, il avait nagé une longue distance et c’est lorsqu’il regagnait la côte qu’il s’est trouvé en difficulté.»
Élève en HSC au London College, à Port-Louis, Andy Mimi était, selon sa mère Priscilla, un jeune homme studieux, animé par la rage de réussir : «Nous sommes une famille très modeste. Mon fils était un bosseur. D’ailleurs, il croyait fermement qu’il allait passer ses examens et avait déjà complété trois de ses matières. Il avait comme objectif de rejoindre les bancs de l’université l’année prochaine.» Amoureux de sport, notamment de volley-ball, de football et de basket-ball, le jeune homme avait même créé un petit espace improvisé dans sa cour, où il faisait des paniers. «Comme tous les jeunes, il aimait également la musique et les sortis entre amis. Depuis sa tendre enfance, il vivait chez ses grands-parents et il voulait vraiment terminer ses études et aider ces derniers, car il se sentait redevable envers eux», explique Priscilla, dont le fils rêvait de devenir un homme d’affaires ou comptable.
Hélas, la vie en a décidé autrement.
Précautions à prendre pour éviter la noyade
No 1 : Restez à proximité du rivage. Ne vous aventurez pas trop loin, à la nage.
No 2 : Prévenez vos proches lorsque vous partez nager et, si possible, baignez-vous sous surveillance.
No 3 : Prenez garde à l’hydrocution qui peut être fatale si vous vous exposez au soleil et rentrez trop rapidement dans l’eau froide. Pour éviter ce choc thermique, rentrez progressivement dans l’eau et mouillez-vous petit à petit.
No 4 : Ne vous aventurez pas dans l’eau juste après avoir avalé un repas copieux.