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Jessie Mathews : le pouvoir de l’écriture

«Ce récit est une invitation à voyager dans le temps, à revisiter l’île Maurice d’avant l’avènement de la modernité et de l’industrialisation. À travers mes yeux d’enfant et d’adolescente ayant savouré la douceur de notre île, je vous invite à redécouvrir une époque où l’âme du pays résonnait dans chaque rite ancestral», confie Jessie Mathews.

«Le processus d’écriture de ce livre a été crucial pour éclairer des pans obscurs de mon passé. Naturellement, le chemin s’est avéré long et complexe, ponctué d’étapes marquantes.» Notre compatriote Jessie Mathews, installée en Belgique, présente son livre Les Larmes du Silence, tout en nous racontant comment l’écriture lui a été salutaire...

Des mots pour interpeller, pour toucher... Et c’est dans son livre Les Larmes du Silence que la Mauricienne Jessie Mathews, installée en Belgique, veut partager son histoire, son vécu et son passé à travers ce récit qui lui tient beaucoup à coeur. «Mon espoir est qu’il pique votre curiosité et vous inspire à plonger davantage dans son univers. Il vous suffira, dès lors, de vous installer confortablement dans votre coin de lecture, de prendre Les Larmes du Silence entre vos mains et de vous laisser transporter dans le monde de Jessica...» C’est sur les réseaux sociaux qu’elle invite les lecteurs à découvrir son univers en partageant des extraits de son livre.

 

Tout de suite, elle plante le décor de celui-ci. «Devant l’église du village de Flacq, Jessica, 3 ans, vit un moment de joie insouciante en compagnie de sa sœur aînée, Alcine. Toutes deux rayonnent de bonheur après une visite à l’hôpital pour accueillir leur nouvelle sœur, Michelle. Mais le destin est à l’affût. Leur père Edward, présent sur les lieux, les observe depuis un moment. Il les invite à se rapprocher. Il prend Jessica dans ses bras et demande à Alcine de prendre place dans le bus en stationnement un peu plus loin sur la route, pendant qu’il va acheter des litchis. Alcine, pleine d’espérance, monte et prend place à côté de la fenêtre, nourrissant l’illusion d’une promenade inattendue. En effet, les parents sont séparés. L’attente se prolonge et lorsqu’elle réalise la disparition de papa Edward et de Jessica, il est déjà trop tard. Les aiguilles du destin tournent irrémédiablement, marquant un tournant tragique pour elle, pour Jessica et pour leur mère. Jessica, enlevée et éloignée par son propre père, est privée pour toujours de l’étreinte maternelle et d’un cocon familial. Submergée par le chagrin, la maman succombe à sa douleur trois ans après l’enlèvement. Alcine s’efface aussi du tableau de Jessica qui, privée du soutien familial et affectif, se retrouve face à une existence dure et froide. Doublement orpheline après le décès de son père, architecte de son sort, trois ans plus tard, elle affronte un monde où la vulnérabilité attise les tempêtes. Malgré les maltraitances physiques et psychiques qui cherchent à la briser, Jessica incarne la résilience face à l’adversité. Elle se forge un caractère et navigue à travers les tumultes de la vie avec une détermination farouche.»

 

Maintenant qu’on s’est un peu familiarisé avec le livre, on invite Jessie Mathews à se dévoiler... «Je suis née à Terre-Rouge, dans le district de Pamplemousses. En 1967, l’île Maurice se préparait à accéder à son Indépendance. La jeune fille que j’étais alors, peu ou pas impliquée dans la politique, ne saisissait pas vraiment en quoi sa vie serait impactée. Mes copines et moi-même, nous étions plutôt avides d’emprunter le chemin de l’avenir qui s’étendait devant nous. Peu après les élections, je me suis embarquée à bord du Ferdinand de Lesseps, qui entamait alors son dernier périple de l’île Maurice vers la France. Le port, à cette époque, affichait un visage bien différent de sa physionomie moderne. Les images de cette journée restent gravées dans ma mémoire. L’atmosphère effervescente de ce moment précis persiste en moi. Le port fourmillait d’une foule bruyante, les gens s’interpellaient à haute voix de tous côtés. Le paquebot fut bientôt bondé avec ses passagers et leurs familles. Puis, petit à petit, le navire se vida d’une bonne partie de ses visiteurs, l’heure du grand départ approchait. Quand les rayons du soleil ne furent plus qu’un pâle reflet à l’horizon et que les familles eurent regagné le port, le paquebot leva l’ancre et entama sa longue traversée. J’étais en route vers la Belgique...» 

 

Introspection

 

Une fois les présentations faites, Jessie Mathews nous plonge dans le vif du sujet car ses mots pour se présenter sont liée à son livre. «C’est le début de mon histoire Les Larmes du Silence. Une introspection repositionnant les mémoires d’une enfance et d’une adolescence au cœur d’une île en pleine émergence industrielle, frôlant timidement l’ère moderne.» Dans son cheminement, raconte Jessie Mathews, écrire a été salutaire : «Le processus d’écriture de ce livre a été crucial pour éclairer des pans obscurs de mon passé. Naturellement, le chemin s’est avéré long et complexe, ponctué d’étapes marquantes. Au début, je me suis replongée dans les regards insistants, les insinuations et les non-dits qui avaient piqué ma curiosité dès mon plus jeune âge, engendrant une multitude de questions mêlant tristesse et colère. Les souvenirs de ces instants furtifs, mais combien parlants, ont refait surface avec vigueur, plongeant mon esprit dans un bouillonnement intense. Je rassemblais tous ces fragments épars de mon histoire, les replaçais côte à côte reformant ainsi le tissu de mes origines. Une évidence se fit jour dans mon esprit jusqu’alors anesthésié par la peur : “Je suis aussi le fruit d’une mère et d’un père – oui ! J’ai aussi eu une maman qu’on a voulu me forcer à effacer de ma mémoire !” Alors, j’ai fouillé, j’ai posé des questions, bribes après bribes j’ai reconstitué en partie le puzzle. Mot après mot, j’ai noirci des pages entières, libérant un flot d’émotions de mon enfance longtemps enfouies, dans un élan cathartique, consciente que je n’aurai jamais l’histoire dans son intégralité.»

 

Et au coeur de ce travail d’écriture, une importante charge émotionnelle : «La relecture minutieuse de mon manuscrit a fait ressurgir une émotion encore plus intense – un chagrin profond et poignant. Ce chagrin symbolisait toutes ces années consacrées à une quête éperdue de compréhension. J’ai pris conscience que la vie se présente comme un défi, une montée laborieuse où chaque palier est une étape de cette ascension.» Car pour elle, les bouquins ont toujours été de bons compagnons : «Enfant, les livres représentaient beaucoup pour moi, ils n’étaient pas que de simples objets. C’était mon passe-temps favori, mon refuge, mais aussi le moyen de m’évader vers des horizons lointains ou imaginaires où mes désirs d’enfant prenaient leur envol en me permettant de construire mon monde à moi.  J’existais !  Tout naturellement, je voulais imiter mes héros et héroïnes. Je leur écrivais des petits mots – “nos secrets” – et leur dédiais des petits poèmes, faisant d’eux mes confidents fantômes.»

 

Une source d'inspiration

 

Puis, elle a fait son chemin : «La vie m’a emportée loin de l’île Maurice vers de nouveaux horizons.  La construction d’une carrière, le mariage, la maternité m’ont fait mettre l’écriture sur pause, reléguée au rang d’activité occasionnelle. Mais le besoin d’écrire revenait régulièrement en vagues impérieuses. J’ai commencé par griffonner, puis à remplir des pages avant de mettre à nouveau en pause mon projet après les premiers chapitres. Malgré cela, j’ai continué à me renseigner, à interroger mon entourage et à accumuler des informations. Ma dernière visite à Maurice a produit “le” déclic. J’ai découvert un pan méconnu et tenu secret de mon histoire. Cela m’a bouleversée profondément, ravivant ce sentiment d’avoir été trompée par celle qui se devait d’être ma protectrice. Partager mon histoire devint vital. Je sais que d’autres orphelins souffrent aussi en silence. Peut-être que mon récit les aiderait à s’exprimer. Le moment était donc venu pour moi de reprendre ma plume. Je me suis immergée dans mon œuvre, tissant les mots, brodant les phrases et insufflant vie, sur le papier, à “mon histoire”. C’est dans ce contexte que Les Larmes du Silence a pris forme, une œuvre née de la nécessité de faire entendre une vérité longtemps tue.»

 

Les Larmes du Silence relate ainsi sa propre histoire : «Écrire sur ses expériences, surtout celles aussi intenses et difficiles d’une orpheline, n’est pas facile. Cela m’a servi de catharsis et j’espère que ce sera une source d’inspiration ou de réconfort pour d’autres qui ont vécu des situations similaires. Je veux montrer que chaque histoire, aussi singulière soit-elle, tisse une part du vaste tableau de l’humanité et que reconnaître, comprendre et, surtout, ressentir la profondeur de ces récits est crucial pour véritablement toucher du doigt la complexité et la richesse de l’expérience humaine. Le projet Les Larmes du Silence est né d’un besoin viscéral de raconter, de partager, de libérer une vérité souvent tue. C’est une quête personnelle pour honorer la mémoire de mes parents, pour donner sens à leur absence et pour réaffirmer leur présence dans les pages de ma vie. C’est aussi le fruit d’une prise de conscience : ma solitude, mon histoire sont des notes dans la symphonie des expériences humaines. Les larmes, celles que l’on verse en silence, sont universelles, mais chaque goutte porte en elle le reflet d’une histoire unique, souvent inaudible.»

 

Pourquoi les Mauriciens devraient-ils lire votre livre ? À cette question, la réponse de Jessie fuse tout de suite : «Les Larmes du Silence est un vibrant hommage à l’île Maurice d’antan, une époque où la simplicité et l’authenticité formaient le tissu de la vie quotidienne. Ce livre s’adresse particulièrement aux Mauriciens pour plusieurs raisons significatives. Tout d’abord, ce récit est une invitation à voyager dans le temps, à revisiter l’île Maurice d’avant l’avènement de la modernité et de l’industrialisation. À travers mes yeux d’enfant et d’adolescente ayant savouré la douceur de notre île, je vous invite à redécouvrir une époque où l’âme du pays résonnait dans chaque rite ancestral et où la nature était une source généreuse de tout ce dont nous avions besoin. C’était un temps où la communauté et la simplicité étaient les richesses véritables, où un goyavier chargé de fruits ne laissait aucune goyave pourrir, témoignant de la connexion profonde entre les Mauriciens et leur environnement.»

 

Vous pouvez vous procurer le livre de Jessie Mathews sur le lien https://www.lysbleueditions.com/produit/les-larmes-du-silence/ ou sur Amazon. L’auteure invite aussi ceux qui veulent la contacter ou qui pourraient l’aider à trouver une librairie à Maurice pour mettre en vente Les Larmes du Silence à lui écrire via mail sur jessmath@skynet.be ou mathewscarlier@gmail.com, ou encore sur Facebook. Elle pourra parler de son livre mais aussi sur comment le pouvoir de l’écriture l’a aidée…