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Main basse sur nos plages

Regrettable ! Voilà un autre combat citoyen qui prend des allures sectaires. Avec  le Premier ministre qui en remet une couche. Sur la plate-forme de la célébration de Ganesh Chaturthi, pour défendre le projet du pandit Sungkur, l’accapareur d’une partie de la plage de Trou-aux-Biches. Navin Ramgoolam, Premier ministre, nous rejoue le film du CT Power quand le débat basculait sur le plan émotionnel après qu’il eut évoqué «charbon blanc charbon noir.» À en croire que Ramgoolam préfère repeindre l’arc-en-ciel en ‘noir et blanc’ !

Cette fois, en  tentant la comparaison malsaine du projet d’un «ti dimounn» à celui des grands capitaux, en oubliant volontairement toutes les protestations citoyennes autour de l’agrandissement de l’hôtel Trou-aux-Biches ainsi que la bénédiction de son gouvernement au projet du groupe Beachcomber.  Pour mieux accuser la presse, Ramgoolam redevient un chef de clan.

En étant aussi virulent pour défendre ce «ti dimounn», en insistant sur «ces mentalités  qui doivent changer à Maurice», en tentant de mettre ce dépeçage de notre patrimoine sur le dos de la démocratisation de l’économie, en ressassant l’argument «entre 2000 et 2005 d’autres avaient obtenu des terrains», le Premier ministre confirme la perception qu’ont les Mauriciens : que le pouvoir  engraisse ceux qui lui sont proches. D’ailleurs, c’est le frère du pandit, Subash Sungkur, qui dans l’express d’hier, explique le mécanisme pour l’obtention du terrain de Trou-aux-Biches. Ainsi, dit-il, «après que toutes nos demandes ont été rejetées, nous avons pensé que notre frère, le pandit, est désormais quelqu’un d’influent dans la société et nous lui avons demandé de faire une demande de terrain à bail en son nom. Mais ce n’était pas pour lui ; il l’a fait pour nous. Vous savez, c’est comme cela dans une famille, tous les membres achètent une loterie mais personne ne gagne. Or, la chance d’un autre frère a porté, mais c’est à la famille que cela reviendra.»

D’un côté, il y a donc des Mauriciens qui se battent pour la préservation de ce qui reste de nos plages publiques, il y a des citoyens qui s’engagent pour dire non au pillage de notre patrimoine, il y a des parents qui veulent que leurs enfants goûtent au plaisir de la plage, de la mer, de l’autre, une famille nous dit que sa chance a porté. Qu’elle a touché à la loterie. Que ceux (voir l’express d’hier) qui ont commencé cette contestation sont des jaloux.

Bientôt, comme pour tout débat touchant aux petits copains du régime qui ont remporté le jackpot, le débat fera rage sur le plan ethnique. Car une bataille pour l’accès à la plage publique prendra une coloration communale. Bientôt, on nous parlera de la communauté des promoteurs, bientôt on accusera une section de la presse. Ça a déjà commencé ! Et bientôt, on nous fera croire que les constructions sur les plages, que ce soit par les «ti dimounn» ou les gros capitaux, sont en adéquation avec le concept Maurice Île Durable.

Entre-temps, entre les loueurs de transats, les constructions sauvages, les propriétaires de campements pieds dans l’eau qui se croient tout permis, le Mauricien lambda, lui, ne sait plus où étaler sa natte…

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