Pour rendre hommage à son défunt père Alain Permal, il sortira un album en décembre prochain, en France.
Il pose avec son fils Kevin.
Il devait sortir un album avec son père, l’auteur de «Kelele». Mais comme ce dernier s’est éteint l’année dernière, il a décidé de lui rendre hommage avec treize titres – des reprises et des nouveautés – qu’il a déjà enregistrés et qui sortiront à la fin de 2013. En vacances dans son île natale, celui qui vit aujourd’hui en France se raconte…
La musique coule dans ses veines. Une mélodie aux couleurs de son île natale ; son petit monde composé de notes… comme un langage crypté qu’il aime déchiffrer. Dans sa tête résonne la ravanne, agrémentée du tintement d’un triangle, auquel vient s’ajouter le son émis par un jerrycan, une maravanne ou encore un cachia cachia. Dans son cœur : de l’amour tout plein. Celui reçu par ses parents, Jeannine Lebout et Alain Permal, deux amoureux de la chanson. Ces derniers ont laissé leurs empreintes dans l’histoire musicale de Maurice et ont laissé à leur fils le séga en héritage, avec ces airs qui ont bercé son enfance et qui aujourd’hui l’inspirent pour créer sa propre musique.
Depuis qu’il est jeune, Georgie Lebout-Permal – aujourd’hui âgé de 52 ans – danse sur Kelele, le titre phare qui a propulsé son père, décédé l’année dernière, ou encore sur les tubes de sa mère, Ki ti balie la et Qui coté, qui coté, entre autres succès qui l’ont tout le temps accompagné dans sa vie. Des expériences et des tranches de vie qui ont nourri et fait grandir l’artiste qui a toujours été en lui.
Car il a toujours été là, au cœur de tout : «J’ai vu mon père vivre les plus belles années de sa vie. Je l’ai vu composer ses chansons, les mettre en musique. Je l’ai vu raconter ses histoires, faire danser les foules et représenter son pays dans plusieurs concours. D’ailleurs, à l’âge de 7 ans, je l’accompagnais déjà lors de ses déplacements et je dansais dans son groupe.» Que ce soit à Rodrigues, en Rhodésie, à la Réunion, à Madagascar ou encore à Paris, Alain Permal a toujours été un très bon ambassadeur de son île : «Cela lui faisait toujours plaisir de partager sa culture.»
Actuellement en vacances pour se ressourcer, Georgie, qui a aussi un studio de production dans son pays d’adoption, KGL Production, repart demain en France. Il est gonflé à bloc pour régler les derniers détails de son album qui sortira bientôt. Un opus qui, non seulement rendra hommage à quelques titres de son père (Mo bon souvenir, Sega mama, Confolens et le fameux Kelele), mais fera aussi la part belle à d’autres morceaux de son propre cru et qui promettent de mettre de l’ambiance, comme le faisait si bien son père : «L’album sera lancé en décembre en France…»
S’il a pris son temps pour la sortie de ce CD, c’est qu’il voulait vraiment bien faire les choses car, inspiré par son papa qui était très méticuleux dans son travail, il a toujours vu avec quel sérieux il préparait ses albums. Monsieur Kelele a effectivement bien roulé sa bosse. Faiseur de tubes, il a marqué les esprits avec ses célèbres ritournelles aussi festives qu’entraînantes, et un parcours riche en rencontres et événements. De 1959 – quand il côtoyait Karl Brasse, André Ramart, Manman Chan et Yvon Emile, entre autres, à l’hôtel Golden Moon, Pointe-aux-Sables – à son passage, en 1969, au Festival de Confolens en Charente-Maritime, en France, Alain Permal n’a eu de cesse de faire connaître le séga.
«Il ne vivait que pour cela», nous confie Georgie, issu d’une fratrie de quatre enfants. Mais, voulant explorer d’autres horizons, le chanteur, raconte son fils, décide en 1971 d’aller s’installer à Paris pour y vivre d’autres aventures. Là-bas, bien que loin de son île, il arrive à faire connaître le séga : «Il n’a jamais baissé les bras…»
Animant des cabarets et officiant dans divers spectacles, Alain Permal continue de se faire connaître, alors que Georgie n’est jamais loin de lui. Ce dernier décide très vite de lui emboîter le pas. «C’était pour moi une évidence. Il ne pouvait en être autrement», lâche celui qui est fier de ses racines et de la grande leçon de vie que lui a enseignée son père : «Il m’a notamment montré le sens du mot passion.»
Passionné, Alain Permal l’a été jusqu’à son dernier souffle, fidèle à son séga, fidèle à sa musique, aujourd’hui immortelle. Une musique qui, comme le dit Georgie – papa de Kevin, 18 ans – coulera toujours dans ses veines.