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Parcours de quatre bandits

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Ils sont passés du statut de simples voleurs à celui de grands bandits. Et tous ceux qui ont croisé leur route ont eu la peur de leur vie. Parmi eux, l’on compte Asraf Goolamhosen, kidnappé, battu et libéré contre une rançon de Rs 10 000. Nous avons rencontré les proches des membres de ce quatuor qui nous dévoilent leurs faces cachées.

Selven Valliamah

Un «move zenfan» devenu auteur de rapt

Il est le plus jeune de la bande. Du haut de ses 19 ans, Selven Valliamah, un habitant de Cité-Providence, Quartier-Militaire, fait voir de toutes les couleurs à ses proches. Et ce, depuis qu’il est tout petit. Sa mère, Samila Valliamah, confie avoir remué ciel et terre pour tenter de le remettre sur la bonne voie. En vain.

Tout commence lorsque le petit Selven, alors âgé de 9 ans, décide de quitter les bancs de l’école. «C’était perdu d’avance. Il n’aimait pas l’école. Il échouait toujours à ses examens. Il préférait jouer avec ses amis du quartier et traîner ici et là. Il a fréquenté l’établissement primaire de Providence jusqu’en Std IV seulement», raconte Samila, âgée de 44 ans.

N’étant pas porté sur les études, le jeune Selven se met très vite à chercher de petits boulots. Mais, selon sa mère, il se fait toujours renvoyer à cause de ses absences répétées et non justifiées. «Depi zenfan li move», lâche Samila, au bord des larmes. «Lorsqu’il avait 12 ans, la famille ne pouvait plus supporter ses mauvais comportements. Parfois, il ne rentrait pas dormir à la maison. On ne savait pas où il était. Nous n’avons eu d’autre choix que de le placer au Rehabilitation Youth Centre (RYC) à Beau-Bassin. Il y est resté pendant trois ans», raconte-t-elle.

Toutefois, son passage au RYC n’a pas eu l’effet escompté. «Une fois sorti, il s’est mis à fréquenter des gens peu recommandables. Il a commencé à avoir des démêlés avec la police qui débarquait souvent chez nous. Selven a été arrêté à plusieurs reprises pour des délits de vol et a été incarcéré à la prison de Beau-Bassin pendant environ un an», précise notre interlocutrice. Cette dernière confie être tombée des nues en apprenant que son fils était mêlé à une affaire de kidnapping et qu’il serait probablement impliqué dans un cas de meurtre.

Selven Valliamah a été appréhendé mardi par la police de Vacoas pour l’agression d’un ouvrier chinois et le kidnapping d’Asraf Goolamhosen (voir hors-texte). Trois autres suspects, soit Tanuja Devi Luchmun, sa concubine âgée de 36 ans, Sadanand Punchaye, 30 ans, et Ritesh Barah, 22 ans, ont aussi été arrêtés.

«J’ai eu un choc en voyant sa photo dans un journal. Je n’arrivais pas à y croire. Je sais qu’il est un voyou mais pas à ce point-là. Le fait qu’il soit peut-être mêlé à une affaire de meurtre me laisse sans voix. Quand j’ai lu cette histoire, je n’ai pas voulu croire qu’il avait quelque chose à voir avec le meurtre de ce vieil homme», explique Samila. Mais à présent, dit-elle, «je ne sais plus quoi penser car cela fait quelque temps déjà qu’il a déserté le toit familial.»

Outre le fait d’avoir avoué sa participation dans l’enlèvement d’Asraf Goolamhosen, Selven Valliamah aurait également fait des aveux de taille sur les circonstances entourant la mort de René Grandcourt (hors-texte). Le corps carbonisé de cet homme de 76 ans avait été retrouvé à Magenta, le 25 juillet.

Pour Samila, aucun doute, «si mon fils en est arrivé là, c’est bien à cause de cette femme beaucoup plus âgée que lui». «C’est chez elle, raconte-t-elle, qu’il vivait récemment. Ils venaient rarement à la maison et y passaient seulement quelques heures. Des fois, mon fils venait se réfugier chez nous lorsqu’il avait un problème avec elle. Mais il repartait dès le lendemain. Pa kone kifer li tass ar sa fam la. Je ne sais même pas comment ils se sont rencontrés.» Elle poursuit : «Mon fils a tout ce qu’il lui faut. Son père a fait construire une maison pour lui. Mais il n’y habite pas. Pas kone ki li manke.»

Suite aux récents événements, Samila confie que son mari et elle ont dû consulter un médecin : «Nous sommes stressés par la situation. Nous sommes des gens modestes. Nous n’avons pas de sous pour lui payer un avocat. Il va devoir assumer ses actes. Il comparaîtra de nouveau en cour le 21 août.»

Selven Valliamah soufflera ses vingt bougies le 2 février prochain. Un anniversaire qu’il devrait fêter derrière les barreaux.

Tanuja Devi

De femme sans histoire à «bandit queen»

Elle a pendant longtemps joué le rôle de l’épouse modèle. Et surtout celui de la mère exemplaire pour sa fille de 13 ans et son fils qui se prépare actuellement à prendre part aux examens du School Certificate. Mariée à un policier, Tanuja Devi Luchmun était une femme comblée.

D’aucuns avancent qu’elle menait la belle vie aux côtés d’un homme qui se pliait à tous ses désirs. Mais la vie de cette habitante de La Marie a vraisemblablement basculé lorsque son mari est décédé il y a un an et demi. «Il était sergent de police. Il est mort suite à une longue maladie», confie le beau-frère de Tanuja Luchmun, qui ne souhaite toutefois pas en dire plus sur l’affaire de kidnapping dans laquelle cette dernière serait impliquée.

Un autre proche, lui, affirme que Tanuja Luchmun, réputée pour avoir un sale caractère, a le goût du luxe. «Son mari lui a laissé une grande maison à étage. Elle ne manque de rien. Elle touche une pension ainsi que les revenus de son mari», soutient ce dernier qui témoigne sous le couvert de l’anonymat.

Comment, donc, est-elle parvenue à croiser le chemin de Selven Valliamah ? A cette question, nul ne veut répondre. «Ils ne sont pas concubins», lâche tout simplement un proche. Tandis que les deux principaux concernés, eux, affirment vivre une idylle.

Sadanand Punchaye

Ou le «bad boy» de Dagotière

Il ferait la pluie et le beau temps dans son quartier, avancent ses voisins. Plus précisément du côté des appartements low cost de la NHDC de Dagotière où il occupe une maison avec sa compagne.

Sadanand Punchaye, 30 ans, et père d’un enfant en bas âge, serait connu pour divers soucis de voisinage. «C’est un personnage plutôt louche qui se dispute avec à peu près tout le monde pour des peccadilles. Une fois, il m’a agressé parce qu’une feuille de tôle avait atterri dans sa cour à cause du vent qui soufflait assez fort. Il n’a rien voulu entendre, prétextant que je l’avais jetée dans sa cour par exprès», raconte un voisin.

Et ce n’est pas tout. Sadanand Panchaye aurait également un penchant pour l’alcool. «Il parle à voix haute chez lui. Mais on ne se mêle pas de ses affaires. La police débarque souvent chez lui pour calmer les esprits», explique un autre voisin.

Sadanand Panchaye, laboureur de profession, serait le cousin du suspect Ritesh Barah. D’ailleurs, avant son arrestation, ce dernier vivait chez lui.

Ritesh Barah

Portrait d’un «malade mental»

La séparation de ses parents serait la cause de sa descente aux enfers. C’est du moins ce qu’affirme sa grand-mère. Lorsque Ritesh Barah avait deux ans, ses parents ont mis fin à leur relation. Ritesh et sa sœur aînée sont alors confiés à leur père. «Il était encore un bébé quand sa mère a déserté le toit familial. Il n’a pas eu d’affection maternelle. Il a grandi avec cette souffrance», soutient la grand-mère du suspect.

Ritesh, qui habite Rivière-Baptiste, à St-Pierre, abandonne l’école après deux échecs aux examens du Certificate of Primary Education, avant de rejoindre les bancs d’un collège «prévocationnel». Il y reste pendant deux ans. «Mais il a finalement tout abandonné pour aller travailler. Il ne donnait pas un sous pour la nourriture. Cela a toujours été ainsi. Il préférait dépenser son argent avec ses amis. Quand j’essayais de le raisonner, il s’énervait et disparaissait pendant des jours», raconte-t-elle.

Au fil des années, le comportement de son petit-fils n’a fait que jeter du discrédit sur sa famille : «Il a été impliqué dans plusieurs cas de vol. Puis il a commencé à souffrir de troubles psychiatriques. Il a été admis à cinq reprises à l’hôpital Brown Sequard. Il y a un mois, il est allé vivre chez son cousin à Dagotière. Je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis.»

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