Pravesh Pultee, aux côtés de sa mère Radha et de son père Ben. Tous très affectés par le départ brutal de Rishidev.
C’est Jassen Kattan qui a éteint la machine dans laquelle le bras du jeune homme avait été pris au piège.
Depuis quelques jours, il est hanté par des images horribles qu’il n’arrive pas à chasser de sa mémoire. Pour cause, Pravesh Pultee a assisté, impuissant, à la mort de son jeune frère dont le bras a été happé par un broyeur sur son lieu de travail. Brisé par la douleur, il livre un poignant témoignage.
Il devra apprendre à vivre dans un douloureux présent. Un douloureux présent d’où sera absent son frère, son meilleur ami. Sans doute le combat le plus difficile que Pravesh Pultee aura à mener durant sa vie entière. «J’ai perdu ma moitié. On faisait presque tout ensemble. Son absence me marquera à jamais», confie Pravesh Pultee qui ne peut contenir ses larmes. Depuis le lundi 24 juin sa famille et lui sont plongés dans une profonde tristesse. Pour cause, Rishidev, le cadet de la famille a connu une mort atroce sur son lieu de travail à Socovia Ltd, St-Martin.
«Il introduisait des cannes à sucre dans un broyeur lorsque sa main a été happée par la machine. Il criait. J’ai éteint la machine. Mais il était trop tard », raconte Jassen Kattan, ami et collègue de la victime, qui a été témoin de l’horreur. Tout comme Pravesh, qui travaille pour la même compagnie et qui se trouvait non loin du broyeur. Sous le choc, il s’est évanoui. «La machine lui avait arraché un bras. Il avait d’autres blessures sur le corps. Je suis tombé sans connaissance en voyant cela. Lorsque j’ai repris conscience, j’ai appris qu’il avait rendu l’âme», raconte Pravesh, la voix brisée par le chagrin.
Depuis ce terrible drame, les proches au domicile des Pultee, à Albion, cherchent à comprendre ce qui s’est réellement passé. Car, disent-ils, Rishidev savait très bien manipuler le broyeur. «Cela fait sept ans que mon frère et moi travaillons à St-Martin. Et depuis deux ans, il travaille comme opérateur sur ce broyeur qui sert à couper la canne à sucre. Je ne peux expliquer ce qui s’est passé», confie Pravesh.
Son jeune frère restera toujours vivant dans son cœur à travers les souvenirs des bons moments qu’ils ont passés ensemble. «Nous sommes allés à la même école en pré-primaire et primaire. Puis, nous avons été séparés quand nous avons fait notre entrée au secondaire. Il a été admis au SSS Régis Chaperon et moi ailleurs», déclare notre interlocuteur qui décrit son frère comme étant une personne très amicale et aimée de tous.
«Il était très populaire dans le quartier ainsi que dans les autres régions de l’Ouest. Car il faisait de la boxe et avait remporté plusieurs prix. Il s’entraînait deux fois par semaine dans un centre à Petite-Rivière.» Comme tous les jeunes hommes de son âge, Rishidev avait des projets plein la tête. «Il allait se marier dans quelque temps. Sa copine est actuellement en France pour des études. Nous étions très proches. Il me racontait tous ses petits secrets, ses moindres soucis», nous confie Radha, la mère de la victime, qui n’arrive pas à contenir ses émotions.
Elle se laisse tant bien que mal consoler par son époux Ben, lui-même très affligé depuis la disparition brutale de Rishidev. La victime laisse derrière elle ses parents, sa sœur et son frère, très affectés par cette terrible tragédie que la vie leur a imposée.
La chute fatale d’Elvis Madeleine
sa famille est dans le flou total concernant sa mort. Et les questions qu’elle se pose demeurent jusqu’ici sans réponse. «On dit qu’il a fait une chute. Mais on en doute. Car il a eu les intestins perforés, les reins écrasés et une fracture du crâne, alors qu’on dit qu’il a fait une chute de seulement quatre mètres», nous explique Marie-Jane Madeleine, la cousine d’Elvis Madeleine. Le jeudi 13 juin, elle a reçu un appel téléphonique lui annonçant que son cousin était tombé du bâtiment sur lequel il travaillait comme maçon à Moka.
«C’est un ami qui travaille avec lui qui m’a appelée pour m’annoncer la nouvelle. Elvis avait été transporté, dans un premier temps, à l’Apollo Bramwell Hospital. On l’avait placé en soins intensifs. Il y est resté pendant huit jours. Et deux jours avant qu’il ne meure, il a été transféré à l’hôpital Jeetoo à Port-Louis», raconte Marie-Jane.
Elvis Madeleine, 26 ans, était pour ses proches, un modèle à suivre et tous s’accordent à dire qu’il ne méritait pas de mourir ainsi. «Nous ne comprenons pas ce qui s’est vraiment passé ce jour-là. La police doit enquêter pour savoir s’il n’y a pas eu de foul-play car ce n’est pas normal d’avoir autant de blessures pour une chute de quatre mètres», précise Marie-Jane Madeleine.
Père d’une fillette de 7 ans, Elvis vivait séparé de la mère de son enfant depuis quelques mois déjà. Toutefois, il avait refait sa vie avec une habitante de Cité-Barkly qui porte actuellement son enfant. «Elle est enceinte de cinq mois. Mon cousin voulait l’épouser. D’ailleurs, ils avaient déjà commencé à participer aux cours de préparation au mariage. La fille est anéantie. Elle est très affectée, surtout du fait qu’elle attend un enfant», avance Marie-Jane, les larmes aux yeux. Elle ne veut qu’une chose : que la lumière soit faite concernant les circonstances de ce drame.