Curtis Lascarie, à l’extrême gauche, et ses amis sont fiers d’avoir pu côtoyer le grand homme.
De gauche à droite : Antonio Arlanda, Nelson Mandela et Widley Rigobert, lors de la pose de la première pierre du Nelson Mandela Centre for African Culture Trust Fund.
Prakash Ramsurrun entretient des relations privilégiées avec l’ex-président sud-africain.
Même si son état de santé s’était «amélioré» à hier après-midi, selon la présidence sud-africaine, le monde reste très inquiet pour Madiba. En attendant les prochaines nouvelles, des compatriotes qui l’ont côtoyé nous racontent leurs souvenirs.
Plus qu’un modèle… Pour eux, l’homme est un symbole, une icône, un exemple à suivre. Et rien qu’à l’évocation de son nom, ils sourient. Et se+ replongent immédiatement dans leurs souvenirs pour revivre «ce moment magique, inoubliable» durant lequel ils ont eu «l’immense chance» de rencontrer Nelson Mandela, hospitalisé dans un état grave depuis trois semaines. Depuis que la nouvelle circule, les quelques rares personnes qui ont eu l’occasion de côtoyer l’ex-président sud-africain retiennent leur souffle.
À l’instar d’Antonio Arlanda, 58 ans, handyman et chauffeur au Nelson Mandela Centre for African Culture Trust Fund. «C’est tout à fait normal de se sentir concerné par ce qui arrive à ce grand homme. On connaît tous son histoire, son incarcération et surtout sa bataille pour l’égalité», confie Antonio. Mais son intérêt à lui est particulier. Car le 12 septembre 1998, il est l’un des rares privilégiés à avoir pu approcher celui qu’on appelle Madiba : «Il était à Maurice pour la pose de la première pierre de ce qui est aujourd’hui le Nelson Mandela Centre for African Culture Trust Fund, à La-Tour-Koenig et mon collègue Widley Rigobert et moi devions l’aider en tenant la plaque commémorative.»
C’est avec beaucoup d’émotion qu’il s’en souvient : «J’ai été très impressionné par cet homme. Il était souriant, très simple et avait une grande présence.» Son collègue Widley Rigobert, 57 ans, handyman lui aussi, repense également très fort à ce qu’il appelle la rencontre de sa vie : «J’ai fait agrandir la photo où je me trouve à côté de Mandela, car j’estime que c’est un honneur d’avoir pu le côtoyer. Je me souviens qu’on avait même échangé quelques mots.» Widley avait été impressionné par sa simplicité : «Lorsqu’on le voit, on a du mal à s’imaginer qu’il a vécu autant de d’événements dans sa vie. En tout cas, c’est le genre de rencontre qu’on n’oublie jamais et qui nous marque à vie.»
Prakash Ramsurrun, 35 ans, a lui aussi une histoire particulière avec Mandela. Depuis 2005, le jeune homme, qui détient un doctorat en science du sport, cultive une «grande et belle relation» avec le héros de la lutte anti-apartheid : «Je travaillais au centre de remise en forme de l’hôtel St-Géran lorsque je l’ai rencontré pour la première fois et lui ai proposé mes services.Après cela, j’ai eu d’autres occasions de m’occuper de Mandela.» Voilà plusieurs années que Prakash fait le va-et-vient entre Maurice et l’Afrique du Sud : «Je lui avais élaboré un programme de rééducation taillé sur mesure. Aujourd’hui, le clan Mandela me considère comme un membre de la famille. J’ai aussi eu beaucoup d’échanges avec le grand homme qui s’est ouvert à moi.»
Pour Prakash, Nelson Mandela est un homme exceptionnel : «Il a un grand charisme et a le cœur sur la main. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi généreux et vrai. Malgré sa notoriété, malgré ce qu’il a accompli, il a gardé la tête sur les épaules et est resté très proche des gens.» L’homme qui dit être en contact avec la famille du grand homme déclare avoir reçu un dernier coup de fil, porteur d’espoir, hier : «Les dernières nouvelles sont bonnes. Il réagit au traitement, c’est bon signe.»
Tous les jours, il est en communion avec tous ceux qui prient pour Madiba. C’est aussi le cas de Curtis, Fabrice, Kerry, Sandia, Sheila et Feroz qui prient beaucoup pour celui qu’ils ont, eux aussi, eu la chance de rencontrer. «Je pense souvent à ces instants magiques, mais plus encore depuis qu’il est très malade. J’ai rencontré Mandela quand il était en vacances à Maurice avec sa famille au début des années 2000 et j’ai eu la grande chance de l’approcher. C’est quelqu’un de très souriant, gentil et tellement charismatique», nous confie Curtis Lascarie, qui travaille dans le département sport d’un établissement hôtelier très connu.
Des anecdotes, il en a beaucoup, comme cette conversation téléphonique à laquelle il a assisté entre l’ex-président sud-africain et le chanteur Usher : «Ils se parlaient comme deux potes.» Curtis se rappelle aussi la proximité du grand homme avec ses petits-enfants : «Je suis même devenu ami avec un de ses petits-fils, Ndaba.» Autant de souvenirs qui lui rappellent le temps, et encore plus en ce moment, où il a eu la chance de rencontrer le grand Madiba !
L’Afrique du Sud au chevet de Madiba
Tout un pays continue de veiller sur son ancien président, Nelson Mandela, toujours hospitalisé. Sa famille se prépare au pire, comme l’a confié, le jeudi 27 juin au matin, sa fille aînée aux médias. Makaziwe a notamment déclaré que son père «est dans un état très critique. Tout peut arriver d’un instant à l’autre». De son côté, le président Zuma a évoqué, hier, un léger mieux concernant l’état de santé de Madiba. Le président sud-africain souligne toutefois que son prédécesseur reste dans un état critique. Actuellement en Afrique du Sud, Barack Obama a salué le «courage moral» du grand homme tout en le qualifiant de «source d’inspiration pour le monde». Le président américain ne se rendra pas au chevet de son «héros», mais devrait rencontrer sa famille.
Une Mauricienne au cœur des inquiétudes
Elle suit de très près les actualités autour de l’état de santé de l’ex-président sud-africain. Vishwani Cahoolessur, une Mauricienne installée depuis 2005 en Afrique du Sud, se dit très concernée par tout ce qui se passe dans son pays d’adoption. «La situation actuelle de Mandela aura fait de l’ombre à la visite de Barack Obama. Lors de sa conférence de presse mercredi dernier, le président Zuma avait demandé à ce que le pays continue de fonctionner malgré les événements. Les gens ici continuent leur train-train quotidien, mais ils ne cessent de s’enquérir de l’état de santé de Tata Madiba. Il demeure dans le cœur et la pensée de tout un chacun.»
Roland Vincent : «Les yeux tournés vers mon pays»
Il ne peut pas ne pas s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. Roland Vincent, un Sud-Africain vivant à Maurice, reste scotché à l’actualité pour se tenir informé de l’état de santé de Nelson Mandela. «C’est définitivement un grand homme qui a marqué l’Histoire. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le monde entier s’intéresse à lui. Et comme moi je suis Sud-Africain, j’ai le devoir de m’informer, car j’ai un profond respect pour ce qu’il a accompli et pour sa personne.»