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«Je réserve des surprises aux Jeannot»

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L’ex-Attorney General dit être déterminé à se battre.

C’est un homme fatigué, mais déterminé, que nous avons rencontré hier matin à son domicile après une folle semaine pleine de rebondissements durant laquelle il a perdu son portefeuille ministériel et aurait fait une tentative de suicide. Il se prépare maintenant à faire face à la justice pour entrave suite à l’affaire d’agression sur Florent Jeannot.

«I will fight !» Cette phrase revient comme un leitmotiv chez Yatin Varma. Celui qui occupait le poste d’Attorney General jusqu’à mercredi se dit plus que jamais déterminé à «faire éclater la vérité» sur toute l’affaire l’opposant à la famille Jeannot, qui a pris des allures folles cette semaine. L’ancien ministre de la Justice, les traits tirés, semble avoir du mal à s’exprimer après ses divers ennuis de santé des derniers jours, mais il tient tout de même à remettre les pendules à l’heure sur l’affaire qui menace de le détruire politiquement et professionnellement. «Je reserve des surprises aux Jeannot», déclare l’ex ministre que nous avons rencontré hier, à son domicile.

La semaine écoulée a été des plus mouvementées pour ce père de famille – il est marié et a deux enfants. Tout s’est emballé le lundi 17 juin quand Mario Jeannot, le père de Florent Jeannot, a révélé à des radios privées qu’il avait eu des rencontres avec Yatin Varma, le député Reza Issack et Maurice Allet en vue d’un arrangement pour que sa famille n’aille pas de l’avant avec l’accusation d’agression contre Yatin Varma. Florent Jeannot accuse l’ex-Attorney General de l’avoir agressé suite à un accident de la route entre leurs deux voitures le 4 mai. Le lendemain matin, le politicien a été admis à la clinique Fortis Darné, après qu’il aurait tenté de mettre fin à ses jours alors qu’au même moment, le Premier ministre annonçait à l’Assemblée nationale qu’il avait demandé à Yatin Varma de démissionner de son poste d’Attorney General. Ce que ce dernier a fait mercredi.

Toutefois, les versions divergent concernant son «acte de désespoir». Alors que Navin Unnoop, vice-président de la Voice of Hindu, qui était avec le ministre à ce moment-là, a affirmé que ce dernier aurait bu de l’herbicide par erreur, Yatin Varma a, lui, déclaré par la suite à la police qu’il avait voulu mettre fin à ses jours. Par contre, Radio One a rendu public un rapport disant qu’aucune substance nocive n’aurait été détectée dans l’organisme de l’ancien ministre, ce qui a d’ailleurs conduit à l’interrogatoire de deux membres de cette radio (voir hors-texte) par la police.

Toujours est-il que Yatin Varma a subi un lavage d’estomac à la clinique Darné, qu’il a quittée jeudi matin, pour se faire admettre à celle du Bon-Pasteur, avant de rentrer chez lui vendredi. Fatigué, mais déterminé à se battre. «Il n’y a que des allégations contre moi. Il leur faudra prouver tout ce qu’ils ont dit», lâche l’ex-ministre. Assis à ses côtés, son père Moonindra Nath approuve énergiquement : «We will fight and win in court !»

Si Yatin Varma ne souhaite pas trop s’étaler sur toute cette histoire, c’est pour préserver ses cartes qu’il dévoilera en cour et à la police : «Je ne vais pas faire de déclaration directe sur l’affaire pour ne pas porter préjudice à l’enquête policière qui est en cours. C’est à la police que je vais répondre à toutes les questions. Je vais répondre à tout dans ma déposition et en cour. J’attends, de ce fait, la police pour donner ma version des faits. Je tiens cependant à préciser que l’histoire d’argent n’a jamais été évoquée. De plus, je n’ai eu que trois rencontres avec le papa», affirme-t-il. Ce dernier qui ne s’attendait pas à ce que cette affaire prenne cette tournure dit ne pas comprendre l’objectif des Jeannot : «Ils ont déjà eu ma tête en tant que ministre, ki zot le enkor... mo lavi ou lavi enn dimoun dan mo fami ?»

Déclarations fracassantes

Sa famille envers laquelle il est reconnaissant pour leur soutien indéfectible dans ces moments difficiles : «Se kan ou dan problem ki vremem ou kone ki sanla soutenir ou.» Mais il dit ne pas comprendre comment les choses en sont arrivées là alors qu’il n’a «jamais fait de mal à personne» : «Je n’ai eu que des adversaires et non des ennemis au cours de ma carrière politique. Domaz ki lezot pa pens kuma mwa.» Il fait ici référence à tous ses adversaires politiques qui ont fait des déclarations fracassantes à son sujet dans la presse.

En tout cas, depuis quelque temps, Yatin Varma, 39 ans, nage en eaux troubles, après avoir eu un brillant parcours tant sur le plan professionnel que politique. Après ses études au collège Royal de Curepipe et au Mahatma Gandhi Institute, il a fait son droit en Angleterre avant de revenir exercer au pays. En parallèle, il entame une carrière politique au sein du PTr. En août 2000, il est candidat malheureux lors des législatives dans la circonscription no12 (Mahébourg/Plaine-Magnien).

En 2001, il est à nouveau candidat lors des municipales et est battu encore une fois. Malgré ces deux défaites, Navin Ramgoolam lui donne une nouvelle chance, en 2005, dans la circonscription no12 toujours où il est élu en tête de liste devant Vasant Bunwaree et Richard Duval, candidat du PMSD. À l’époque, il n’obtient pas de portefeuille ministériel, mais est nommé président du comité parlementaire de l’ICAC. Peu après, il fait parler de lui en demandant la démission de son colistier Vasant Bunwaree suite à des différends avec ce dernier pendant la campagne électorale, avant de rentrer dans les rangs. Le jeune politicien se retrouve une fois de plus au centre d’une autre controverse la même année, suivant des courriels qu’il aurait envoyés en son nom personnel pour proposer ses services d’avocat à plusieurs corps paraétatiques.

En 2010, il n’obtient pas de ticket lors des législatives et devient campaign manager de Navin Ramgoolam à Triolet. Après la victoire de l’Alliance PTr-PMSD, il est nommé Attorney General. Aujourd’hui, Yatin Varma sait qu’il risque de laisser des plumes dans cette affaire l’opposant aux Jeannot, mais il refuse, dit-il, de baisser les bras. «Justice will be done», lance-t-il. L’avenir nous dira quel camp l’emportera devant la justice.

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