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«J’ai proposé Rs 2 millions pour voir jusqu’où Varma pouvait aller»

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L’homme présente la boîte contenant la bouteille de champagne que Yatin Varma a offerte à son épouse. La bouteille en question se trouve actuellement entre les mains de son homme de loi.

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Florent Jeannot allègue avoir été agressé par l’ex-Attorney General Yatin Varma le 4 mai dernier.

«Non, l’argent n’a jamais été un problème pour nous.» Dixit Mario Jeannot qui veut faire taire les rumeurs selon lesquelles il aurait ourdi un complot afin de soutirer de l’argent à l’ex-Attorney General pour que son fils Florent retire sa déposition. Son épouse Geneviève et lui racontent…

En quelques jours, il est devenu un homme célèbre. Ce, dit-il, «bien malgré lui». Dans le sillage de la saga Varma, le nom de Mario Jeannot est sur les lèvres de presque tous les Mauriciens. Principalement ceux qui suivent de près cette affaire qui a pris des proportions démesurées, avec des chiffres qui donnent le vertige : Rs 1,5 million, Rs 1,7 million, Rs 2 millions, Rs 3 millions, Rs 5 millions ! Autant de sommes dont la presse a fait état cette semaine et qui auraient été mises sur la table des négociations entre Yatin Varma et Mario Jeannot. Le tout dans un but précis : que Florent, le fils de ce dernier, retire sa plainte contre l’ex-Attorney General pour agression.

Toutefois, affirme Mario Jeannot, que nous avons rencontré chez lui, au morcellement Anna, à Flic-en-Flac, hier, samedi 22 juin, pour lui, il n’a jamais été question d’argent concernant toute cette affaire. «L’argent n’a jamais été un problème pour nous. Mais vu qu’il y avait des négociations et qu’on nous proposait Rs 1,5 million, j’ai fait monter les enchères. J’ai proposé Rs 2 millions juste pour voir jusqu’où Yatin Varma était prêt à aller pour que mon fils retire sa plainte», explique le père de Florent Jeannot qui a été convoqué aux Casernes centrales le mardi 18 juin concernant cette affaire.

Avec son épouse Geneviève à ses côtés, l’homme paraît serein et sûr de lui. Mais malgré son apparence d’homme fort, il concède que les récents événements l’ont secoué. «J’avoue que je n’ai pas le moral. Depuis le 4 mai, je traverse des moments très difficiles. Surtout lorsque j’entends des commentaires désagréables et des mensonges», déclare Mario Jeannot. Et puis, dit-il, il y a eu les menaces de mort et les appels téléphoniques douteux qui faisaient que sa famille se sentait en danger depuis quelque temps. C’est pour cette raison, dit-il, que les siens sont sous surveillance policière depuis les récents événements. «Je dois remercier le commissaire de police. La peur persiste, mais nous sommes plus calmes. Mon fils Florent tient le coup, mais c’est quand même dur pour lui. Il vient de terminer un traitement psychologique après le choc qu’il a subi.»

Mario Jeannot assure qu’il ne voulait pas que cette affaire prenne une telle ampleur et montre du doigt l’attitude de l’ex-Attorney General. «Ma famille et moi voulions seulement que Yatin Varma admette avoir tabassé mon fils Florent et qu’il nous présente des excuses publiques. Mais il a refusé et voilà les conséquences», soutient-il d’une voix ferme, en qualifiant Yatin Varma de «têtu».

Bien que ses déclarations aient fait tomber un ministre, l’homme affirme qu’il ne peut être tenu pour responsable de la chute de l’ex-Attorney General. «On ne peut pas être fier de voir quelqu’un tomber. Ma famille n’a jamais voulu le déstabiliser ou nuire au gouvernement. On voulait que Yatin demande pardon. Vu qu’il ne voulait pas le faire, on lui a demandé de soumettre sa démission, et qu’il aille en cour affronter notre fils. Mais il a toujours refusé. J’estime que s’il avait été en cour en tant qu’Attorney General et mon fils en tant que simple citoyen, cela aurait été un match du genre David contre Goliath.»

Il déclare, par ailleurs, sur un ton ironique que Yatin Varma et ses deux négociateurs, soit Reza Issack et Maurice Allet, sont des «comiques». «Ils trouveraient bien leur place dans une comédie à Bollywood. Car ils ne font que ça, jouer la comédie. Ils veulent passer pour des victimes alors que c’est nous les vraies victimes.»

Pour lui, les nombreuses rencontres qu’il y a eu entre Maurice Allet, Reza Issack et Yatin Varma prouvent une chose : la culpabilité de Yatin Varma. «Les négociations ont débuté le 19 mai. Maurice Allet m’a téléphoné pour un rendez-vous le lendemain à son bureau. Le mercredi 22, on s’est vus une fois de plus à l’écurie de son fils Vincent, puis le 27 au même endroit. Le 4 juin, j’ai vu Allet à la chapelle de Montmartre. Ensuite, c’est Reza Issack qui a pris le relais. Il m’a appelé le 12 juin et on s’est rencontrés chez moi. Puis le 13, il est venu accompagné de Yatin Varma. Le 14 juin, on s’est rencontrés à son bureau. Il y avait Reza, Florent et moi-même. Puis, ma femme m’a rejoint ainsi que Yatin Varma. Le samedi 15 juin, l’ex-ministre m’a téléphoné personnellement pour me demander s’il pouvait venir chez moi. Je lui ai dit “oui”. Il est venu avec Reza Issack aux alentours de 20 heures et sont tous les deux partis vers 22h30. »

C’est ce soir-là, raconte-t-il, que Yatin Varma a offert une bouteille de champagne de luxe à son épouse Geneviève, ainsi qu’un livre de l’auteur Helen Exley ayant pour titre Pardonnez et Oubliez. «Ces deux objets sont avec notre avocat. Que les Mauriciens se rassurent, nous n’avons pas bu le champagne», avance, pour sa part, Geneviève Jeannot. Depuis que toute cette affaire a éclaté, cette mère de famille avoue qu’elle a du mal à dormir sur ses deux oreilles.

«Des menaces»

«Je suis bouleversée, stressée, déboussolée. Surtout par le mensonge de Yatin Varma qui dit que tout ce qu’on voulait, c’était lui soutirer de l’argent. C’est faux», lance notre interlocutrice d’un air remonté. «Je ne suis pas tranquille. Ma famille non plus car nous avons reçu des menaces. Mais je tiens le coup malgré tout. On ira devant la cour et quel que soit le verdict qui sera rendu, nous allons l’accepter. D’ailleurs, je n’ai pas peur d’être confrontée aux dires de Reza Issack. Je suis sereine car je dirai la vérité, rien que la vérité. Si vraiment on voulait de son argent, pourquoi Varma n’est-il pas allé directement à la police faire une déposition après son passage chez nous le samedi 15 juin ?» se demande Geneviève Jeannot.

Son époux Mario, lui, est persuadé d’une chose : «Varma veut se faire passer pour une victime. On le voit surtout quand ses pairs avancent que c’est le MSM qui tire les ficelles dans cette affaire. Or, si cela avait été le cas, ce parti aurait dû payer mes frais d’avocat. Cet argent n’aurait pas dû sortir de ma poche. Pour moi, Yatin Varma est quelqu’un qui sait très bien faire monter la mayonnaise ainsi que Reza Issack», dit-il en brandissant une facture que lui aurait remise l’avocate de son fils, Me Roubina Jaddoo.

Poursuivant son témoignage, l’homme n’y va pas de main morte non plus concernant Reza Issack qu’il qualifie de «PPS médiocre». «Reza Issack aurait dû avoir la décence de ne pas se mêler de cette affaire. Il traite ses confrères de médiocres alors que lui-même en est un. Je me demande comment il a osé aller au bureau de l’avocate de mon fils pour demander à cette dernière de préparer des papiers, et ce, en mon absence. Il a poireauté dans le couloir pendant des heures. Lui-même me l’a dit via un SMS. D’ailleurs, à chaque fois, j’ai dit à l’avocate de mon fils qu’il n’était pas question qu’on fasse un quelconque arrangement. Maurice Allet, quant à lui, n’est pas digne de confiance. C’est pour cette raison que j’ai enregistré certaines conversations que j’ai eues avec lui. J’ai plusieurs enregistrements que je vais soumettre à la police en temps et lieu.»

Cette affaire, qui ne cesse de défrayer la chronique, a tenu toute l’île en haleine cette semaine. Quel sera le ou les prochains épisodes de la saga Varma ? En tout cas, le film est très loin d’être terminé.

Maurice Allet : le négociateur

Dans cette saga, il est présenté comme celui qui aurait entamé les premières négociations avec Mario Jeannot afin que son fils Florent retire sa plainte pour agression contre Yatin Varma. Maurice Allet, président de la Mauritius Ports Authority et du PMSD, et ami de Mario Jeannot depuis 30 ans, aurait rencontré ce dernier à quatre reprises dans ce but. Absent du pays pour le moment, Maurice Allet est très attendu par la police en vue d’éclaircir certains aspects de cette affaire. Ce dernier a même été sommé d’écourter son séjour à l’étranger pour les besoins de l’enquête. Selon nos recoupements d’informations, tout porte à croire que c’est aujourd’hui que Maurice Allet rentre au pays. Tout comme Reza Issack, il sera probablement arrêté pour délit d’entrave à la justice. Malgré plusieurs tentatives d’avoir une déclaration de lui par téléphone, Maurice Allet est resté injoignable.

Le Dr Rashid Beebeejaun joue les abonnés absents

Selon les dires de Reza Issack, le vice-Premier ministre était au courant des négociations qu’il y avait entre la famille Jeannot et Yatin Varma. Sollicité pour une déclaration, le ministre Beebeejaun a préféré jouer les abonnés absents. Nous l’avons eu au téléphone vers 10 heures, le samedi 22 juin, mais après nous avoir demandé de nous présenter, le ministre a déclaré qu’il avait du mal à nous entendre avant de nous raccrocher au nez. Nos nombreuses tentatives tout au long de la journée de samedi pour avoir une déclaration de lui sont restées vaines.

Me Dick Ng Sui Wa, avocat de Geneviève Jeannot : «Ma cliente ira à la police lorsqu’on la convoquera»

Elle est considérée, par son homme de loi comme étant un témoin-clé de l’affaire. Elle, c’est Geneviève Jeannot, la mère de Florent. Son avocat, Me Dick Ng Sui Wa, nous a fait la déclaration suivante. «Tout sera dit en temps et lieu à la police. Ma cliente ira à la police lorsqu’on la convoquera. La justice réglera cette affaire.»

Le CP Rampersad : «L’enquête est faite dans la transparence»

L’homme fort des Casernes centrales est catégorique concernant l’enquête instituée par le Central Criminal Investigation Department pour entrave à la justice. : «L’enquête est faite dans la transparence. Tous ceux concernés vont devoir s’expliquer. Tous les avocats sont satisfaits à ce jour.» Le commissaire de police Dhun Iswur Rampersad souligne également que «le public doit avoir confiance en la police ; c’est (votre) police». Pour lui, beaucoup de personnes ont déjà confiance en la police, étant donné le nombre de dépositions qui sont consignées au CCID et aux autres postes de police.

Chronologie d’une semaine riche en rebondissements

Lundi 17 juin : Le journal Le Mauricien fait état des tentatives menées par des personnalités politiques en vue de convaincre Florent Jeannot de retirer sa plainte contre Yatin Varma contre un paiement variant entre Rs 1,5 m et Rs 2 m.

15 heures sur Radio One : Le point info de 15 heures révèle qu’un haut cadre d’un corps paraétatique ainsi qu’un PPS auraient eu de nombreuses rencontres avec Mario Jeannot afin d’entamer des négociations avec lui pour que son fils se rétracte concernant sa déposition. L’intervention en direct de Mario Jeannot dans le bulletin de 16h30 est également annoncée aux auditeurs.

16h30 sur Radio One : Mario Jeannot intervient et balance le nom du PPS Reza Issack et celui de Maurice Allet et confirme qu’il y a eu plusieurs rencontres avec eux, précisant les dates et les lieux avec force détails.

16h30 sur Radio Plus : Le Grand Journal déballe les dessous de cette affaire et annonce la présence de Reza Issack dans les studios de la radio pour évoquer l’affaire. Quelques minutes après, le PPS s’exprime et avance qu’il a organisé une rencontre et admet avoir invité Yatin Varma chez les Jeannot. Plus tard, Mario Jeannot intervient également et affirme qu’on lui a proposé de l’argent.

Mardi 18 juin : À l’Assemblée nationale, le Premier ministre annonce qu’il a demandé à Yatin Varma de démissionner de son poste de ministre. Presque au même moment, Yatin Varma est transporté d’urgence à la clinique Fortis Darné après qu’il aurait fait une tentative de suicide. Quelques heures plus tard, Navin Unoop de la Voice of Hindu intervient sur une radio privée disant que Yatin Varma a ingurgité de l’herbicide par erreur et qu’il a été témoin de la scène. L’Attorney General dira plus tard aux policiers qu’il a tenté de se suicider.

Mercredi 19 juin : Le rapport des examens toxicologiques de Yatin Varma fait polémique après sa diffusion sur la page facebook de Radio One.

Jeudi 20 juin : Reza Issack est convoqué au Central CID. En présence de ses hommes de loi, en l’occurrence Me Rama Valayden, il apprend qu’il est en état d’arrestation pour entrave à la justice. Il est toutefois autorisé à rentrer chez lui en raison d’un problème cardiaque. Entre-temps, Yatin Varma est transféré de la clinique Fortis Darné à celle de Bon Pasteur.

Vendredi 21 juin : Reza Issack est de retour aux Casernes centrale. Il est ensuite présenté au tribunal où il est relâché contre une caution de Rs 20 000 et après avoir signé une reconnaissance de dette de Rs 100 000. Dans l’après-midi, il anime une conférence de presse. Alors que son ami Yatin Varma quitte la clinique du Bon Pasteur pour regagner son domicile. La journaliste Ruth Rajessur est également interrogée under warning par le CCID, car c’est elle qui a posté sur la page Facebook de Radio One, le rapport médical de Yatin Varma, ce, à la demande de son rédacteur en chef Jean-Luc Emile. Ce dernier est également interrogé under warning.

Samedi 22 juin : Lors de la conférence du MMM, le leader mauve Paul Bérenger s’interroge sur le rôle du ministre Rashid Beebeejaun dans toute cette affaire.

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