Irène Alessandri
L’heure est grave. Selon la directrice de l’Association des parents d’enfants inadaptés de l’Île Maurice (APEIM), une menace de fermeture pèse sur ses neuf écoles spécialisées, à cause de lourds problèmes financiers. Une correspondance a été adressée dans ce sens à Vasant Bunwaree, le ministre de l’Éducation. Explications…
Dans une correspondance envoyée au ministre de l’Éducation le 8 mars dernier, la direction de l’APEIM annonce la «fermeture définitive» de ses neuf écoles spécialisées, en décembre 2013. Avez-vous reçu une réaction depuis ?
Nous n’avons pas eu de réponse de la part du ministre lui-même. Par contre, nous avons reçu un fax de son ministère. Dans notre courrier, nous lui demandions, entre autres, que le ministère nous rembourse les dépenses que nous avons effectuées, mais dans le fax qu’il nous a fait parvenir, le ministère estime qu’il ne nous doit aucune somme. La situation financière de l’APEIM n’est qu’une partie du problème.
Depuis plus d’une année, nous ne cessons d’attirer l’attention du ministère sur l’urgence de la situation. Nous sommes asphyxiés par les difficultés auxquelles nous devons faire face pour gérer ces neuf écoles spécialisées qui encadrent les enfants qui souffrent d’un handicap.
L’objectif principal de notre correspondance, c’est de demander au ministère de prendre la relève concernant ces écoles spécialisées, parce qu’à notre niveau, nous ne pouvons plus assurer. Malheureusement, nous n’avons reçu aucune réponse jusqu’ici et c’est très triste et fort dommage, car nous espérons toujours avoir un rendez-vous.
Depuis quelques années déjà, l’APEIM fait état de problèmes financiers et de l’absence de dialogue avec l’État malgré ses nombreuses sollicitations. Est-ce que rien n’a été fait suite à vos doléances ?
Nous avons maintes et maintes fois crié au secours parce qu’à notre avis, il est grand temps que l’État prenne ses responsabilités et respecte son engagement d’assurer une éducation de qualité pour tous, sans discrimination envers les enfants handicapés.
Depuis plus d’une année, nous avons sollicité une rencontre avec le ministre de l’Éducation, sans résultat. Nous voulons surtout discuter d’un sujet très important : le sort des enfants handicapés. Nous ne comprenons pas l’absence de réaction du ministre de l’Éducation concernant le sort de ces enfants et leur droit à l’éducation.
À travers notre courrier, nous demandions, comme je l’ai précisé, que le ministère prenne la relève, mais nous l’invitons surtout à travailler avec nous pour qu’on puisse faire le handing over et lui fournir notre aide pour assurer le bon fonctionnement de ces neuf écoles spécialisées.
Concernant la situation financière de ces établissements spécialisés, comment la situation s’est-elle détériorée ?
Ces neuf écoles spécialisées et classes intégrées réunissent 250 enfants de 6 à 16 ans.
Nous avons des normes à respecter pour leur assurer une bonne éducation. Comme nous avons énormément insisté sur la formation, nous avons donc des profs formés et qualifiés pour assurer une pédagogie de qualité à nos élèves. Nous avons aussi misé sur les infrastructures de nos institutions et tout cela a un coût. Et depuis quelque temps, la situation est devenue très difficile à gérer.
Comment réagissent les parents d’élèves face à cette menace de fermeture ?
Ils sont très inquiets. Nous voulons tous le meilleur pour nos enfants. Et ces parents sont rassurés lorsqu’ils savent que leurs enfants sont entre de bonnes mains, qu’ils sont pris en charge et qu’ils bénéficient d’un programme éducatif spécial. Pour le moment, ils sont dans le doute.