Rama Valayden menace. Si, dit-il, parmi ceux qui vont adhérer à l’Alliance sociale avant les prochaines législatives, se trouve Anil Baichoo, Navin Ramgoolam devra choisir. Soit Baichoo soit lui.
Q : On constate que vous étiez devenu, à un moment, plus conciliant envers Paul Bérenger en lui faisant des éloges. Pourquoi ce changement radical ?
R : Je fais la différence entre le côté humain et le côté politique. Je n’ai jamais attaqué le leader du MMM sur le plan personnel, mais sur sa trahison de la lutte militante. Dans le cas de l’usine Texel qui a fermé ses portes, j’ai vu un Bérenger conciliant vis-à-vis de moi et qui a accepté mes propositions pour régler le problème Texel. Je l’ai remercié pour ce geste. Il ne faut pas oublier que Bérenger m’a vu grandir et que moi, je le vois vieillir.
Q : Après avoir dit de belles choses sur Paul Bérenger, deux jours après, vous avez tiré à boulets rouges sur lui. Vous a-t-on brossé la tête au sein de l’alliance sociale ?
R : Que ce soit clair : personne ne brosse la tête de Rama Valayden, même pas Navin Ramgoolam. J’avais comme idole Bérenger quand j’étais adolescent. Alors que beaucoup de ceux qui étaient de mon âge allaient au cinéma ou draguaient les filles, moi, j’ai donné mon adolescence au MMM. Serge Rayapoullé et Mario Flore doivent se souvenir de moi quand j’étais jeune encore. Ils me surnommaient ‘Petit Rama’. Pourquoi je dénonce Bérenger le politicien ? Parce qu’il a trahi cette lutte, ce rêve de changer ce pays. Je demande à Bérenger s’il est sérieux et s’il croit que son gouvernement ne comporte aucun corrompu ; je lui demande de nommer un juge du Commonwealth à la tête d’une commission d’enquête avec des pouvoirs accrus pour enquêter sur tous les politiciens, y compris moi-même, depuis 1991.
Q : À ce petit jeu, vous risquez de retrouver certains de l’Alliance sociale soupçonnés.
R : Quel que soit son bord politique, si un politicien a fauté, il doit payer.
Q : Vous avez annoncé votre candidature au No 19 aux prochaines législatives. N’est-ce pas la prérogative de Navin Ramgoolam de placer ses candidats ?
R : J’ai annoncé ma candidature dans la circonscription No 19 qui est celle du PM. Les négociations au sein de l’Alliance sociale ont déjà débuté pour l’attribution des investitures. La contribution du MR au sein de l’alliance est indéniable. Le MR a fait une opposition systématique. Si la perception de corruption plane sur ce gouvernement, c’est grâce au travail de terrain que le MR a fait. Mes amis de l’alliance sociale qui siègent au Parlement ont fait de l’Opposition, mais une opposition molle. Il ne faut pas prendre mal mes propos, mais c’est une stratégie qu’ils ont adoptée. Chacun son style. Tout observateur indépendant concédera que l’apport du MR au No 7, lors de l’élection partielle, a été déterminant dans le score.
Q : Pourtant, malgré votre force, le MR n’aura, dit-on, que deux tickets aux prochaines élections générales.
R : C’est une blague. Je ne représente pas deux tickets. Le Dr Ramgoolam le sait.
Q : La circonscription No 19 paraît difficile pour le MR. Si vous êtes battu et que l’Alliance sociale prend le pouvoir, accepteriez-vous le poste de ministre de la Justice quand même ?
R : Si je suis battu, c’est dans la logique des choses : je ne siégerai pas à l’Assemblée nationale.
Q : Vous aviez parlé d’un programme minimaliste. Est-ce un gouvernement d’unité nationale que vous proposez ?
R : Ce que je propose n’est pas un gouvernement d’unité nationale. Qu’on ne vienne pas avec des négociations sous tapis, qu’on négocie ouvertement et en public. Ainsi, on viendra dire, Messieurs dames, on fait face à des problèmes et voilà le PTr, le MMM, le MR ou d’autres dirigeants de partis ; nous vous proposons un programme minimaliste sur des sujets choisis qui méritent l’attention de tout un chacun. J’ai ici en tête le chômage, le textile, le logement. Moi, je suis contre le ‘Best Loser System’, mais il y a consensus sur la question. Pourquoi ne peut-il y en avoir sur d’autres sujets ? Le problème du textile va-t-il prendre fin quand l’Alliance sociale va prendre le pouvoir ? Et le ‘law and order’, la corruption ? Non. Alors, mettons la tête ensemble.
Q : Ramgoolam est-il partant pour votre programme minimaliste ?
R : C’est une idée que je lance. Il y a des courants au sein de l’Alliance sociale qui disent qu’il faut élargir notre base, que nous avons besoin du MMM, du MSM aussi. Ceux qui sont sérieux sur le plan politique savent que Maurice a des défis à relever. Je suis disposé à donner un coup de main à ce programme minimaliste tout en restant à l’extérieur pour veiller à sa mise en application. Je sais qu’il peut avoir des divergences entre des personnes de bords différents, mais on tombera d’accord sur des dossiers spécifiques. Il y a déjà un consensus sur certaines lois au Parlement. Par exemple, moi je souhaite que des non-élus puissent accéder à des postes ministériels, comme cela peut se faire pour le poste d’Attorney General. Il faut attirer des compétences indépendantes, quitte à frustrer certains qui pensent en termes de quotas communalistes.
Q : L’Alliance sociale va-t-elle s’ouvrir à d’autres avant les prochaines législatives ?
R : Si le PTr veut donner au MR deux tickets, c’est sans doute pour accommoder certains transfuges. Je l’ai dit à Flacq lors de mon dernier congrès: il y a des personnes qui demanderont bientôt leur adhésion à l’Alliance sociale. Si demain on vient, par exemple, me dire qu’Anil Baichoo va quitter le MSM pour former un parti politique et qu’ensuite il va demander un nombre de tickets à l’Alliance sociale, le PTr est libre de le faire. Je dis haut et fort : Ramgoolam devra choisir entre Baichoo et moi.