Ainsi Sylvio Michel a démissionné en tant que ministre de la Pêche alors que le gouvernement a dessaisi le ministre Baichoo du dossier métro léger. À quelques mois des élections générales, ça fait désordre dans le camp du pouvoir.
Sylvio Michel a déjà choisi son camp : l’Opposition. Il reluque du côté de l’Alliance sociale dont la composante majeure, le PTr, salue son retrait du gouvernement.
Sylvio Michel représente un symbole que son incessante lutte pour une compensation aux descendants d’esclaves a fortifié. Navin Ramgoolam ne dédaignerait pas un tel atout, lui qui accueille de nouveau Hervé Aimé au bercail alors que Mathieu Laclé, un ex-mauve, tente de dynamiter les positions du MMM dans la circonscription Port-Louis Ouest – GRNO (No 1).
Le leader de l’Opposition ne veut toutefois pas aller vite en besogne. À la question de savoir s’il est prêt à intégrer les Verts-Fraternels – qui disposent d’un certain réseau à travers l’île – dans l’Alliance sociale, il a répondu, hier, qu’on n’en était pas encore arrivé là. Tout nouvel arrivant au sein d’une organisation est susceptible de créer de l’instabilité. Le PTr aurait à gérer le PMXD si jamais les Verts-Fraternels devaient adhérer à l’Alliance sociale. Ne serait-ce qu’au niveau du nombre de tickets. Déjà, Jacques Panglose donne des signes de nervosité.
D’ores et déjà, Sylvio Michel est devenu un allié objectif de l’Opposition. Il pourrait devenir un allié de celle-ci tout court à l’approche de l’échéance électorale. Sauf miracle, on le voit mal, jusqu’aux prochaines législatives, soutenir le pouvoir de nouveau.
L’ex-ministre de la Pêche sera désormais une écharde dans la chair du Premier ministre. Jusqu’ici, Paul Bérenger a pris des précautions langagières en parlant de lui, mais cela ne résistera peut-être pas aux exigences d’une campagne électorale. Sylvio Michel doit s’attendre à un durcissement du ton de l’Alliance gouvernementale à son égard. Il n’aura alors d’autre choix que de riposter. Aux prochaines élections, ce pourrait être un match dans le match.
En lui prenant le dossier métro léger, le tandem Bérenger-Jugnauth a signifié à Anil Baichoo qu’il était en état de disgrâce auprès de lui. Ce n’est pas tant le Premier ministre qui a un problème avec le premier député de Flacq-Bon Accueil; c’est plutôt Pravind Jugnauth qui s’est toujours méfié de Anil Baichoo, de son charisme, de ses prétentions, à un moment, à prendre le leadership du MSM. Anil Baichoo, un moment «wild» en coulisse, digère (mal) en silence l’affront. Pour combien de temps ? Il bénéficie de nombreux soutiens au sein du MSM. Il pourrait réactiver le MTD, prélude à une cassure du MSM. Ceux qui, alors, se qualifieraient volontiers de «vrais blancs» en se dissociant de l’option Bérenger de Pravind Jugnauth pourraient être tentés de donner naissance à un avatar de la plateforme mythique ‘bleu-blanc-rouge’. Ce ne sont là que des hypothèses. En tout cas, l’on dit Anil Baichoo travaillé par le doute. Une chose est sûre : il est rempli de ressentiment à l’égard de son leader.
En peu de temps, l’Alliance gouvernementale s’est créé deux adversaires : Sylvio Michel qui est parti et Anil Baichoo qui hésite encore.
Alors que Navin Ramgoolam, jeudi soir à Bassin, s’est senti pousser des ailes. Il veut toujours « des élections claires et nettes » pour le PTr. Une profession de foi qui, en septembre 2000, l’avait envoyé dans ‘caro canne’. Il avait réfusé, dit-il, de contracter une alliance avec le MMM. Ce qui aurait rendu, selon lui, son éventuelle élection pas claire et nette
Il pense peut-être que cette fois-ci les données ont changé. En sa faveur.