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La justicière

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Dans son salon à Quatre-Bornes, Lysie Ribot ne se départ pas de sa véhémence habituelle pour dire ce qu’elle pense

Elle a deux armes fatales: sa langue bien pendue et sa fougue qu’elle met «au service de la justice». Ce qu’elle appelle injustice elle ne la tolère pas, et Jacques Pereira, aspirant directeur du collège Père Laval, en sait quelque chose. Lysie Ribot, enseignante-syndicaliste, a croisé son chemin.

«Syndicaliste batailleuse pour la cause de la justice», dit Lysie Ribot d’elle-même. La présidente du syndicat des enseignants et non-enseignants des collèges confessionnels (catholiques et non-catholiques) depuis 1992, une femme de caractère, avait vivement contesté le choix de Jacques Pereira au poste de recteur du collège Père Laval en octobre dernier. Son syndicat compte saisir la Cour, même si le gouvernement est venu avec une formule «taillée sur mesure pour Pereira.»

Tirée à quatre épingles - elle porte un tailleur rose - Lysie Ribot explique : «Notre syndicat a défendu le dossier Pereira, entre autres, en 2001 car nous trouvions injuste qu’un enseignant qui n’avait pas son ‘A Level at one and same sitting’ ne puisse accéder à un poste de responsabilité. Mais il y a eu le ‘ruling’ du ministère de l’Éducation stipulant que c’était le règlement. Malgré tout, Jacques Pereira a postulé en 2003 pour le poste de recteur du collège Père Laval et le Bureau de l’Éducation Catholique (BEC) a retenu sa candidature.»

Le syndicat, par le biais de sa présidente, a pris, cette fois-ci, position contre le fait que Jacques Pereira a fait acte de candidature et que le BEC l’a retenue : «C’est une injustice faite aux membres du syndicat qui ont les mêmes qualifications que Pereira et qui n’ont pas postulé à cause du règlement aux autres qui ont les qualifications requises et dont les candidatures n’ont pas été retenues. Nous ne pouvons cautionner l’injustice, le favoritisme, le passe-droit».

L’enseignement, une vocation

Actuellement en vacances scolaires, Lysie consacre une grande partie de son temps à son combat syndical. Combat commencé en 1986 alors qu’elle était jeune enseignante : «La quête de la justice a toujours été très forte en moi mais je ne défends jamais l’indéfendable.» Le syndicalisme, toutefois, ne lui fait pas oublier sa vocation première : l’enseignement.

«L’enseignement est une vocation. Malheureusement, aujourd’hui, beaucoup de jeunes intègrent l’enseignement par défaut. Ils doivent comprendre que ce métier ne se résume pas à ‘talk and chalk’», soutient Lysie Ribot, enseignante au Couvent de Lorette de Quatre-Bornes.

À ses élèves desquels elle tient à être «proche», elle essaie d’inculquer des valeurs telles que l’amour de l’autre, la justice, l’honnêteté envers soi-même et envers les autres, le travail consciencieux et la vérité. Des valeurs qu’elle a elle-même héritées de ses parents et de ses profs.

Elle est non seulement syndicaliste et enseignante mais également membre de la Commission anti-discrimination sexuelle et présidente de l’association des ‘old girls’ du Couvent de Lorette de Quatre-Bornes. L’année dernière, elle a aussi fait partie du comité des Jeux des Îles. Athlète durant ses années collège, Lysie Ribot est restée proche de la «chose sportive» et joue au volley avec ses élèves «en dehors des heures de classe.»

Mais comment fait-elle pour concilier ses divers engagements et sa vie familiale? Car Lysie est l’épouse de Philippe, ‘File Manager’ à la MCB, et la mère d’Annabelle, 24 ans et enseignante de maths au collège du St- Esprit, de Jean-Philippe, 19 ans, et d’Anne-Claire, 13 ans, étudiants.

«Il faut bien gérer son temps. Ma famille est pour moi un vrai pilier et elle me soutient dans tout ce que je fais. Je me fais un devoir de trouver du temps pour elle. Heureusement qu’il y a les week-ends et les vacances», répond Lysie avec un large sourire qui en dit long sur l’affection qu’elle porte aux siens.

Avec tout ça, elle trouve encore du temps à consacrer à ses autres passions: les voyages (le dernier lui a donné l’occasion de faire un safari en Afrique du Sud), les plantes, la musique classique. Son énergie flamboyante reste intacte: «À la fin de ma vie, j’aimerais pouvoir me dire qu’elle a été bien remplie et qu’il n’y a pas eu que de futilités».

À 49 ans, Lysie Ribot semble bien partie pour réaliser son pari. Même si elle n’arrête pas de donner le tournis à son entourage. Au sens propre comme au sens figuré.

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«Petite miss» deviendra grande

Déjà petite, Lysie est fascinée par le métier de son père, enseignant, et joue à la «petite miss» avec ses poupées. Après ses études au Couvent de Lorette de Quatre-Bornes, elle est employée comme enseignante d’anglais et de français au Couvent de Lorette de Vacoas avant d’être transférée, deux ans plus tard, au Couvent de Lorette de Quatre-Bornes en 1977. N’ayant pas les moyens de financer ses études supérieures à l’étranger, elle suit des cours au ‘Mauritius Institute of Education’(MIE) où elle obtient un ‘Teacher’s Diploma’ en anglais et en français. En 1992, elle obtient un ‘Bachelor in Education’ en anglais de l’Université de Maurice. C’est John Clifford, un autre enseignant, décédé, qui l’avait poussée à se lancer dans le syndicalisme en 1986.

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