Une future mère malheureuse. Doris Sirop, 25 ans, enceinte de quatre mois, a perdu son époux Désiré, 35 ans, dans un accident travail. Celui-ci faisait des réparations pour le compte d’une compagnie privée sur une ligne de haute tension quand le pylône sur lequel il se trouvait s’est brisé. Cette jeune veuve réclame des explications sur la mort de son mari et des dédommagements .
Un bonheur auquel ils rêvaient de goûter ensemble. Vendredi dernier, cela a fait quatre mois que Doris porte le fruit de leur amour dans son ventre qui commence à prendre des rondeurs. “Il était tellement heureux de venir père”, confie-t-elle, émue.
De nature maladive, Doris espère avoir des éclaircissements sur ce drame. Elle attend aussi de recevoir des dédommagements qui l’aideront à subvenir à ses besoins : “Comment vais-je faire pour élever mon enfant si la compagnie pour laquelle mon mari travaillait ne m’aide pas?”.
Jeudi 4 novembre dernier. Il est 12h30. Dans la modeste demeure en tôle de ses parents, Doris est attablée, elle déjeune. Les appels de sa cousine interrompent son repas. “Quand je suis sortie de la maison, j’ai vu trois collègues de Désiré devant la porte d’entrée. En m’avançant vers eux, j’ai remarqué que l’un d’entre eux avait le sac de travail de mon mari en main. Arrivée plus près d’eux, j’ai vu ses chaussures entre les mains d’un autre”, se souvient-elle.
Le pied écrasé
Le pressentiment qu’un malheur est arrivé à son époux gagne Doris. “Ses collègues m’ont dit de ne pas m’inquiéter, qu’il avait eu un accident de travail et qu’il avait été admis à l’hôpital de Rose-Belle avec un pied fracturé”, poursuit-elle. Les collègues de Désiré demandent à sa femme de prendre un taxi “au frais de la compagnie” pour rendre une visite au blessé.
Accompagnée de sa mère et de sa cousine, Doris arrive à l’établissement hospitalier. Elle se rend aux urgences mais le personnel lui demande de se rendre au poste de police de l’hôpital avant de lui rendre visite. “Un policier m’a demandé si j’étais bien son épouse. Ensuite, il m’a demandé d’avoir du courage mais je ne comprenais pas ce qu’il voulait me dire réellement”, dit-elle.
Doris commence à avoir des doutes sur la gravité de la fracture au pied de son époux quand elle est envoyée aux soins intensifs : “Quand je l’ai vu allongé sur le lit, j’ai eu un choc. Il me semblait que sa vie était reliée à des tubes. Son pied était complètement écrasé, il était inconscient. Je l’ai touché mais il n’avait aucune réaction”. Le personnel soignant lui confie que “seul un miracle pourrait le sauver”.
Elle saigne
Le jour suivant l’accident, l’état de santé de Désiré demeure inchangé. “Il faisait de la température. J’ai eu du courage en pensant qu’il guérirait”, nous dit Doris.
Au deuxième jour d’hospitalisation de son mari, soit samedi matin, après une visite matinale, Doris est conduite à l’hôpital de Candos. Elle saigne. Un mauvais signe pour les femmes enceintes : “J’ai été admise étant donné qu’il me fallait du repos; sinon, je risquais de faire une fausse couche”.
Au travers du téléphone portable, elle garde contact avec ses proches de son lit d’hôpital pour s’informer des nouvelles de Désiré. Dimanche dernier, l’angoisse était plus pesante puisque c’était le jour de l’anniversaire de Désiré.
Vers 20h00 le même jour, l’appel tellement redouté survient. C’est la sœur de Désiré qui reçoit la mauvaise nouvelle du décès. Quelques heures plus tard, Doris appelle Géneviève pour lui demander de rendre visite à Désiré le lendemain et de lui passer un message très spécial : “Embrasse li bien fort et dir li mo content li bocoup”. Géneviève Monique, la soeur de Doris, tient le coup et ne lui avoue pas que son mari n’est plus de ce monde.
“Nous sommes partis rendre visite à Doris le matin et elle me suppliait de la faire sortir de l’hôpital. Le médecin a donné son accord. Sur le chemin du retour, j’ai dû lui apprendre la triste nouvelle avant qu’elle ne constate d’elle-même que son défunt mari était étendu sur le canapé dressé pour les funérailles”, explique Genviève.
Une enquête policière a été ouverte. Le ministère du Travail suit également l’affaire de près.
Avant même qu’il n’ait vu le jour, le bébé de Doris et de Désiré connaît déjà la souffrance : il ne verra jamais son père.
Contacté au téléphone, l’un des fils du directeur de la compagnie nous a indiqué qu’il se rendait à la banque et qu’il nous rappellerait plus tard. Nos tentatives de le joindre à nouveau ont été sans succès.