Poussé à la porte. C’est le cas de le dire pour Sylvio Michel. Son parti ayant décidé à l’unanimité de rester inflexible sur sa position quant à une compensation aux descendants d’esclaves - contre la volonté du gouvernement - le ministre de la Pêche ne peut que tirer sa révérence. Il siègera, tout comme son compère Jean-Claude Armance, en indépendant.
Ainsi, le feuilleton à la Marimar tire à sa fin. Sylvio Michel quittera un gouvernement auquel il a participé quatre ans durant. Lui dit partir sur un principe. Au gouvernement, on estime qu’il a poussé le bouchon un tantinet trop loin.
Le bras de fer entre Sylvio Michel et Paul Bérenger a trop longtemps traîné. Chacun des deux hommes n’a jamais voulu céder le moindre pouce de terrain. L’inévitable s’est produit. Le plus fort a gagné.
Le Premier ministre sait qu’il n’est pas de tout reproche sur le départ programmé de Sylvio Michel. Comme un chat avec une souris, il a joué avec le ministre de la Pêche jusqu’à le pousser à bout. Pourtant, Sylvio Michel a toujours cru que son ‘camarade Paul’ allait fléchir pour se rallier à sa cause. Le représentant des Verts au Cabinet ministériel l’a, depuis peu, compris que tel n’a jamais été le cas. D’où sa décision de se mettre volontairement hors-jeu. Mais quand ? Nous avons appris d’une source proche du ministre qu’une décision sera prise ce matin si Sylvio Michel doit partir avant le 1er décembre.
La patience a ses limites, dit-on dans les rangs des Verts/OF.
On se souvient que quand Jean-Claude Armance avait présenté une motion privée à l’Assemblée nationale sur la compensation que le gouvernement se devait de payer aux descendants d’esclaves, le vice-Premier ministre d’alors, Paul Bérenger, était parvenu à apporter un amendement à la motion Armance pour inclure également les coolies dans cette démarche. Le leader du MMM sait très bien que les travailleurs engagés sont venus travailler à Maurice sur une base volontaire, contrairement aux esclaves. Manifestement, ce n’est pas le même combat, mais les Verts ont avalé la première grosse couleuvre.
Puis, la motion a connu d’autres tracasseries. Une fois, ô sublime affront, elle n’a pu être débattue faute de quorum. Pour dire ce que valait la motion aux yeux de nos élus..
Ces derniers jours ont vu un Paul Bérenger donnant l’air d’être moins intransigeant. Calcul politique oblige. Le PM est venu avec des formules qui, sur le fond, ne rejoignaient pas théoriquement les revendications de Sylvio Michel et les siens.
Il y a eu un semblant de volonté de dialogue, sans compromis. Puis, la récente mise sur pied d’un comité pour aider ceux qui auraient perdu leur terrain sans qu’ils ne puissent savoir quoi faire pour les récupérer. C’est un peu le combat des frères Michel. Cela n’a pas suffi à calmer la colère des Verts/OF.
Jeudi dernier, le chef du gouvernement a proposé à Sylvio Michel l’institution d’un autre comité pour voir s’il était possible de payer une compensation à certains descendants d’esclaves qui ne sont pas propriétaires de biens ne dépassant pas une certaine valeur. Proposition rejetée en bloc par le comité exécutif des Verts. Cela allait prendre du temps, avancent-ils.
En fait, Paul Bérenger a voulu proposer des palliatifs pour endormir les Verts, le temps qu’arrivent les législatives l’année prochaine. C’est une ‘delaying tactic’ fort accommodante pour le chef du gouvernement. Les Verts/OF ont senti venir le piège parfait.
Bérenger est un homme rusé. Quand il a rendu publiquement hier, lors de sa conférence de presse, la proposition de la dernière chance faite au ministre de la Pêche, il veut montrer sa volonté d’arriver à une entente. En vain ! Sans le révoquer, le PM a invité implicitement à Sylvio Michel de prendre la porte. Avant le 1er décembre si possible.
Paul Bérenger, dans sa position de force, a joué finement face à Sylvio Michel. Ce dernier s’en va, sur un principe, mais sans panache. Car, il y a eu trop d’ultimatums, jamais respectés.