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La CMT comme sur des roulettes

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Même le nettoyage se fait sur des patins à roulettes. En quelques secondes le tour est joué

Ça roule pour la Compagnie Mauricienne de Textile (CMT). Surtout pour les employés de sa filature à la Tour Kœnig inaugurée jeudi dernier. Habiles sur leurs patins à roulettes, ils vont et viennent dans l’immense usine, veillant à la bonne marche des machines. Leurs maîtres-mots : rapidité et efficacité.

Le bruit est assourdissant. D’énormes machines vertes transforment le coton en fil en plusieurs étapes. Le tout respire le neuf et une étrange odeur de produit chimique se dégage.

Armé d’une serpillière, un jeune opérateur indien fonce à toute vitesse. En quelques secondes, il a parcouru 80 mètres, la largeur du bâtiment. Le long d’un autre couloir, un employé mauricien, toujours sur patins à roulettes, pousse deux lourds ballots avec une facilité et une rapidité déconcertantes.

«L’usine de 500 000 pieds2 fait 400 mètres de long sur 80 mètres de large. Les opérateurs peuvent veiller à la bonne marche des machines en circulant rapidement, en se fatiguant moins et en étant plus efficients. Être sur des rollers est également stimulant; c’est du ‘fun’», déclare Soorianan Narsiah, chef ingénieur.

Ce ne sont pas les jeunes qui apprennent le patinage à côté qui diront le contraire. Alignés sur une surface spécialement réservée à leur entraînement, ils glissent avec précaution sous la férule de Sanjeev Datta, l’ex-capitaine de l’équipe indienne de hockey sur rollers. Leurs visages sont tendus tellement ils sont concentrés.

L’entraînement sur patins se fait sur quatre mois durant une heure et demie par jour. La formation complète des opérateurs se fait sur une durée de deux ans à raison de huit heures par jour et inclut également des cours techniques en classe et sur les machines.

«Nous recrutons parmi les recalés du CPE qui n’ont pas de formation technique, des jeunes qui ont suivi une formation dans les collèges pré-professionnels, ceux qui ont une formation de l’IVTB ainsi que des détenteurs du SC. Ces jeunes reçoivent une formation de technico-opérateurs pour veiller à la bonne marche des machines entièrement robotisées et informatisées», explique Soorianan Narsiah.

Joindre l’utile à l’agréable

Kentis Luchmun est parmi les plus jeunes recrues. Cet habitant de Petite Rivière, âgé de 16 ans et recalé du CPE, est heureux d’avoir trouvé un emploi qui lui plaît : «Après avoir échoué deux fois au CPE, j’ai fait des petits boulots comme maçon et autres. Un jour, j’ai entendu dire que la CMT cherchait des employés pour sa nouvelle usine et je suis venu voir. Quelque temps après, j’ai passé une entrevue et j’ai été embauché.»

Être recalé du CPE ne l’empêche pas de savoir lire et écrire et de comprendre les leçons techniques dispensées par la CMT : «C’est assez facile.» Les leçons de patinage le sont également si on en croit Kentis qui n’avait jamais chaussé des patins avant : «Si au départ je suis tombé plusieurs fois, j’ai vite appris à me tenir sur des rollers et maintenant, après trois mois, je peux circuler dans l’usine sans problème.»

Mohesh Kumar, 18 ans, détient, quant à lui, son School Certificate (SC) et suit une formation depuis un mois à la filature. C’est au travers d’un ‘job fair’, organisé à Port-Louis il y a quelque temps, qu’il a été embauché par la CMT pour être opérateur : «C’est la première fois que j’entends parler d’un travail où tout le monde doit être sur des rollers. C’est vraiment génial, on peut aller beaucoup plus vite qu’en marchant. De plus, cela permet de garder la forme et de s’amuser tout en travaillant.»

Si pour des sportifs comme Guillaume Noël, vice-champion mauricien de boxe française, ou Kamleshwar Nunkoo, footballeur amateur, les choses étaient plus faciles au départ, les autres ont eu un peu de mal sur le plan de l’endurance et de la vitesse. D’autant que la plupart des recrues en étaient à leur première expérience sur des patins à roulettes.

«J’avais vraiment le trac la première fois, mais très vite j’ai appris à me débrouiller», nous dit Guillaume Collard, 17 ans. Son ami Khalellulah Imrit avoue avoir eu des débuts difficiles : «J’avais hyper peur et je suis tombé plusieurs fois. Maintenant ça roule.»

Sanjeev Datta est, quant à lui, fier de ses élèves : «Ils apprennent vite. La plupart des gens ont peur de faire du roller. Donc, avant tout, j’apprends à mes élèves à bien tomber sur les mains. Ensuite, ils peuvent apprendre à se mouvoir sur les patins.»

Bien apprendre à tomber est, selon Soorianan Narsiah, primordial pour la sécurité des opérateurs à roller d’autant plus qu’ils ne portent ni casques de protection, ni genouillères. «De plus, les roues des patins utilisées à la CMT sont faites d’une matière synthétique spéciale qui empêche l’opérateur d’aller trop vite et lui permet de freiner sans problème. Les employés sont également couverts par une assurance et la compagnie prend l’entière responsabilité si un employé est blessé suite à une chute», soutient le chef ingénieur.

Les 150 employés de la filature, membres de l’administration et opérateurs, sont tous sur des roulettes. Et ils trouvent cela très «motivant.» Gageons que ce concept importé de l’Inde ne tardera pas à faire des émules !

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La filature la «plus moderne» au monde

Incursion dans l’univers du textile. À la nouvelle filature de la Compagnie Mauricienne de Textile (CMT) à la Tour Koenig, la technicité des machines surprend. Tout est robotisé et contrôlé par ordinateur. Opérationnelle depuis le mois de juillet dernier, la nouvelle filature, dotée d’une capacité de production de 8500 tonnes de fil par an, a été inaugurée officiellement jeudi dernier.

La filature de la Tour Koenig permet à la CMT de produire son propre fil. Elle emploie 125 Indiens et 25 Mauriciens. «En janvier prochain, nous recrutons 50 nouveaux Mauriciens pour travailler comme opérateurs à rollers. C’est la filature la plus moderne au monde sur le plan de l’équipement», nous dit Narsiah Soorianan, un Mauricien ingénieur en chef de la filature.

Erigée sur une superficie de 500 000 pieds carrés, la nouvelle filature a nécessité des investissements de Rs 1, 35 milliard. «Tous les équipements ont été  importés du Japon, de la Suisse ou des États-Unis», nous déclare Yatish Chandra Gupta, ‘chief executive’ de la nouvelle filature.

Depuis juillet donc, les machines ont commencé à tourner. Aujourd’hui, l’usine tourne à 100% de sa capacité, selon Yatish Chandra Gupta. Environ une dizaine d’étapes s’enchaînent pour transformer le coton en fil avant son utilisation dans la production de tissus.

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L’homme derrière les ‘hommes aux rollers’

Il est Indien et est à Maurice depuis avril 2003. Yatish Chandra Gupta, ‘chief executive’ de la nouvelle filature, est celui qui a introduit le concept du travail sur rollers à Maurice : «J’ai introduit ce concept dans deux usines en Inde et Maurice sera le troisième pays au monde qui utilisera ce concept». L’idée, dit-il, lui est venue lors d’un voyage en Thaïlande : «Quand j’ai vu dans un restaurant des serveurs sur rollers, j’ai eu l’idée d’introduire ce système de déplacement  dans la filature que je dirigeais à l’époque et qui est trois fois plus grande que celle de la CMT. Les opérateurs sur rollers peuvent parcourir de longues distances très rapidement et pousser des équipements lourds sans trop se fatiguer. On gagne en temps et en efficacité».

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Happy Birthday 

18 ans que ça dure. Cet anniversaire qui coïncide avec l’inauguration de la filature démontre que la CMT ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. «À la création de la compagnie, il y avait une vingtaine d’employés, nous produisions quelques milliers de pièces par an. Actuellement nous avons 5500 employés et nous produisons 4,5 millions de pièces par mois», soutient François Woo. Le chiffre d’affaires de la CMT pour 2003-2004 est de Rs 4 milliards, dont Rs 1 milliard de profit. La compagnie compte six usines à travers l’île.

Alors que d’autres entreprises textiles ferment leurs portes, licencient ou se lamentent sur leur sort, la CMT va de l’avant et innove. Et elle semble réussir dans tout ce qu’elle entreprend. Son secret: qualité, clients fidélisés, vision, passion, innovation, investissement, persévérance et employés motivés.

La CMT compte bientôt investir Rs 500 m dans des projets d’expansion à Maurice qui vont générer 1500 emplois. «À travers ces projets, nous pourrons répondre à la demande de nos clients et absorber les 8500 tonnes de fil que nous produirons par an et que nous ne pourrons écouler sur le marché local à cause de la dérogation de l’AGOA», souligne François Woo, un des directeurs de la CMT.  

La CMT compte s’implanter bientôt en Chine : «Nous n’abandonnons pas Maurice. Si nous nous installons en Chine, c’est pour complémenter ce qui se fait à Maurice», soutient Louis Lai Fat Fur, un autre directeur de la CMT. La compagnie prévoit aussi d’accroître ses exportations sur les États-Unis.

Par Michaëlla Coosnapen

et Christophe Karghoo

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