• «Sega Tipik Sa» : un documentaire pour découvrir et célébrer dix ans de reconnaissance
  • Un sexagénaire succombe à ses blessures après une agression - Yash, le fils d’Anand Lutchmon : «Mo papa inn trouv lamor dan rann enn servis»
  • Chrysalide, 20 ans d’une riche aventure
  • Shameem Dewanuth décède quelques heures après un accident de la route - Sa sœur Shaheen : «Nous devons chérir nos êtres chers tant que nous en avons l’occasion…»
  • Future Hope : une promesse, une mission
  • Wazil Meerkhan et Dylan Carman plaident coupable dans le cadre de la mort de la WPC Raghoo - Pooja, la sœur de la victime : «Notre famille n’a toujours pas pu remonter la pente…»
  • Movember : au cœur des hommes, les hommes à cœur
  • Contrat d’exclusivité du Champ-de-Mars : le MTC se remet en selle
  • «Moana 2» : l’aventure magique sous les tropiques reprend
  • Il a été libéré sous caution après huit mois de détention préventive - Vishal Shibchurn : «Mo ena ankor bokou revelasion pour fer»

«Le gouvernement ne veut pas donner le droit de grève»

interview.jpg

Le droit de grève après trente ans de lutte de la classe ouvrière dans ce sens ? Leurre, clame Ram Seegobin de Lalit. Pour lui, le calendrier du gouvernement ne permettra pas à celui-ci de présenter une loi en remplacement de l’Industrial Relations Act (IRA) avant la dissolution de l’Assemblée nationale en avril 2005. Tout est, selon lui, calculé pour ne pas légiférer en faveur des employés.

Q : Le rapport Leung Shing sur le financement des partis politiques vous inspire-t-il des commentaires ?

R : Ce que je retiens du rapport Leung Shing est qu’il contredit l’une des principales recommandations d’Albie Sachs qui propose que le financement des partis politiques soit fait par l’État. Par contre, Leung Shing épouse les autres recommandations du rapport Sachs concernant le contrôle des formations politiques par l’État à travers la Commission électorale. En clair, l’État pourrait contrôler, sur les plans financier et idéologique, les partis politiques. La Commission pourrait même ne pas enregistrer un parti si elle juge que celui-ci représente un danger pour notre démocratie. Les partis devraient presque jurer allégeance à la Constitution du pays pour être reconnus. Le rapport Leung Shing est bidon.

Q : Il y a effectivement des divergences entre ce que préconise le rapport Leung Shing et celui de Sachs. Le PM a nommé un comité ministériel qu’il préside pour réconcilier les deux courants. Est-ce la solution ?

R : Le comité ministériel mis en place est ridicule et est un théâtre de l’absurde. Ce qui se passe avec le rapport Leung Shing est la réponse du berger MMM à la bergère MSM. Souvenez-vous : le MSM, à travers Emmanuel Leung Shing, avait émis de sévères critiques contre le rapport Colendavelloo sur la proportionnelle. C’est ‘ène batté rendé’ du MMM au MSM.

Q : La loi scélérate qu’est l’Industrial Relations Act (IRA) sera bientôt chose du passé, a promis le gouvernement. Êtes-vous satisfait ?

R : C’est un semblant de changement que propose le gouvernement. Il y a eu l’élaboration d’un Livre Blanc par des fonctionnaires du ministère du Travail et de l’Emploi, proposant le remplacement de l’IRA par L’Employment & Industrial Relations Act (EIR). Cette loi, si elle est votée, sera encore plus restrictive que l’IRA. Je m’explique : sous l’IRA, après la déclaration d’un litige, le ministère a 21 jours pour le régler et, dans l’incapacité de le faire, il le réfère au Tribunal d’Arbitrage. Il n’y a pas de grève avec un arbitrage qui est ici obligatoire. Dans la pratique, l’IRA élimine plus ou moins le droit de grève. Par contre, sous l’EIR, avant de pouvoir faire une grève, il y a une tonne de procédures. Quand le litige est déclaré, le ‘Conciliation and Mediation Service’ du ministère du Travail entre en scène. Les officiers de ce service ont un délai d’au moins trois semaines. Si la médiation entre le syndicat et le patronat échoue, le litige est envoyé à une ‘Conciliation and Mediation Commission’ où siègent des nominés politiques. Puis, en cas d’échec, le litige est envoyé devant une Commission d’arbitrage. L’échéance est trop longue, et l’intérêt pour la grève ne sera plus le même pour les employés comme pour les syndicalistes.

- Pourtant, le droit de grève est inscrit dans le l’EIR, contrairement à l’IRA.

R : Sous l’IRA, pourquoi n’y a-t-il pas de droit de grève ? Le ministre a 21 jours pour étudier le litige. Après quoi, le ministre choisit délibérément d’envoyer le litige au Tribunal d’Arbitrage. Alors que la loi ne l’y oblige pas, et s’il ne le fait pas le droit de grève est permis. Or, l’EIR comporte trop d’étapes pour arriver à ce droit de grève où le syndicat pourrait, à mi-chemin, se trouver pris au piège administratif et perdre toute justification pour un droit de grève. On sait que c’est cette menace de grève qui pousse le patronat à la négociation. Sous l’EIR, cette menace est inexistante de sorte que si le ministre, ou même le patronat, estime qu’il y a mauvaise foi de la part du syndicat pour négocier, il peut demander que ce syndicat ne représente plus les intérêts des employés en litige.

Q : Il faut reconnaître les bonnes intentions du gouvernement d’éliminer l’IRA l’année prochaine, M. Seegobin.

R : On a eu plusieurs Livres Blancs dans le passé proposant l’élimination de l’IRA mais elle est toujours bien présente. Cette fois-ci, le gouvernement donne jusqu’au 31 décembre pour soumettre des commentaires sur un autre Livre Blanc. En janvier 2005, on a la conférence des petits États insulaires à Maurice. L’Assemblée nationale reprend ses travaux au début de mars, puis il y a les préparatifs pour la fête de l’Indépendance. Ensuite vient la présentation du Budget en début d’avril. S’ensuivra la dissolution de l’Assemblée nationale. Quand nos parlementaires auront-ils le temps pour voter une loi pour remplacer l’IRA ? En fait, le gouvernement ne veut pas donner le droit de grève, en remplaçant l’IRA. Le Livre Blanc de M. Soodhun tombera de lui-même avec la dissolution du Parlement en avril 2005. Il en est de même pour le Budget, le financement des partis politiques, la proportionnelle. C’est une fraude démocratique pour ne pas dire une manipulation machiavélique de l’opinion publique.

Q : Changeons de sujet. Quelle est votre lecture des politiciens qui prennent la parole lors de fonctions religieuses ?

R : C’est inacceptable et dangereux que des politiciens tiennent des discours lors de fonctions religieuses. Cela s’apparente à du clientélisme. Une société socioculturelle donne une plate-forme aux politiciens en échange de quoi elle réclame un lopin de terre ou des faveurs. Cela tue le concept d’État séculier, laïque et le système démocratique.

Q : Selon vous, le mélange politique-religion se fait à dessein ?

R : Le drame, c’est qu’à Maurice il y a beaucoup de fonctions religieuses qui sont organisées regroupant des dévots. Si un ministre ou un député participe à ce genre de manifestations en tant que simple citoyen, c’est son droit. Mais, quand le ministre ou le député se drapent dans leurs fonctions officielles pour y participer, là c’est grave. Et ils le font à dessein. Un exemple flagrant ? Le Premier ministre s’affiche dans des fonctions religieuses en portant des tenues vestimentaires adaptées pour montrer qu’il est à l’aise parmi telle ou telle communauté. Et il prend la parole pour annoncer des décisions gouvernementales. Où est la séparation des pouvoirs ?

Archive: