Ainsi donc, le gouvernement compte promulguer une loi en remplacement de l’Industrial Relations Act (IRA) jugée, depuis belle lurette, scélérate par le mouvement syndical. L’IRA ôte pratiquement tout droit de grève aux travailleurs. Elle est considérée comme une loi pro-patronat.
L’IRA avait été promulguée il y a trente ans comme un signal fort aux investisseurs qu’ils pouvaient faire du business chez nous en toute quiétude car les grèves avaient été mises hors la loi. Surtout celles dites révolutionnaires.Cette loi, véritable écharde dans la chair syndicale, a survécu, jusqu’ici, aux gouvernements successifs qui y ont trouvé leur compte.
La lumière au bout du tunnel pour les travailleurs ? En tout cas, le gouvernement soumet à la discussion un Livre Blanc, prélude au remplacement éventuel de l’IRA. Il vise à protéger le droit de grève et le droit de se syndiquer. Un petit pas dans la bonne direction.
La grève doit être, toutefois, un dernier recours. Ce qui doit primer dans les relations industrielles, c’est le dialogue entre le management et les représentants syndicaux. Ceux-ci doivent avoir une attitude responsable pour ne pas mettre en danger l’entreprise au sein de laquelle travaillent ceux qu’ils défendent. Si l’entreprise coule, tout le monde coule avec. Ils doivent savoir jusqu’où ils peuvent aller trop loin dans leurs revendications.
Les patrons, quant à eux, doivent comprendre que le temps de la main-d’œuvre taillable et corvéable à merci est révolu. Les êtres humains, ce sont des émotions. Gérer celles-ci n’est pas toujours facile. Ils doivent investir de plus en plus dans la gestion des ressources humaines avec pour objectif de créer un sentiment de bien-être dans l’entreprise.
Ce sera un véritable test en ces temps difficiles où il est beaucoup question de licenciements. Comment une entreprise en détresse peut-elle garder saines les relations industrielles ? C’est là où il va falloir faire preuve, de part et d’autre, de doigté et de tact.
Le Premier ministre, est-il revenu à de meilleurs sentiments ? En tout cas, si jamais l’IRA est abrogée, il en revendiquera la paternité afin de tenter de faire taire ceux qui le taxent d’anti-travailleur.
Le Premier ministre se souvient-il peut-être du temps où il fut un agitateur syndical qui n’hésitait pas à déclencher des grèves qualifiées de sauvages et de politiques par ses adversaires. Il utilisait la grève comme une arme redoutable, n’hésitant pas à paralyser le pays. Les secteurs névralgiques tels le port et le transport étaient ses cibles préférées.
L’IRA fut promulguée en 1973, sous le régime Ramgoolam père, pour contenir justement les excès de Paul Bérenger. Les débordements subversifs de celui-ci furent de courte durée mais l’IRA est demeurée. On aurait dû l’abroger depuis longtemps.
Les Paul Bérenger n’existent plus maintenant. Du moins les temps ont changé. Les Mauriciens ne croient plus en de vieilles lunes. Le principal concerné a viré sa cuti depuis longtemps. L’éventuel passage à la trappe de l’IRA est une bonne chose.
D’un autre côté, il est temps que les syndicats redéfinissent leur rôle et les services qu’ils offrent à leurs membres. Ils doivent pouvoir, par exemple, conseiller ceux-ci sur leur orientation professionnelle ou sur le programme de formation à suivre. Pour cela, ils doivent s’adjoindre des compétences. En fait, un syndicat doit pouvoir être géré comme une entreprise. Ne serait-ce pour pouvoir discuter à armes égales avec le patronat.
Le Livre Blanc sur les relations industrielles est une excellente occasion pour les syndicats de se remettre en question.