Grand-père gâteau, Babooram Mahadoo est tout fier de ses petits-enfants. Ici avec Aitya et Riya
Il vieillit bien ce natif de New Grove. Entouré des siens dans son douillet nid à Beau-Bassin, il a de quoi être peinard. À 70 ans, il se targue d’avoir servi à de hauts échelons, même si c’est pour une période éclair. Mais les mauvaises langues lui collent l’étiquette d’opportuniste sur le dos. Lui parle de réalisme.
C’est un concours de circonstances qui le conduit dans l’arène politique. On est vers le crépuscule des années 70. Babooram Mahadoo, frustré comme beaucoup de son âge et dans la nouvelle mouvance de revendications des jeunes, ne se retrouvait plus dans le Parti travailliste au pouvoir, usé et dépassé.
Séduit au départ par le discours des animateurs idéalistes du MMM, Babooram Mahadoo se laisse imprégner par la lutte militante, “sans pour autant être un membre actif de ce parti”. Ce qu’il n’avoue pas, toutefois, c’est sa flamme pour les rouges demeurée toujours vivace.
Quoi de plus naturel qu’il entrevoit l’avenir de son pays à travers un travaillisme version Harish Boodhoo. Le Parti Socialiste Mauricien (PSM) naissant sera son berceau. Son repère. Sa vie. ‘Bye Harish’ : son gourou.
Fidèle entre les fidèles de l’homme de Belle Terre, alors pourfendeur d’un Pari travailliste en fin de règne, Babooram Mahadoo, “marathi de naissance, mais Mauricien dans l’âme”, suivra les pas de celui qu’on surnomma «l’arracheur des mauvaises herbes».
Pas deux marathis au Cabinet
Candidat “in extremis” du PSM à Vacoas/Floréal en 1982, il est nommé ministre des Arts et de la Culture à la cassure du gouvernement MMM/PSM en mars 1983. Pour six mois seulement. Réélu en août de la même année, il n’obtient pas de maroquin ministériel, la présence de Sheila Bappoo étant pour beaucoup. “Ce n’était pas logique d’avoir deux ministres marathi au sein d’un Cabinet”, dit-il avec sérénité.
Au départ tonitruant de la bande à Boodhoo du gouvernement bleu-blanc-rouge en 1986, des places sont libérées. Babooram Mahadoo décide ainsi de prendre armes et bagages, dit bye bye à ‘Bye Harish’ et rejoint le clan Jugnauth. Cette nouvelle loyauté lui vaut le poste de ministre des Administrations régionales. Il sera ministre pour six mois encore.
Après les législatives de 1987 où il est élu «sur le fil», il rétrograde dans la hiérarchie : il est Principal Parliamentary Secretary (PPS). Cette fois pour quatre ans, mais il sera privé de ticket électoral aux législatives de 1991 au profit de Sheila Bappoo. Nommé ambassadeur MSM à Londres en 1992, il rentre au pays en 1996 pour être nommé membre de la Public Service Commission par Navin Ramgoolam en personne.
Couleuvre politique ?
Au départ PSM, ensuite MSM pour finalement accepter un poste sous le régime travailliste, Babooram Mahadoo a souvent viré sa cuti. Opportuniste et couleuvre politique, lui ? «Je suis un réaliste. Après que le leader du Parti travailliste m’eut proposé un poste, j’en ai parlé à SAJ et à Karl Offmann qui m’ont tous deux conseillé d’accepter l’offre», a-t-il pour réponse.
Aujourd’hui, loin du tumulte de la politique active, il tend l’oreille et observe. «J’avais grand espoir dans l’équipe MSM/MMM de l’an 2000. Mais, depuis qu’elle a renvoyé les élections villageoises et la partielle au No 3, depuis le ‘deal Ilovo’, la parcellisation des différentes communautés, la réduction des subsides sur le riz ration, je n’ai plus d’illusions », s’écrie l’ex-ministre et ambassadeur.
Comment entrevoit-il les législatives de 2005 ? «Cela va être comme en 1967 pour l’indépendance du pays : le pays sera divisé en deux : les hindous d’un côté et les autres de l’autre. Pour éviter que le pays ne soit déchiré, il faut une bonne alliance électorale ». Laquelle ? «Je vous laisse deviner», dit-il tout sourire.
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Un livre sur Bhagavat Gita sous presse
Écrivain à ses heures perdues, Babooram Mahadoo, enseignant de formation, a suffisamment de temps à consacrer à sa passion. Après ‘Eternal Legacy publié publié en 1986, son deuxième livre intitulé ‘Bhagavat Gita : the Universal Scripture’, est actuellement sous presse.
Ce natif du sud a fréquenté la New Grove RCA School, puis le collège Windsor. D’une fratrie de sept - cinq frères et une sœur- «il ne reste que moi». Le couple Mahadoo, Babooram et Jaywantee, a deux enfants : Rajiv, Assistant Manager chez IBL, et Brinda, Second Secretary aux Affaires étrangères qui lui ont donné quatre petits-enfants : Aditya, Rheeya, Rohan et Divya.