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Touni Midi, le sadique de Cité Atlee

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Anaïs (prénom fictif), 11 ans, affirme avoir été agressée par un exhibitionniste répondant au signalement de Touni Midi. Photo publiée avec l’autorisation de sa maman

Touni Minuit s’est-il métamorphosé en Touni Midi ? Des rumeurs les plus folles couraient selon lesquelles Touni Minuit, exhibitionniste ayant sévi, la nuit, dans la région portlouisienne en février 1994, se métamorphosait en phalène (grand papillon nocturne) pour s’enfuir. Sévit-il maintenant le jour à la Cité Atlee, Curepipe.

Cette localité tremble de frayeur. L’ombre d’un homme nu plane sur le quartier. Le visage dissimulé sous un t-shirt tantôt noir, tantôt blanc avec deux trous laissant apparaître les yeux, l’individu se pavane le sexe à l’air sur les berges de la rivière du coin.

Le 2 octobre dernier, il attaque. Durant une fête de première communion dans un centre communautaire de Cité Atlee, il s’introduit dans les toilettes des dames et agresse une fillette. Blessure confirmée par le médecin légiste, après déposition à la police.

Anaïs (prénom fictif), 11 ans et demi, est encore traumatisée. Elle ne quitte plus sa mère Alexandra (prénom fictif) d’un pouce. «Depuis que cet homme s’est introduit dans les toilettes et l’a agressée, Anaïs ne veut plus rester seule», confie la mère Alexandra.

Intimidée par notre présence, la petite fille semble chercher un réconfort en serrant très fort la main droite de sa mère. Les yeux baissés, elle commence à relater le calvaire qu’elle a vécu.

Le jour de l’incident avec Touni Midi, Anaïs assistait, avec ses parents, à une fête donnée en l’honneur de la première communion de sa cousine.

Selon elle, il était aux environs de 20h00 ce jour-là. «J’avais envie de faire pipi. Je suis allée seule aux toilettes, contrairement à la première fois où je m’y étais rendue accompagnée de ma cousine », raconte-t-elle.

Après avoir verrouillé la porte des toilettes, Anaïs entend le craquement de plastique qui la fait sursauter. «Quand je me suis retournée, j’ai vu un homme en caleçon, le visage caché par un t-shirt blanc avec deux trous au niveau des yeux, qui descendait sur le réservoir d’eau», poursuit la gamine.

«Mama, line rode viol mwa»

Anaïs n’a pas temps de crier; le présumé agresseur, répondant au signalement de Touni Midi, enroule d’une main ses longs cheveux noirs et la tire vers lui : «Il a mis quatre doigts dans ma bouche pour m’empêcher de crier à l’aide, j’ai alors vomi. Comme je me suis penchée, j’ai ressenti une atroce douleur interne. Je me suis alors débattue».

Devant la résistance d’Anaïs, le sadique de Cité Atlee s’énerve. Il tente d’immerger la tête de sa victime dans l’eau fétide des toilettes. Se débattant comme une forcenée, Anaïs essaie de se dégager des mains de son agresseur. C’est l’intervention d’une femme qui fera fuir le pédophile. «Une dame a frappé à la porte en entendant mes cris, l’individu s’est alors enfui par la fenêtre par laquelle il était arrivé», déclare-t-elle.

C’est en larmes qu’Anaïs regagne la salle des fêtes, les vêtements souillés de vomissures, les cheveux ébouriffés. «Mama, line viol mwa. Mama, line rode viol mwa», lâche-t-elle confuse en sanglots.

Quelques invités de la fête sortent en courant dans l’espoir de rattraper le pervers. Vaine tentative. L’individu a pris la poudre d’escampette. Le même soir, une déposition a été consignée au poste de police de Curepipe. Devant l’insistance des parents, un médecin de la police a examiné Anaïs et a confirmé l’agression subie par la fille.

Après l’incident dans les toilettes, Anaïs a dû surmonter son traumatisme pour concourir aux examens du ‘Certificate of Primary Education’ (CPE) au mois d’octobre dernier. Désormais, elle n’a plus le goût de sortir, ni même de jouer avec ses camarades. Pour vaincre cette frayeur, elle suit actuellement un traitement d’un psychologue. «J’espère que ma fille redeviendra celle qu’elle était auparavant, une enfant pleine de vie», souhaite sa mère Alexandra, la voix émue, le regard posé sur sa fille. Pous l’instant, les mauvais souvenirs de Touni Midi la hante toujours.

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Elles ont échappé belle au détraqué sexuel

Les jeunes filles et les femmes seules sont les cibles de Touni Midi. Pas une jupette n’est épargnée. Dans les buissons, derrière les haies de bambous, à chaque coin et recoin de la Cité Atlee, Touni Midi traque les femmes.

L’exhibitionniste a été «baptisé» du nom de Touni Midi parce qu’il «apparaît nu comme Touni Minuit, le phénomène d’il y a dix ans mais à la différence qu’il le fait durant le jour» (dixit Clet Adolphe, le président des Forces Vives de Cité Atlee).

Touni Midi a fait sa première apparition sur les berges de la rivière de la localité. Un endroit qu’il affectionne, car beaucoup de ménagères y vont pour faire leur lessive quotidienne. Bianca (prénom fictif), 53 ans, femme dodue, la tante d’Anaïs, s’en souvient : «Il y a trois mois, pendant que je lavais des nappes, j’ai vu un homme, les cheveux dissimulés sous un t-shirt blanc, les manches pendantes, qui me faisait de grands signes de la main. Quand j’ai porté attention à lui, j’ai remarqué qu’il était de teint clair, nu et qu’il se masturbait». À deux où à trois reprises les mois suivants, l’homme lui est apparu, toujours nu «mais je n’ai jamais fait de déposition à la police de peur de faire un scandale avec cette affaire». Craignant pour sa vie, Bianca a cessé de se rendre à la rivière derrière le club de Cité Atlee.

Quinze jours avant l’agression d’Anaïs, une adolescente a failli être la victime de Touni Midi. «C’était un soir, nous revenions d’une soirée chez des parents. Comme mes fils n’étaient pas encore rentrés, j’ai laissé la porte de la cuisine non verrouillée», raconte Germaine (prénom fictif), la quarantaine, habitante du quartier.

Au milieu de la nuit, Gilda (prénom fictif), sa fille de 14 ans, se réveille en sursaut: «Je sentais que quelqu’un me tirait la jupe. Je croyais que c’était mon chien Ourson mais en ouvrant les yeux, j’ai vu un homme nu allongé à côté de mon lit, il avait le visage recouvert d’un t-shirt noir. J’ai crié et il s’est enfui».

Sarada Salleegadoo, résidant tout près d’elle, renchérit : «Il vient souvent nous épier la nuit. Il sait que je vis seule avec mes filles, il en profite pour nous faire peur. Dès fois, il m’espionne à travers la haie de bambous. D’autres fois, il prend un objet en dur et le frappe contre ma porte ou alors, il tire sur le poignet dans l’espoir que la porte n’est pas verrouillée».

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Un phénomène qui inquiète

«Si rien n’est fait, nous envisagerons des actions, mais nous ne savons pas lesquelles pour l’instant», soutient Clet Adolphe, le président des Forces Vives de Cité Atlee. Cette association, qui œuvre pour le bien-être des habitants de ce quartier depuis 1988, s’inquiète du phénomène Touni Midi. Clet Adolphe parle même d’une «psychose parmi certaines familles».

«Comme nous sommes maintenant en période de vacances scolaires, la crainte est plus présente. Nous serons tous tranquilles uniquement quand l’individu qui se cache derrière Touni Midi sera démasqué», nous dit Clet Adolphe.

Par Nadine Bernard/christophe karghoo

et michaëlla coosnapen

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