Maurice n’a même pas la moyenne. Le pays a échoué encore une fois dans sa tentative de montrer patte blanche - même en perception - à Transparency International. On est comme des recalés du CPE. C’est honteux.
Dans le dernier rapport de Transparency International sur la perception de la corruption, Maurice perd six places, passant de la 48ème (déjà pas terrible) à la peu envieuse 56ème place avec un score de 4,1 points sur une échelle de 10 (représentant l’absence de corruption).
Sur les 146 pays sondés, 106 atteignent un indice de moins de 5 sur 10. Maurice est en charmante compagnie dans cette catégorie avec la Colombie, Cuba et la Syrie. Si la tendance du nivellement par le bas se maintient, on rejoindra l’année prochaine le club select des moins de 4 points. Belle palette de pays : la Bosnie Herzégovine, le Panama, Madagascar, la Pologne, le Mali.
Longtemps pris en exemple, notre pays ne peut même plus faire le matamore sur le continent Noir. Le Botswana, la Tunisie, l’Afrique du Sud et, ô sublime affront, les Seychelles nous font la leçon cette année. Ne parlons pas des pays nordiques et de Singapour.
Qu’est-ce qui a accentué notre dégringolade à l’échelle de Transparency International depuis 1998 ? Il faut reconnaître que le présent régime a mis en place des institutions et voté des mesures, toutes ayant pour but de casser les reins à la corruption. Pourtant, la perception que Maurice n’est pas aussi propre qu’il n’en a l’air est tenace.
Durant ces dernières années, plusieurs méga-scandales ont éclaté. L’arrestation de gros bonnets, de ministres et de fonctionnaires ont fait la une de l’actualité. Le signal donné était fort aux nantis qui savent désormais qu’un petit séjour en cellule policière n’était plus le propre du menu fretin.
Les commissions d’enquête ? Elles n’ont plus la cote chez nous. «Il y a eu plusieurs commissions d’enquête, sans forcément des résultats après», affirme Josie Lapierre, Executive Secretary de Transparency International. (voir interview en page 8).
La perception est souvent plus mortelle que la réalité. Transparency International a touché peut-être à notre tendon d’Achille dans son rapport 2004 : la perception d’un manque de transparence entourant l’octroi des contrats au niveau du service public. Heureusement qu’à la douane, il y a comme un léger redressement. Sinon, le scénario aurait été pire.
Le Premier ministre n’a pas caché, hier matin, sa «colère avec l’indice de perception de Transparency International». Pour lui, son gouvernement a maté la corruption. C’est sa perception.
En tenant compte qu’en fin de règne tout gouvernement commet des bévues, la descente aux enfers en 2005 semble inévitable pour Maurice dans l’indice de perception de corruption de Transparency International.
Il est tellement plus facile de dévaler une pente que souvent on oublie que la remonter est une autre paire de manches.