Ainsi Antoine Chetty dit avoir des choses à révéler au sujet des affaires non élucidées où il y a eu mort d’homme. Il souhaite trouver un accord avec le bureau du DPP portant, sinon sur son immunité, au moins sur une peine réduite pour ses forfaits et ce, contre ce qu’il a dans le ventre. Des pourparlers, en vue d’un tel deal, ont commencé entre la police et lui.
C’est aux enquêteurs de jauger Antoine Chetty pour voir s’il n’est pas en train de bluffer. S’il a vraiment des « révélations plus choquantes encore » à faire, il devrait pouvoir donner des indices afin qu’on puisse tester sa crédibilité. C’est, alors, au bureau du DPP de prendre la décision de conclure ou non un arrangement avec lui.
Le fait que des limiers soient suspendus à cet éventuel deal qui leur permettrait peut-être d’avancer dans différentes enquêtes n’est pas très flatteur pour la police. Cela voudrait dire que dans cette petite île Maurice, des crimes odieux pourraient demeurer non résolus sauf si un inculpé décide de se repentir à l’instar d’Antoine Chetty arrêté le 25 mars dernier avec 835 grammes d’héroïne en sa possession.
La police croit que l’ex-bras droit du notaire Vinay Deelchand, lui aussi arrêté, a des choses à dire sur la mort de Rameshwar Sandooram et de sa jeune maîtresse Hansee Ittoo à Bassin-Blanc, sur la disparition d’un couple à Pomponette et sur le décès de Rajeshwur Indur. Si vraiment ces personnes ont été assassinées - les coupables n’étant pas encore été arrêtés en attendant les éventuelles révélations de Chetty - la méthodologie et le savoir-faire de nos enquêteurs devront être montrés du doigt. Leurs moyens remis en question.
Au sujet de l’assassinat de Nadine Dantier par exemple, la police pédale dans la choucroute. Le principal suspect, Marcellin Azie, a été libéré sous caution après avoir passé plus d’une année en prison. Il a même bénéficié d’un allègement des accusations pesant sur lui. Les enquêteurs ne sont plus si sûrs quant à la culpabilité de celui-ci.
Les crimes non élucidés sont un encouragement aux malfrats à poursuivre leurs basses besognes. Ils penseront que les risques qu’ils soient arrêtés ne sont pas très élevés. C’est pourquoi il est important que chaque crime, petit et grand, soit résolu. C’est la meilleure dissuasion.
Dimanche dernier, Gérald Auguste, un jeune employé de banque, a été torturé à mort dans sa maison à la rue Gladstone à Quatre-Bornes. Sa demeure n’a pas été un rempart suffisant contre son ou ses assassins. Est-ce qu’on va nous dire que dans une île Maurice qui se veut moderne on peut trucider un jeune, comme ça, chez lui sans que l’on ne soit inquiété ? Quant au petit Ackmez Aumeer disparu depuis janvier 2003, il reste toujours introuvable. Les enquêteurs ne semblent être sur aucune piste.
Le gouvernement devrait remettre la question de la loi et l’ordre en haut de son agenda. L’alliance MSM/MMM avait promis qu’elle allait redresser notre pays, à cet égard, mais aussi au niveau de la corruption. La perception de celle-ci est forte au regard du dernier rapport de Transparency International. Si on doit aussi prendre la dangereuse pente quant aux crimes violents, vendre Maurice comme un paradis aux touristes deviendra une farce.
Si un deal est conclu avec Antoine Chetty, il se pourrait qu’il nous emmène à visiter davantage cette île Maurice glauque, parallèle où il existe un autre système de valeurs. Reste à savoir comment, si tel est le cas, les autorités réagiront pour rendre le pays plus sûr.
Déjà que les fantômes de St. Paul ne cessent de nous hanter.