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«L’investisseur étranger n’aime pas les pays corrompus»

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Maurice dégringole. À l’échelle de perception de corruption de Transparency International, notre pays a perdu six places cette année, passant de la 48ème à la 54ème place. Josie Lapierre, Executive Secretary de Transparency, tire la sonnette d’alarme afin d’éviter que les investisseurs étrangers ne boudent Maurice.

Q : Quelle est la définition de la corruption pour Transparency International ?

R : La corruption, pour nous, c’est l’abus d’une position de pouvoir officiel à des fins d’enrichissement personnel.

Q : Comment Maurice a-t-elle atterri sur la liste des pays à être sondés?

R : L’indice de perception de corruption (ICP) est un indice composite basé sur des enquêtes et des sondages qui reflètent la perception des milieux d’affaires et d’analystes de risques-pays, tant des résidents que des non-résidents. L’IPC 2004 se base sur 18 enquêtes de 12 organisations indépendantes. Pour faire partie de la liste, il faut qu’il y ait au moins trois enquêtes indépendantes sur ces pays et Maurice en a été l’objet. Cette année, il y a 146 pays, dont Maurice, sur 200 pays souverains sur notre liste. Le score est construit sur une moyenne de trois ans, car il se peut qu’il y ait un méga-scandale ponctuel dans un pays dans une année spécifique qui change toutes les données.

Q : Maurice a perdu six places sur la liste des pays de Transparency International. Doit-on conclure que notre pays est corrompu ou en voie de l’être ?

R : On ne peut affirmer que Maurice est un pays corrompu. Cette année, notre pays est classé 54ème avec un score de 4,1 sur une échelle de 10 contre 4,4 sur 10 l’année dernière. Ce qui peut être inquiétant, c’est que depuis six ans l’indice de Maurice se détériore et glisse vers le bas. On est passé de 5,0 en 1998 pour atteindre 4,1 en 2004. Il faut à tout prix éviter de tomber sous la barre de 4. Figurez-vous que sur les 146 pays, 106 ont un score de moins de 5,0 sur 10, dont Maurice. Alors que le Botswana améliore son score cette année avec 6,0 sur 10 et que Singapour, auquel Maurice aime se comparer, garde sa cinquième position avec 9,3 sur 10, tout proche des pays nordiques qui sont en tête d’année en année. La perception de corruption est moindre dans un pays avec un score proche de 10.

Q : N’est-ce pas paradoxal, à l’heure où des institutions sont mises en place pour combattre la corruption, que notre pays apparaît davantage corrompu ?

R : La corruption est un concept très complexe et est difficile à mesurer. Elle est un facteur de pauvreté. C’est pour cela que nous nous basons, entre autres facteurs, sur l’indice de perception de l’expérience et des perceptions des résidents, des expatriés qui vivent dans un pays et aussi des gens qui ne vivent pas dans le pays mais qui connaissent le pays. L’Economic Intelligence Unit (EIU) et le World Forum, par exemple, prennent en considération la fréquence du paiement de pots-de-vin au niveau de l’import/export, des utilités publiques, du paiement annuel de l’impôt, de l’allocation des contrats publics, de l’indépendance du judiciaire, de la transparence du ‘business environment’. Les médias qui ont la liberté de dénoncer des cas de corruption jouent un rôle important, les législations qui sont votées pour la bonne gouvernance et la transparence sont importantes. Que ce soit les arrestations ou les poursuites au judiciaire, elles doivent se faire avec beaucoup plus de professionnalisme.

Q : Quoi par exemple ?

R : Il y a eu plusieurs commissions d’enquête, sans forcément des résultats après. À ce jour, il n’y a aucune preuve qu’il y ait eu corruption et fraude dans les cas de contrats non-alloués à des investisseurs étrangers et ces actions sont en Cour. Comme ailleurs, il y a eu des cas de malversations financières à Maurice. Il y a des actions qui demandent à être prises rapidement pour plus de transparence.

- Le rapport de Transparency International dit noter une augmentation du niveau de corruption perçue concernant la passation des marchés publics (l’octroi des contrats des ministères à des entreprises privées). Expliquez-nous.

R : La corruption est plus présente dans l’octroi des contrats publics : Transparency International estime que US 400 milliards par an sont perdus mondialement en pots-de-vin. L’objectif pour contrer cela est de donner le maximum d’outils - qui soient adaptés aux tendances mondiales - à ceux qui gèrent ces marchés, comme le Central Tender Board (CTB). La responsabilisation de tout un chacun et la transparence devraient être à l’agenda pour éviter toute perception de corruption et pour mieux combattre la corruption.

Q : Est-ce que le blanchiment d’argent figure parmi les facteurs retenus ?

R : Le blanchiment d’argent est souvent lié à la drogue. Maurice n’a pas la réputation d’être une destination ou l’on blanchit de l’argent. Mais c’est un facteur qui est analysé parmi d’autres. L’une des questions relève de paiements pour faciliter l’import/export des produits. Il y a eu plusieurs cas de perception de corruption dans le temps liés à la douane.

Q : Avec son mauvais score, un investisseur étranger réfléchirait-il à deux fois avant de s’implanter à Maurice ?

R : L’investisseur va considérer l’indice de perception de la corruption d’un pays avant de s’y implanter. Il veut s’assurer un retour sur ses investissements (Foreign Direct Investment - FDI) dans un environement sain. L’investisseur étranger n’aime pas les pays corrompus. Même si c’est une perception.

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