Ça commence à bien faire. Un an après le rapport pondu par l’ASP Dass Joganah sur l’état des lieux de nos prisons, la situation n’a pas changé d’un iota. Pire, elle a empiré. Mais, le Premier ministre a répété, au cours d’une conférence de presse hier, vouloir y mettre bon ordre. Avec des conservateurs aux prisons ?
Le PM nous avait promis «des prisons les mieux gérées au monde». Il est permis de mettre un bémol à cela quand on sait que les informations canalisées vers Paul Bérenger sont souvent erronées. Le rapport Joganah va dans ce sens.
La drogue, de la bonne encore, y circule librement. La sodomie entre détenus est d’une banalité. Le sida, n’en parlons pas. Les évasions aussi.
L’univers carcéral est gangrené. Personne ne veut – ou ne peut – venir à son chevet. Le mal, dans nos prisons, nécessite des remèdes de cheval, comme le préconise le rapport Joganah. Pas de petits pansements superficiels.
Il semble que Paul Bérenger commence à comprendre la tâche herculéenne qui l’attend. Hier, il a avoué qu’il «n’est pas satisfait du tout» de la situation dans les prisons et qu’il existe «des failles». Il a promis une «reprise en main dans les jours à venir».
Il avait tenu le même discours, il y a un an. Pathétique.
Ultime injure de la part de Paul Bérenger. Il a eu le culot, hier, de faire un appel à la presse pour qu’elle ne fasse pas ses choux gras des failles de notre système carcéral. Il promet que tout changera très bientôt.
Ainsi, il pense avoir trouvé l’oiseau rare, un étranger - encore un autre - pour redresser la situation derrière les barreaux. Il veut tenter le coup, comme il l’a fait «avec les douanes». Les prisons et les douanes sont comme la nuit et le jour. Le PM devrait le savoir.
Hormis quelques-uns, les gens faisant partie de ce corps de métier sont réfractaires à tout changement. Le conservatisme leur sied tellement que toute tentative de réforme donne à ces hommes en uniforme de l’urticaire.
L’étranger qui sera officiellement nommé à la tête de nos prisons l’apprendra bien vite à ses dépens. À moins d’avoir un solide tempérament et le soutien sans faille du gouvernement, on ne le voit pas avoir les coudées franches dans cette jungle que sont nos prisons.
Déjà, certains cadres et gardes-chiourme – et non des moindres – ont donné le ton. Ils comptent saisir la justice pour renvoyer l’étranger de là où il vient. Un autre groupe tente actuellement tout pour que l’étranger censé les diriger plie bagages.
Si Paul Bérenger est sérieux quand il affirme vouloir des prisons «les mieux gérées au monde», il devrait résister à ce puissant lobbying. Il a tout à perdre avec les conservateurs.