’État reconnaît qu’il existe des pauvres à Maurice. L’existence du ‘Trust fund for the social integration of vulnerable groups’ (TFSIVG) en est une indication. Au-delà de la définition à donner à la pauvreté et du nombre de nos compatriotes qui vivent dans la misère, c’est un fait qu’il existe, comme dans tous les pays, différentes classes sociales chez nous. Il en existe une qui se situe au bas de l’échelle.
On est toujours pauvre par rapport à un autre. Nos défavorisés à nous sont mieux lotis que ceux du quart-monde par exemple. Darma Mootien, président du TFSIVG, a raison de dire, en page 8, que « la misère absolue n’existe pas à Maurice » dans le sens qu’il «n’y a pas un Mauricien ou un Rodriguais qui meurt de faim. »
Nos pauvres à nous, il faut les aider à se relever, à ne plus dépendre des autres pour vivre. Le Trust Fund, des ONG, des entreprises – ceux découvrant leur responsabilité sociale notamment dans le sillage des émeutes de février 1999 – tentent d’encadrer les démunis afin qu’ils puissent, grâce à des activités rémunératrices, devenir autonomes financièrement.
L’idée - archi-répétée mais toujours très pertinente - c’est d’enseigner aux pauvres comment pêcher au lieu de leur donner du poisson tous les jours. Il est important de leur inculquer le sens de l’effort, du sacrifice, des initiatives. La faute n’est pas toujours aux autres. Il est nécessaire de le rappeler en cette Journée internationale du refus de la misère.
Nous devrions être vigilants en ces temps difficiles. Notre économie se fragilise, caractérisée par des fermetures d’usines. Ce qui peut accroître la pauvreté. Il est important, face à une telle situation, de faire preuve d’imagination pour tenter de juguler celle-ci.
Alors davantage de social de la part de l’État ? Mais comment le financer ? Cela supposerait davantage de taxe. Or, la taxe, les Mauriciens la supportent difficilement. Ils pensent que le seuil du tolérable est atteint. En tout état de cause, trop de taxe tue la taxe dans le sens que des charges accrues affectent négativement les entreprises, ce qui provoque une diminution des recettes fiscales. Il existe un débat chez nous sur l’État providence. Le gouvernement montre des signes qu’il voudrait la restructurer au bénéfice des plus démunis. Les tenants du social crient au viol. Il va falloir trouver l’équilibre.
Au fait, c’est quand l’économie va que tout va. Et l’économie, ce sont les entreprises. Il est important de favoriser l’entrepreneuriat dans le pays. Créer de l’emploi est nécessaire parce que le chômage est une des causes de la pauvreté. En même temps, il faudrait, au travers de toutes sortes de mécanismes, notamment fiscal, inciter les entreprises à faire davantage du social. Quelques-unes d’entre elles ont, par exemple, créé des fonds de pension pour leurs employés auxquels elles contribuent quelquefois à raison de deux tiers.
Les entreprises devraient comprendre qu’elles n’évoluent pas dans un vacuum. L’État joue les facilitateurs pour elles. Et l’État, ce sont les différentes institutions qui ont été créées ou entretenues par les élus du peuple qui se sont succédé. C’est pourquoi l’entreprise ne peut être déconnectée de la société dans son ensemble. Il importe qu’elle fasse sa part de solidarité.
La conjugaison des actions de l’État et de celles du business pour contenir la pauvreté et éventuellement l’éradiquer est souhaitable.
C’est dans une société saine qu’on peut entreprendre d’une façon optimale.