Grâce à sa dextérité, le pilote indien Ram Kumar a pu atterrir sans trop de casse son Mirage qui
était en détresse
Le pire a été évité. C’est le constat du ministre responsable de l’Aviation civile, Sangeet Fowdar. Il est d’avis que si le Mirage que pilotait l’Indien Ram Kumar avait explosé, « ç’aurait été une catastrophe » à l’aéroport international de Plaisance, lundi dernier.
Maurice a donc évité une catastrophe, selon le ministre. Que se serait-il passé si l’avion avait explosé ? «Une explosion d’un avion au cœur de l’aéroport peut avoir des conséquences terribles. Une explosion entraîne d’autres, d’autant qu’il y avait des avions en stationnement,, des employés sur le tarmac, sans compter le danger que représente le carburant », répond Sangeet Fowdar.
Il est conscient, toutefois, qu’en cas d’explosion, les pompiers allaient réagir promptement pour prévenir tout danger. « On a eu peur, mais le pire est derrière nous », dit-il.
Après le show aérien de Choisy, les avions de l’air de l’armée indienne se sont dirigés vers Plaisance. Le Mirage de Ram Kumar suivait un autre Mirage qui avait déjà atterri. En amorçant sa descente, le pilote constate que son train d’atterrissage est bloqué . Il prend alors la décision de se diriger quand même vers la piste et de poser son appareil sur le ventre. ‘Belly landing’ parfait, sans trop de dégâts. Surtout, pas d’explosion.
Le ministre Fowdar, qui a été le premier des ministres à se rendre sur les lieux et qui a ensuite tenu le Premier ministre au courant des événements, reconnaît que « c’est la dextérité du pilote indien du Mirage qui, même en atterrissant son avion sur le ventre a su éviter des dégâts inimaginables « .Il a d’ailleurs félicité le pilote Ram Kumar, ‘Chief Escadron’ de l’Indian Air Force, lors de la réception offerte en l’honneur des pilotes de cette unité indienne par la Haute commission de l’Inde à Maurice, mardi dernier.
Le ministre, mis au courant par les officiers de l’Aviation civile, a appris que si le premier des Mirages avait atterri sur le ventre - tel n’a pas été le cas, car c’est le deuxième qui a atterri en catastrophe - « il y aurait eu de fortes possibilités que le Mirage qui suivait allait avoir de sérieux problèmes et que l’accident n’aurait peut-être pas pu être évité, avec les conséquences que l’on devine », dit le ministre Fowdar. C’est pour cela qu’il reconnaît qu’il y a eu le facteur chance couplé au professionnalisme du pilote Ram Kumar « qui n’a pas paniqué ».
Un rapport préliminaire de l’Aviation civile a été remis au ministre Sangeet Fowdar qui attend un autre rapport final plus détaillé qui sera prêt dans environ deux semaines. «Le rapport final déterminera exactement ce qui s’est passé et nous sommes tenus d’être rigoureux dans ce domaine, puisqu’il y va de notre image internationale. Valeur du jour, l’erreur est technique. Les experts indiens qui sont attendus dans les jours qui viennent feront aussi un rapport pour l’Indian Air Force », a déclaré le ministre.
Nous avons appris que le rapport final devrait faire état des informations suivantes : y a-t-il eu un échange radio entre le pilote indien et la tour de contrôle ? Si non, pourquoi ? Si oui, quelle en est la teneur ? Y a-t-il eu, en l’absence de contact avec la tour de contrôle de la part du pilote, une tentative de la tour de contrôle d’entrer en contact avec le pilote en difficulté ? Si non, pourquoi ? Si oui, quelle en est la teneur de la conversation ? À cela, la bande enregistreuse de la tour de contrôle est primordiale, du fait que toutes les conversations entre la tour et les avions y sont enregistrées.
Le Mirage se trouve actuellement dans un hangar de l’aéroport en attendant l’arrivée des experts indiens pour un audit des dégâts. À la Haute Commission indienne, on déclare qu’on ne sait pas quand l’avion pourra quitter Maurice même si on estime que les dégâts sont minimes et que le Mirage pourra effectuer son vol retour vers sa base en Inde
Paul Bérenger admiratif
Nous avons appris que les explications du pilote ont, par contre, satisfait ses supérieurs et une enquête approfondie est actuellement menée par une équipe de l’Indian Air Force (IAF) pour déterminer les causes exactes de l’incident qui aurait pu avoir de graves répercussions, n’était-ce la dextérité et le courage du pilote Ram Kumar.
Justement, Ram Kumar était la coqueluche de la réception offerte par la Haute Commission indienne à Maurice au Centre Indira Ghandi de Phoenix en l’honneur des pilotes de l’IAF, mardi dernier.
Pour la réception, Ram Kumar avait troqué son bel uniforme de pilote contre une tenue de ville, comme ses autres collègues pilotes d’ailleurs.
Pas très loquace, le pilote Ram Kumar a quand même échangé quelques mots avec le Premier ministre, Paul Bérenger, qui l’a chaudement félicité, tout en lui confiant comment il a vécu le show de Choisy la veille. « J’étais admiratif comme un enfant. D’autant que lors des passages des avions, j’ai aperçu un banc de poissons mulets qui sautillaient. C‘était merveilleux », a-t-il dit avec le sourire.
Le pilote dont l’avion a effectué un ‘belly landing’ était pourchassé par les journalistes, mais il arrivait à se tirer d’affaire, encadré pour la plupart du temps par ses collègues pilotes. Le mot d’ordre de leurs supérieurs était : motus et bouche cousue !
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Ram Kumar : «Either I land well, or…»
Il avait voulu se faire très petit, lors de la réception donnée en l’honneur des pilotes mardi dernier, pas par honte, mais pour éviter la presse à tout prix. Mais Ram Kumar, le pilote indien qui a atterri son Mirage sur le ventre lundi dernier, a quand même fait part, en quelques secondes, des sentiments qu’il a éprouvés quand il a compris que son train d’atterrissage ne s’ouvrait pas.
Les réponses du pilote arrivent par bribes. «Either I land well, or…». C’est ce qu’il s’est dit lundi dernier au moment où il a placé son avion dans l’axe de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Plaisance. À cet instant, le train d’atterrissage de son avion « était bloqué ». L’atterrissage sur le ventre était alors l’option choisie par le pilote.
Au dire de ses camarades de l’IAF, le ‘Chief Escadron’ a tout pour être fier. Après le show de Choisy où les pilotes indiens de l’ IAF ont laissé voir leurs immenses talents, Ram Kumar devait prendre la direction de l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam. « Tout allait bien », dit Ram Kumar.
Puis, c’est le doute. « Le train d’atterrissage restait bloqué et il fallait prendre une décision », dit-il dans un parfait anglais. Avait-il peur à cet instant précis ? «Je suis un professionnel de l’aviation et, en tant que tel, la panique ne sert à rien, le sang- froid est important », répond-il. Le pilote précise qu’il a fait ce genre d’atterrissage dans des exercices de simulations.
Les invités présents à la réception n’avaient que cet atterrissage très spécial pour sujet de conversation, mais se faisaient un devoir de ne pas dramatiser la chose. À l’instar du ministre Sangeet Fowdar qui nous a dit qu’il trouvait le geste du pilote «exceptionnel» et qu’il mérite «nos félicitations».
Quant à Juan Carlos Rey, de la Commission européenne, il a aussi «apprécié la façon dont le pilote a manié son appareil sur la piste, sans le train d’atterrissage». Il a partagé avec le ministre Fowdar sa passion pour les vols : «Je pilote un planeur, j’ai une passion pour les avions»
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La Haute-Commission indienne privilégie «l’incident technique»
L’incident dans lequel est impliqué un Mirage à l’aéroport de Plaisance lundi dernier est «de nature technique». Selon Prasant Agarwal, le second secrétaire à la Haute Commission indienne à Maurice, l’avion militaire a atterri sur le ventre à cause du non fonctionnement du train d’atterrissage.
«Le pilote ne peut être en rien responsable si le problème est technique. Au contraire, il a démontré ses talents en faisant atterrir son appareil sans problème majeur. Les pilotes de l’Indian Air Force sont entraînés pour parer à ce genre de situation», déclare-t-il.
L’arrivée d’experts de l’Indian Air Force pour examiner le Mirage impliqué dans l’incident à Plaisance est attendue dans les jours à venir. «Nous ne savons pas quand exactement, mais ça ne saurait tarder», soutient Prasant Agarwal.
Ces experts feront un rapport sur les causes de l’incident ainsi qu’une évaluation des dégâts. Ils feront aussi les réparations nécessaires.
Le second secrétaire à la Haute Commission avance que les dégâts causés à l’appareil lors du ‘belly landing’ sont minimes et que l’avion pourra sans doute voler pour l’Inde. «On ne sait pas quand l’avion pourra regagner sa base. On attend la venue des experts indiens pour être fixé là-dessus», avance Prasant Agarwal.
Pour le moment, l’appareil militaire indien se trouve toujours dans un hangar à l’aéroport de Plaisance.
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L’incident évoqué dans la presse indienne
Dans son édition du 5 octobre dernier, le journal indien ‘Indian Express’, fait mention de l’incident impliquant un Mirage 2000 de l’armée de l’air indienne lundi dernier à l’aéroport de Plaisance.
Selon le journal indien, l’appareil a été «severely damaged» car son train d’atterrissage n’est pas sorti à temps.
En revanche, Prasant Agarwal, second secrétaire à la haute-commission indienne, nous a affirmé que les dégâts causés à l’avion lors de ce ‘belly landing’ sont «minimes.»
L’Indian Express déclare, par ailleurs, que le pilote n’a pas été blessé et que d’après des informations récoltées auprès de la ‘Indian Air Force’ (IAF) le Mirage pourra à nouveau voler dans une semaine.
À la haute-commission indienne, on soutient également que l’avion, qui se trouve actuellement dans un hangar à l’aéroport de Plaisance, pourra sans doute voler pour regagner sa base en Inde mais on attend l’arrivée, à Maurice, d’experts indiens pour savoir quand cela pourra se faire.
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Mirage 2000 : chasseur de guerre par excellence
L’Inde est un des pays qui ont choisi le Mirage 2000 pour faire partie de l’escadron de son armée de l’air.
Ce chasseur de guerre a été développé par la firme française Dassault dans les années 70. Appareil extrêmement polyvalent – il peut assurer diverses manœuvres aussi bien aériennes que terrestres - le Mirage 2000 a été spécialement conçu pour défendre le territoire français.
L’appareil s’est très bien exporté, notamment vers la Grèce, la Suisse, la Finlande, la Jordanie et l’Inde grâce à son armement complet comprenant des missiles de moyenne et longue portées et de multiples bombes.
Le Mirage 2000 peut atteindre une vitesse de 2 495 km/h. Véritable oiseau de proie à bec pointu, l’appareil peut emporter des missiles Matra Magic 2. Il est également utilisé pour l’attaque au sol et dispose de capacités nucléaires avec la version Mirage 2000N.
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72 ans d’existence pour l’armée de l’air indienne
Plus de 100 000 employés et quelque 1 466 transporteurs, avions de combat et de formation.
C’est la force de frappe de l’‘Indian Air Force’ (IAF) qui a fêté ses 72 ans le 8 octobre dernier. À ses débuts en 1932, l’armée de l’air indienne comptait quatre avions Westland Wapiti. En plus de défendre l’Inde, la IAF a grandement contribué aux efforts de paix internationale, notamment à Sierra Leone.
L’armée de l’air indienne participe également à des exercices de simulation de combat et à des démonstrations à travers le monde.
Avant le ‘show’ auquel ils se sont livrés à Mont-Choisy lundi dernier, les six Mirages, les deux ‘IL-78 refueling aircrafts’ et les deux ‘IL-76 transport aircrafts’ revenaient de l’Afrique du Sud. Ils ont participé à l’opération de simulation ‘Golden Eagle’ ainsi qu’à une démonstration à la ‘Africa Aerospace and Defense Exhibition’.
Les appareils de guerre avaient transité par Maurice le mois dernier avant de mettre le cap sur l’Afrique du Sud.
À Maurice, ils ont fait une démonstration, la première du genre dans l’île, en collaboration avec l‘Helicopter Squadron’ et la ‘National Coast Guard’ de Maurice.
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Le voisinage de l’aéroport sous le charme des Mirages
Ils étaient venus, mercredi dernier, pour tenter d’apercevoir encore une fois les Mirages de la Indian Air Force. Ils ont été déçus, les oiseaux de fer militaires avaient pris leur envol pour l’Inde le matin même.
Mais très vite, leur expression change. Un bruit les alerte. Perchés sur leurs vélos, Sylvano et Stéphano, tous deux âgés de 13 ans, scrutent le ciel. L’émerveillement se lit dans leurs yeux alors qu’ils regardent atterrir un avion d’Air Austral.
Ils sont tellement captivés qu’on a du mal à croire que ce spectacle fait partie de leur quotidien puisqu’ils habitent La Grotte, Plaine Magnien, quartier voisin de l’aéroport.
La petite lumière clignotante au loin s’est transformée en un énorme avion. Le bruit de moteur se fait assourdissant. Enfin, le train d’atterrissage – il n’a pas fait de caprices celui-là - touche le sol et l’avion glisse à toute allure sur le tarmac de Plaisance pour s’arrêter des centaines de mètres plus loin. Durant tout ce temps, Sylvano et son copain Stéphano n’ont pas cillé des yeux.
Enfin, ils détournent les yeux de la piste d’atterrissage dont ils sont séparés par un grillage. «J’adore venir regarder les avions atterrir ou décoller», nous fait part Sylvano. Le spectacle ne le lasse pas même s’il habite à côté de l’aéroport. Et le bruit des avions ne le dérange pas. Idem pour Stéphano et pour les autres habitants du quartier.
Par contre, lundi dernier, la routine a été quelque peu perturbée. Un bruit de moteur beaucoup plus puissant que celui des avions ordinaires - et «choquant» au départ - a brisé le doux ronron qui berce généralement le quartier. Tous les habitants se sont précipités pour voir de quoi il s’agissait. C’était les appareils militaires indiens qui décollaient pour se rendre à Mont-Choisy où ils se sont livrés à un ballet aérien qui a époustouflé des milliers de Mauriciens.
«Même ici nous avons eu droit à un petit spectacle. Il y avait un avion qui volait avec, à ses côtés, deux plus petits dans une synchronisation parfaite. C’est la première fois que nous voyons ce genre de chose», s’exclame Anirood Luckhun, fonctionnaire.
Le petit Alwaled, 9 ans, en rêve encore de ces avions. Quand il en parle, il a les yeux qui brillent et ses gestes traduisent une excitation qu’il a du mal à maîtriser : «Je revenais de mes leçons particulières quand j’ai vu les avions dans le ciel. Ils ressemblaient vraiment à des oiseaux. C’est dommage que je n’aie pas pu les voir décoller ni atterrir».
L’incident dans lequel est impliqué un des Mirages 2000, Alwaled affirme pourtant l’avoir vu. Sa mère Nazima le regarde interloquée. «Je l’ai vu à la télé. Il y avait des étincelles qui jaillissaient sous l’avion et des pompiers sur la piste», s’empresse-t-il alors d’ajouter.
Les Mirages ont laissé un souvenir mémorable aux habitants de Chemin La Grotte. «Nous sommes des privilégiés qui avons pu voir ces avions de près», lance fièrement Richard.
Des avions qui vont et viennent à toute heure de la journée et de la nuit. Les bruits des moteurs assourdissants. Les habitants de chemin La Grotte y sont habitués ça ne les dérange nullement. «Sans cela, nous ne pourrions pas dormir le soir», plaisante Anirood Luckhun.
Et Stéphano et Sylvano d’enfourcher leurs bicyclettes pour regagner leurs domiciles. Demain, ils viendront peut-être encore voir leurs avions adorés. Et tant pis si ce ne sont pas des Mirages.
Par Jean-Claude Dedans
et Michaëlla Coosnapen