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«Si certains veulent partager la vision économique du PTr, ils sont les bienvenus»

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Les portes du PTr sont grandes ouvertes. Le ministre des Finances du Cabinet fantôme du PTr, Rama Sithanen, impose toutefois une condition: ceux qui veulent se joindre à l’Alliance sociale devraient épouser la vision économique des rouges.

Q : Le Premier ministre a dit, lors d’une conférence de presse il y a deux semaines, que tous les indicateurs économiques sont encourageants, annonçant même une reprise dans différents secteurs. Les commentaires de l’ancien ministre des Finances que vous êtes ?

R : Il y a deux mois, le Premier ministre avait mobilisé la presse pour dire trois choses à la nation : il y a un état d’urgence économique ; la crise est sans précédent ; la situation est dramatique. Deux semaines après, il met cela sur le dos de facteurs extérieurs. La croissance économique est de 4% et sans un taux de 7%, il est impossible de combattre le chômage. Selon le Fonds monétaire international (FMI), notre déficit budgétaire est très élevé, la dette publique est de Rs 110 milliards, soit 70 % du Produit intérieur brut (PIB). Au niveau sectoriel, le sucre, la zone franche et le tourisme sont en difficulté. Le gouvernement ment sur les recettes touristiques. C’est impossible, avec une croissance zéro, des nuitées qui stagnent et une appréciation de l’euro de 10%, d’avoir une augmentation des recettes de 40 %. C’est du jamais vu.

Q : Au crédit du gouvernement, il faut reconnaître les investissements massifs dans le secteur éducatif qui expliqueraient, peut-être, la dette publique.

R : Les investissements sont massifs en termes de béton mais le taux d’échec au CPE est en hausse. Je pense qu’il y a effectivement des facteurs extérieurs qui influent sur notre économie, mais il y a aussi de mauvaises mesures qui ont été prises par incompétence. Un exemple : pour le premier trimestre, la zone franche a perdu plus d’un millier d’emplois, pour le second, plus de six milliers et le gouvernement a le culot de nous dire que ‘the worst is behind us’. Les raisons de cette crise : nous n’avons pas demandé la dérogation du ‘third country fabrics’ de l’AGOA qui nous aurait permis d’importer des matières premières des pays autres que ceux de l’Afrique; on construit 3 200 chambres en trois ans, on réduit en euros nos dépenses pour la promotion et on ajoute une taxe punitive sur les arrivées touristiques ; la formation en informatique est nulle. Ce sont des ‘self-inflicted wounds’ que le gouvernement se fait par sa mauvaise gestion. Ne mettons pas tous nos problèmes sur le dos des facteurs extérieurs.

Q : Vous aviez tenu le même discours quand le PTr était aux commandes du pays entre 1995 et 2000 et que vous étiez dans l’Opposition.

R : La croissance était plus élevée sous les Travaillistes, le déficit était moins important et la dette moins onéreuse. Les gens sont plus pauvres aujourd’hui qu’ils ne l’étaient sous le régime précédent. J’avais fait des critiques entre 1995 et 2000, mais aujourd’hui c’est pire. Les chiffres sont là pour le prouver. Ce gouvernement a pris trop de mauvaises décisions, dont celle de terroriser 125 000 pensionnés pour économiser Rs 5 millions; il augmente le prix du riz ‘ration’ de 40% alors qu’il fait des largesses ailleurs. Plus de Rs 3 milliards à quelques privilégiés dans le morcellement de 400 arpents de terre à Ébène. Des terrains achetés à Rs 45 la toise sont vendus à Rs 8 000 la toise.

Q : Ministre des Finances sous le gouvernement Jugnauth père, vous aviez annoncé votre intention de revoir les subsides sur le riz et la farine. Vous aussi, vous touchiez là à un symbole.

R : Les mesures étaient annoncées par SAJ et Bérenger. Le contexte était différent alors et, en annonçant de revoir les subsides sur le riz et la farine, j’avais accompagné cette mesure d’un ‘income support’, d’une ‘Food Aid’, et les gens n’étaient pas aussi pauvres; la situation n’était pas aussi précaire qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il n’y avait pas de fermetures d’usines toutes les semaines.

Q : Qu’auriez-vous fait aujourd’hui en tant que ministre des Finances ?

R : Il y a beaucoup de compagnies qui font le ‘hedging’ sur les produits pétroliers. Le ‘hedging’ est le concept suivant : si on pense que le prix d’un produit va connaître une hausse importante, on prend une assurance et on passe une commande dont la livraison se fera dans six mois, un an, deux ans. Pourquoi la State Trading Corporation n’a-t-elle pas fait du ‘hedging’ en sachant que les prix prennent toujours l’ascenseur, que la Chine va augmenter sa consommation, que la crise irakienne durera encore longtemps. On aurait pu acheter le baril de pétrole à $ 22 et se faire livrer aujourd’hui où le prix est à $ 50. On aurait été gagnant.

Q : Abordons l’aspect politique : il y a des rumeurs selon lesquelles le PTr s’est mis à la table des négociations avec le MMM. Seriez-vous partant pour travailler avec Paul Bérenger ?

R : Il y a des initiatives personnelles qui sont prises par certains, et non des moindres. Il y a plusieurs écoles de pensée, dont une qui dit qu’il faut trouver un large consensus pour faire face aux nouveaux défis. D’autres pensent que la nature de la politique à Maurice ne va pas nous aider à appréhender ces problèmes-là. Il y a d’autres qui tentent de survivre politiquement et veulent une alliance coûte que coûte

Q : Et votre préférence ?

R : Je pense que les gens sont aujourd’hui exigeants. Notre système électoral encourage le conflit et la contradiction beaucoup plus que le consensus et la collaboration. Il y a dans le monde des arrangements institutionnels qui encouragent le consensus. Valeur du jour, il n’y a pas d’alliance. L’alliance sociale va gagner les élections seule, car les Mauriciens sont très déçus de ce gouvernement. Une alliance avec le MMM ou le MSM, comme certains le veulent ? Pour faire quoi ? Il faut tomber d’accord sur l’orientation à donner pour diriger le pays et le sortir de la crise profonde. Quelle que soit l’architecture, en termes d’alliances politiques, qu’on aura, il faut savoir les grands axes du développement économique et social du pays. Si certains veulent partager la vision économique du PTr, ils sont les bienvenus.

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