Une chose est sûre: Paul Bérenger n’a aucune intention d’aller à la présidence en 2008
«Mo réserve le droit dire bout par bout si li servi mo political purpose». Eh oui ! À en croire sa propre déclaration hier, le PM compte nous livrer petit à petit des bribes de sa ‘Winning Formula’ si cela sert ses objectifs politiques. Pravind Jugnauth et les membres de l’Opposition pensent, quant à eux, qu’il y a d’autres priorités en ce moment.
Ce que le PM nous a appris en début de semaine, c’est que si l’alliance MMM/MSM remporte les élections générales en 2005, il sera le Premier ministre durant les trois premières années et Pravind Jugnauth lui succédera à ce poste en 2008.
Paul Bérenger a dit vouloir laisser le champ libre au vice-Premier ministre pour diriger le pays en 2008. Quant à lui, il conservera son poste de leader au sein du MMM. «Aller au Réduit, je ne l’envisage pas», a-t-il affirmé. La formule prévoit simplement qu’une autre personnalité succédera à sir Anerood Jugnauth à la présidence.
«Au bout de cinq ans du prochain mandat, toutes les options resteront ouvertes. Aucune décision n’a encore été prise», a aussi déclaré le PM.
Paul Bérenger a abordé de nouveau le sujet hier lors de sa conférence de presse. Tout en réaffirmant qu’il n’a jamais eu l’intention d’aller à la présidence, il a déclaré : «J’exposerai les détails de la ‘Winning Formula’ à mon partenaire le moment venu. Je finaliserai les choses et je préciserai ce qu’il y a dans ma tête en temps et lieu, beaucoup plus près des élections. Pravind Jugnauth a raison : la finalisation de la formule n’est pas d’actualité».
Plus tôt, sur les ondes de Radio One, Pravind Jugnauth avait en effet déclaré que la ‘Winning Formula’ n’est pas une priorité pour le moment. Il a ajouté que les priorités sont le Protocole sucre et le dossier Chagos.
À Radio Plus, vendredi dernier, le VPM a fait la déclaration suivante : «On discute toujours de la ‘winning formula’ et de certains détails de ce ‘package’. (...)C’est une discussion entre deux leaders au niveau des partis».
Par contre, quand nous avons essayé d’avoir une déclaration de la part de Pravind Jugnauth jeudi dernier sur la ‘Winning Formula’, son attaché de presse, Dev Beekarry, nous a dit que le VPM ne souhaitait pas faire de commentaire pour le moment sur la formule : «Peut-être plus tard».
Bérenger ne jouera pas «les Sonia Gandhi»
Du côté de l’Opposition, on pense également qu’il y a des choses plus importantes que la ‘Winning Formula’ en ce moment.
«Il y a le problème du secteur sucre, il y a le textile, il y a le dossier du Commonwealth. Le peuple n’a pas besoin de ‘winning formula’, il a besoin d’un PM qui gouverne pour tout le monde », a déclaré le leader de l’Opposition et du PTr, Navin Ramgoolam, lors du dîner annuel du ‘All Vaish Congress’.
Au cours de sa conférence de presse hier, le leader de l’Opposition est revenu sur le sujet pour dire que «c’est comme le Titanic qui coule et qui cherche un capitaine».
Arvind Boolell pense comme son leader qu’il y a d’autres priorités que la ‘Winning Formula’. Il ajoute, sarcastique : «Je ne crois pas que Bérenger jouera les Sonia Gandhi en s’occupant de son parti tout en laissant les rênes du pouvoir à Pravind Jugnauth».
Quand à Rama Valayden, leader du Mouvement Républicain, il pense que «Paul Bérenger va se retirer du gouvernement en 2008 afin de préparer le terrain pour son fils».
Rama Valayden aussi bien que Xavier-Luc Duval, leader du PMXD, estiment également que Paul Bérenger a mal choisi le moment pour parler de formule pour aller aux élections alors qu’il y a «des problèmes plus urgents». Quant à Maurice Allet, leader du PMSD, il nous a déclaré : «Je crois que le MMM et le pays ont encore besoin de Paul Bérenger. Je suis dans cette alliance et je reste dans l’équipe». Nous avons essayé en vain d’avoir une réaction de Sylvio Michel, leader des Verts-OF.
Toujours est-il que Paul Bérenger – c’est clair – ne veut pas quitter la politique active. Au cas où l’alliance MMM/MSM l’emporterait en 2005, il deviendra un concurrent potentiel pour Pravind Jugnauth en 2010 parce qu’il refuse d’aller au Réduit et qu’il affirme que «toutes les options resteront ouvertes» au bout de leur éventuel mandat. Mais d’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts.
Par Michaëlla Coosnapen et jean-Marie Gangaram