L’exposition au ‘Clothing Technology Centre’ de l’EPZDA durant la semaine écoulée donnait un avant-goût du travail des créateurs mauriciens avant le grand défilé
Les marques mauriciennes semblent avoir trouvé leurs marques! La griffe mauricienne ne jure que par la valeur ajoutée, la créativité pour se démarquer et rester dans la course dans un secteur menacé.
À jeudi, il était question que ce soir les marques mauriciennes seront à l’honneur. 17 entreprises de textile vont présenter leurs créations pour clôturer la semaine d’activités organisée par l’EPZDA en collaboration avec la MIDA, la MCCI et la MEPZA sous le thème ‘Invitation à la Découverte 2004’.
“Nous pensons que c’est la plateforme idéale pour promouvoir les créations mauriciennes. C’est important de montrer ce qui se fait à Maurice et que le label ‘Made in Mauritius’ soit reconnu. C’est également une reconnaissance du métier de styliste car c’est en grande partie grâce au savoir-faire des stylistes que les produits textiles mauriciens peuvent rester compétitifs”, déclare Wendy Wong So, ‘Publications and Marketing Manager’ à l’EPZDA.
L’avenir de la marque mauricienne est, en effet, d’une importance capitale pour le textile. Le démantèlement de l’Accord multifibre dans quelques mois, le non-accès de Maurice au ‘Third Country Fabrics’ sous l’AGOA III n’augurent rien de bon pour ce secteur. Pour garder la tête hors de l’eau, il faut sans cesse innover et aller de plus en plus vers les produits de qualité à haute valeur ajoutée.
“On est obligé de vendre la différence et de promouvoir la qualité pour rester dans la course”, soutient Emmanuel Tsang Man Kin, directeur de La Palette. Son entreprise produit les t-shirts de la marque Citadelle et For & Ever qui sont commercialisés principalement en Grande-Bretagne.
Citadelle et For & Ever sont des produits purement mauriciens mais adaptés au marché étranger. “Nous créons des t-shirts avec des ‘designs’ appropriés au pays où nous exportons”, déclare Emmanuel Tsang Man Kin. Les broderies, les diamants, les impressions constituent la principale valeur ajoutée des t-shirts Citadelle et For & Ever.
Si La Palette produit presque exclusivement pour l’exportation, VIEO Industries fabrique une gamme de vêtements destinés au marché mauricien. Ce sont les marques Maille Street et Inam, bien connues des férus de pulls et autres produits en maille de qualité. Des marques très prisées des touristes, selon Shenaz Currimjee, responsable de ces gammes de vêtements.
“Maille Street et Inam sont des produits conçus et fabriqués à Maurice. Maille Street a été pendant longtemps distribuée en France mais maintenant cette marque est vendue uniquement à Maurice. Inam est un produit plus récent fabriqué avec du cachemire”, soutient Shenaz Currimjee.
Mais comment fait donc VIEO Industries pour se démarquer des autres marques de pulls qui ne manquent pas sur le marché mauricien? “Il y a un grand travail de valeur ajoutée de la conception jusqu’au produit final. On essaye de promouvoir un nouveau visage mauricien avec par exemple des tuniques qui se portent sur les pantalons à la mode orientale”, affirme Shenaz Currimjee.
Pour Shranaz Moorbanoo, designer chez VIEO Industries, créativité, observation, innovation, différenciation, qualité sont les maîtres-mots pour rester dans la course. Il faut aussi, selon elle, courir les salons du fil et de la mode, commencer à travailler une collection un an et demi à l’avance. Des tendances adaptées à une réalité bien de chez nous.
S’accrocher et innover
C’est cette même réalité, cette même culture mauricienne que veut promouvoir La Chance Ltée. Cette dernière fabrique des produits Oneye, marque très prisée par les jeunes Mauriciens. D’ailleurs, ces produits sont principalement vendus à Maurice dans les magasins du même nom. “Nous tentons une percée sur la Réunion mais nous préférons nous concentrer sur le marché mauricien où nos produits s’écoulent bien”, déclare Françoise Antelme, directrice de La Chance Ltée.
Au départ, en 1996, l’entreprise fabriquait des vêtements de plage uniquement. D’ailleurs, la marque est inspirée du surf. Mais de plus en plus, La Chance Ltée va vers le streetwear comme le montre la dernière collection en velours déteint.
“Nous faisons des collections assez souvent pour que nos modèles ne soient pas copiés et on met l’accent sur les broderies, les pattes, bref tous les accessoires à la mode pour un style jeune et branché. Nous nous inspirons des tendances internationales que nous réadaptons à la réalité mauricienne”, dit Françoise Antelme.
Elle avoue que cela devient de plus en plus compliqué de produire des vêtements car il faut beaucoup de créativité et de valeur ajoutée: “Heureusement que maintenant nous avons un ‘designer’ à plein temps. Avant, nous faisions un peu du surplace”.
Comme tous les fabricants de marques mauriciennes, Françoise Antelme est consciente que la compétition sur les marchés local et international va devenir de plus en plus rude: “Mais il faut s’accrocher et innover sans cesse. La Chance Ltée est une petite entreprise qui n’exporte ni vers l’Europe ni vers les États-Unis, donc nous ne serons pas aussi affectés”.
Emmanuel Tsang Man Kin pense également que la petite taille de son entreprise préservera cette dernière des menaces qui pèsent sur le secteur textile. “De toute façon, pour ce qui est des exportations vers l’Europe, nous allons de plus en plus vers le moyen et haut de gamme, ce qui va nous protéger de l’envahissement des produits bas de gamme des pays comme la Chine”.
Du côté de VIEO, la restructuration a déjà commencé pour faire face aux intempéries.
Bien que le ciel s’annonce chargé de nuages pour le secteur du textile et de l’habillement, nos fabriquants gardent leur optimisme et sont plus déterminés que jamais à promouvoir la griffe mauricienne. Allez Maurice!