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L’Église catholique clouée au pilori

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Lysie Ribot et Suttyhudeo Tengur

Suttyhudeo Tengur, président de la Government Hindi Teachers Union (GHTU), et Lysie Ribot, présidente de la Secondary and Preparatory School Teachers and Other Staff Union (SPSTSU), tirent à boulets rouges sur l’Église catholique et dénoncent sa démagogie quant au rabaissement de l’‘aggregate’. Tous deux se demandent où est passée l’option pour les pauvres que le BEC voulait prôner.

Q : L’Église catholique veut éliminer l’élitisme dans ses collèges. Y croyez-vous ?

Suttyhudeo Tengur : L’Église donne une perception qu’elle abaisse le ‘Requirement Entry’. En fait, l’Église n’a pas bougé d’un iota pour faire de la place à l’enfant qui, supposément, a le droit d’avoir accès à une éducation catholique. Je pense ici aux enfants de Roche Bois, des cités et des écoles de la Zone d’Éducation Prioritaire (ZEP) : croyez-vous que la majorité d’entre eux pourraient avoir un ‘aggregate’ dans la fourchette de 15 à 20 ? Où est donc cette fameuse option pour les pauvres? Il y a une différence entre ce que dit l’Église et ce qu’elle fait. Ce faisant, l’Église catholique maintient le cap vers l’élitisme et elle leurre ses propres paroissiens.

Lysie Ribot : Je ne suis pas pour une élimination totale de l’élitisme dans nos écoles. Si l’Église dit qu’elle doit s’occuper des ‘low achievers’, c’est son devoir de le faire, mais c’est également son devoir de s’occuper de l’élite. Sinon, qui va diriger le pays demain ? On a besoin de former cette élite pour assurer la relève des décideurs demain. Baisser les critères pour le recrutement dans nos écoles est la politique prônée pas les autorités catholiques. On se plie à cette décision, mais on dit que ce rabaissement de grade devrait aller de pair avec deux conditions : la première, qu’on ait moins d’élèves en classe et la deuxième, qu’on donne aux profs une formation pour travailler avec les ‘low achievers’. Ce n’est pas nouevau que nous soyons appelés à travailler avec des ‘low achievers’. On est prêts à relever le défi.

Q : Le Bureau de l’Éducation Catholique (BEC) ne veut plus convertir ses ‘star schools’ en Form VI Colleges. Est-ce une façon de quitter en douce la réforme Obeegadoo?

Suttyhudeo Tengur : C’est une claque que l’Église donne au gouvernement pour des raisons qu’elle est seule à connaître. La réforme du ministre Obeegadoo a avorté. On est dans un pays avec deux systèmes d’éducation : un pour les collèges confessionnels et un autre pour les collèges publics et privés. Le ‘hidden agenda’ derrière la décision de ne plus avoir de Form VI Colleges est que l’Église veut faire des collèges catholiques des ‘Super Colleges’.

Lysie Ribot : Pas du tout. On ne quitte pas la réforme puisque nous recruterons sur une base régionale et nous avons des ‘prevoc’. Cette décision fait partie d’une politique globale. La réforme du gouvernement consiste à faire disparaître les ‘Star Colleges’ et la compétition en Standard VI. Puisque le Privy Council nous refuse le droit de recruter à partir du critère religieux, nous nous retrouvons à la case départ et sur un pied d’égalité avec les autres collèges privés. Donc, nous aussi, nous avons le droit d’avoir des collèges de Form I à Form VI.

Q : On constate que le BEC a fait marche arrière avec le tirage au sort pour l’admission dans ses collèges. Le BEC recule-t-il pour mieux sauter ?.

Suttyhudeo Tengur : Je ne crois pas que l’Église a ‘back-pedaled’, elle achète du temps afin de convaincre ses partenaires en éducation. En fait, le tirage au sort agit comme un rideau pour permettre au BEC de faire ce que la loi ne lui permet pas. Je suis contre le tirage au sort qui est aberrant, car les examens sont un exercice d’habileté. Je me pose la question de savoir pourquoi Shirin Aumeeruddy-Cziffra conserve un mutisme sur cette question. Car, il en va du droit de l’enfant qui est bafoué. Si, par malheur, l’option tirage au sort revient sur le tapis, il faudra alors que des officiers de la PSSA soient sur le panel et qu’un Senior Magistrate préside à ce tirage. Et qu’aucun membre du BEC ne soit inclus dans le panel.

Lysie Ribot : Dès la première seconde que le BEC est venu avec cette idée de tirage au sort, on s’y est opposés. On ne peut sacrifier le travail de l’enfant et le remplacer par la chance. C’est de la malhonnêteté envers l’enfant mauricien. C’est une démission de la part du BEC qui a recours à la facilité avec le tirage au sort. Avec le concept du tirage au sort, on aurait beau chercher des pauvres à la loupe, on ne les aurait jamais trouvés. On refuse l’équation selon laquelle l’élève qui est un ‘low achiever’ est égal à un pauvre ou vice versa. On n’a aucune garantie que des élèves qui auront un aggregate entre 15 et 20 soient des pauvres. Si on veut vraiment servir une proportion de pauvres, cherchons-les. Ne les bernons pas.

Q : L’art de critiquer est facile, celui de proposer l’est moins. Que proposez-vous à l’Église ?

Suttyhudeo Tengur : C’est le mérite qui doit primer, alors que l’Église fait tout pour conserver ses 50 % de places.

Lysie Ribot : On a une solution au niveau de notre syndicat, mais on va la proposer à travers le collège.

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