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Mais que fait l’‘Appointments Committee’?

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Xavier Duval et Geetanee Napal

L’‘Appointments Committee’ doit-il agir ou pas suite aux allégations de Jack Bizlall contre Navin Beekarry? Le flou persiste. Xavier Duval, leader du PMXD et membre du comité parlementaire sur l’ICAC, et Geetanee Napal, chargée de cours à l’Université de Maurice en ‘Human Resources Management et Business Ethics’, nous donnent leurs avis sur les attributions de l’‘Appointments Committee’ par rapport à l’affaire Bizlall/Beekarry.

Q: Jack Bizlall a fait plusieurs allégations contre le chef de l’ICAC, Navin Beekarry. Vos réactions?

Xavier Duval: Les accusations faites contre les personnalités de l’État, surtout contre la personne supposée combattre la corruption, doivent être prises très au sérieux, sinon nous devenons une République bananière. Il est dans l’intérêt de la commission anti-corruption et de son commissaire qu’une enquête soit faite au plus vite, sinon ce dernier, lui-même, verra sa fonction minée. La meilleure des choses serait que Navin Beekarry ‘step down’ et qu’une enquête soit faite dans les plus brefs délais. Si le commissaire est blanchi après les conclusions de l’enquête, il revient; sinon, il est révoqué. D’autre part, Jack Bizlall doit prendre ses responsabilités s’il est avéré que ses allégations ne sont pas fondées.

Geetanee Napal: Nous avons des lois qui définissent bien les délits tels que le blanchiment d’argent, par exemple. Il y a eu les allégations de Jack Bizlall et, en attendant que l’enquête policière avance, nous pouvons dire qu’elles constituent des délits sous la ‘Financial and Intelligence Anti-Money Laundering Act’ (FIAMLA) et sous la ‘Prevention of Corruption Act’ (PoCA). Mais Maurice fait malheureusement partie des pays où les lois sont bonnes et bien établies mais où il y a une politique de deux poids, deux mesures.

Q: Pensez-vous que l’‘Appointments Committee’ aurait dû suspendre Navin Beekarry et mener une enquête?

Xavier Duval: Il y a trois personnes au sein de l’‘Appointments Committee’ et elles ne peuvent elles-mêmes faire les enquêtes. Je ne vois pas sir Anerood Jugnauth prendre son sac sous le bras et aller interroger les gens ici et là. Par contre, il y a une institution pour superviser le fonctionnement de l’ICAC, à savoir le ‘Parliamentary Committee’. Ce comité doit mener des enquêtes sur toutes les anomalies qu’il y a à l’ICAC et soumettre son rapport à l’Assemblée nationale et à l’‘Appointments Committee’. C’est à partir de là que les décisions peuvent être prises. Si le ‘Parliamentary Committee’, qui est le pivot de contrôle de l’ICAC, ne fonctionne pas, rien ne peut fonctionner. Or, depuis quelques mois, le ‘Parliamentary Committee’ est en situation de ‘deadlock’.

Geetanee Napal: Cet aspect est également mentionné dans la loi. La section 23 de la ‘Prevention of Corruption Act’ (PoCA) fait état des actions qui peuvent être prises par l’‘Appointments Committee’ contre le commissaire de l’ICAC. S’il y a des anomalies dans le comportement de ce dernier, ce comité peut intervenir s’il juge que la situation le demande. Toutefois, il faut qu’il y ait un consensus entre les trois membres de l’‘Appointments Committee’ pour que celui-ci puisse agir et faire une enquête approfondie. Il est essentiel de savoir ce qui se passe, surtout dans le cas de l’ICAC qui est une institution qui a pour but de combattre la corruption.

Q: Pourquoi, selon vous, l’‘Appointments Committee’ ne s’est-il pas encore réuni pour se pencher sur ce cas?

Xavier Duval: Au risque de me répéter, je dois dire que l’‘Appointments Committee’ ne peut pas se rencontrer et se baser sur ce qui est écrit dans les journaux pour décider de telle ou telle action. La loi dit clairement ce qu’il faut faire. Si le comité parlementaire avait soumis un ‘damning report’ sur la commission ou sur son commissaire à l’‘Appointments Committee’, ce dernier aurait eu à intervenir, à prendre les décisions qui s’imposent.

Geetanee Napal: Je n’en ai aucune idée. Je suppose que dans des cas semblables, il faut qu’il y ait des preuves solides. Il est difficile de savoir ce qui se passe à l’‘Appointments Committee’, s’il y a une enquête en cours de ce côté. Ce qui est sûr, c’est que quelqu’un au plus haut niveau doit faire quelque chose dans des situations pareilles. Mais souvent, nous voyons que les solutions appropriées ne sont pas prises. On a dissous l’ECO; l’ICAC va mal et le problème de corruption ne fait qu’augmenter. Maurice a un sérieux problème : les dirigeants sont prêts à faire appliquer des lois à une catégorie de personnes et à faire des exceptions pour une autre catégorie.

Q: Ce n’est pas la première fois que le commissaire de l’ICAC et d’autres membres de la commission sont montrés du doigt. Que faudrait-il faire?

Xavier Duval: Il y a plein d’accusations contre l’ICAC et contre certains de ceux qui en font partie. Il y a des accusations qui tombent sous la responsabilité de la police et il y en a d’autres - comme le gaspillage de fonds, les dépenses mirobolantes pour acheter les voitures, etc. - qui tombent sous celle du comité parlementaire. C’est certain qu’il y a du pain sur la planche pour ramener de l’ordre à l’ICAC et chacun doit prendre ses responsabilités.

Geetanee Napal : C’est clair que ce n’est pas l’ICAC en tant qu’institution qui est mise en cause; ce sont bien les gens qui en font partie qui sont en train de la décrédibiliser. Il y a quelque chose qui cloche quelque part et il faudrait faire un grand nettoyage à l’ICAC. Quant aux lois qui régissent la commission anti-corruption, il n’est pas nécessaire de les amender pour que cela aille mieux à l’ICAC. Ce ne sont pas les lois qui sont problématiques, c’est l’application de ces lois qui l’est.

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