• «Sega Tipik Sa» : un documentaire pour découvrir et célébrer dix ans de reconnaissance
  • Un sexagénaire succombe à ses blessures après une agression - Yash, le fils d’Anand Lutchmon : «Mo papa inn trouv lamor dan rann enn servis»
  • Chrysalide, 20 ans d’une riche aventure
  • Shameem Dewanuth décède quelques heures après un accident de la route - Sa sœur Shaheen : «Nous devons chérir nos êtres chers tant que nous en avons l’occasion…»
  • Future Hope : une promesse, une mission
  • Wazil Meerkhan et Dylan Carman plaident coupable dans le cadre de la mort de la WPC Raghoo - Pooja, la sœur de la victime : «Notre famille n’a toujours pas pu remonter la pente…»
  • Movember : au cœur des hommes, les hommes à cœur
  • Contrat d’exclusivité du Champ-de-Mars : le MTC se remet en selle
  • «Moana 2» : l’aventure magique sous les tropiques reprend
  • Il a été libéré sous caution après huit mois de détention préventive - Vishal Shibchurn : «Mo ena ankor bokou revelasion pour fer»

Quo vadis, chère République ?

La dignité, dit-on, est une qualité que l’homme ne peut monnayer. C’est sans doute, entre autres choses, au nom de cette même dignité que l’on a vu ces derniers jours quelques réactions de la part du Bar Council et de certains rares politiques - même si elles restent insuffisantes - face à la dérive de nos aînés et des autres privilégiés de la société, censés bien se comporter pour le bien de leur profession et de la nation aussi. Mais au nom de quelle autre qualité humaine devra-t-on interpréter le silence des autres face aux spectacles quotidiens livrés à la consommation gratuite du grand public ?

Il y a dix jours, un cabinet de consultants a révélé que plus de la moitié des sondés, sur un échantillon de plus de 2000 personnes, croient que la douane et la police sont les deux institutions les plus corrompues du pays. Ni les dirigeants de ces institutions ni le syndicat des douaniers ni les responsables de la police n’ont estimé utile de se défendre. Depuis plusieurs mois, des accusations des plus préjudiciables sont portées contre l’ICAC et ses dirigeants sans que cela puisse agir sur la sensibilité de tous ceux chargés de veiller à sa bonne marche. Et pourtant, l’institution a été mise en place afin de refléter tout ce qui est propre, transparent et intègre. Avocats et notaires, enseignants et médecins, parlementaires et ministres, tous sont montrés du doigt et de quelle manière ! Tout cela ne semble pas émouvoir la société civile, à prendre le taureau en perdition par les cornes, s’abritant même derrière l’épaisseur du principe de la présomption d’innocence. La moralité, devra-t-on conclure, s’éloigne de plus en plus de la vie politique et de la vie quotidienne tout court. Ne sommes-nous pas malades de notre élite intellectuelle ?

Pourtant, la guerre contre la corruption, contre les pratiques douteuses et celles relevant du banditisme est indispensable au progrès d’un pays, tant pour la santé psychologique de ses habitants que pour la qualité de sa vie économique et sociale. Tout pays qui n’en fait pas sa priorité quotidienne, constate la Banque Mondiale, est condamné à l’échec social. L’Institution note, par ailleurs, le rôle que doit jouer, à cet effet, toute la classe politique et l’élite du pays, surtout en provenance à la fois des secteurs public et privé. Or, que constate-t-on à Maurice? Ceux-là même censés montrer la voie de la bonne gouvernance sont aujourd’hui soit pris en flagrant délit de méfaits ou, alors, se rendent coupables de non-assistance à la société en danger. La guerre contre la dérive est-elle vraiment si difficile à faire ?

Le “World Bank Institute”, dans un rapport préliminaire publié il y a une semaine, constate que la guerre contre les pratiques douteuses et la corruption a porté ses fruits dans des pays comme le Botswana, le Chili, le Costa Rica et la Slovénie et que, grâce à ces résultats positifs, leurs habitants ont retrouvé leur fierté alors que, dans le même souffle, on a constaté une accélération du taux de croissance de l’économie. Même Bangalore, en Inde, un certain moment menacée d’écroulement à cause des pratiques de la corruption, s’est ressaisie, note la Banque Mondiale. Motivée par les considérations des bienfaits économiques de l’investissement étranger, la ville hi-tech indienne s’est lancée dans des projets de la bonne conduite de ses habitants et de la bonne gouvernance des entreprises privées et publiques. Une enquête récente, selon la Banque Mondiale, a révélé que les habitants de Bangalore éprouvent bien aujourd’hui un “feel-good factor” surtout face aux prestataires de services publics. Devra-t-on apprendre une nouvelle fois la leçon des Indiens ?

“La corruption n’est pas une tare mais bien un cancer”, disait en 1996 James Wolfensohn, aujourd’hui Président de la Banque Mondiale. Mais la guerre contre la corruption, ajouta-t-il, ne peut être gagnée sans, d’abord, nettoyer devant sa porte. La Banque, aujourd’hui, a une tolérance-zéro face au comportement de ses employés alors qu’elle a compilé une liste de plus de 100 entreprises interdites de travailler avec l’organisation. Ensuite, préconisait Wolfensohn, cela requiert une extraordinaire volonté de la part de la classe politique. Nettoyer devant sa porte ? Une extraordinaire volonté politique ? De la réponse dépend la République de demain.

5plus@intnet.mu

Archive: