Le jeune homme montrant ses blessures.
Ce jeune homme de 25 ans accuse les policiers du poste de Trou-Fanfaron de l’avoir battu après l’avoir accusé d’un vol à Cité La Cure. Il a porté plainte.
Il est révolté. Dans une déposition consignée au Police Complaints Investigation Bureau, à Rose-Hill, Pascal Collet, un habitant de Cité La Cure, allègue avoir été «arrêté injustement» et «brutalisé» par des policiers du poste de Trou Fanfaron, le samedi 1er décembre. C’est une histoire de vol allégué qui serait à l’origine de sa mésaventure.
L’homme de 25 ans explique qu’il revenait de Baie-du-Tombeau avec un ami lorsqu’il a eu une altercation avec un individu à la gare de l’Immigration : «Alors que nous étions sur le bus stop à Baie-du-Tombeau, un autobus est passé sans s’arrêter. Lorsque nous sommes arrivés à la gare de Port-Louis par un autre autobus, nous nous sommes dirigés vers un homme qu’on croyait être le receveur de celui qui ne s’était pas arrêté. Nous lui avons demandé des explications sans savoir qu’on avait affaire à un policier. Très vite, sept autres policiers se sont jetés sur nous. Ils nous ont menottés et nous ont forcés à les suivre au poste de police de Trou-Fanfaron.»
Sur place, Pascal dit avoir reçu des menaces : «Un policier m’a menacé de représailles et m’a accusé d’avoir commis un vol le 13 octobre à Cité La Cure ; selon lui, j’aurais agressé un homme pour lui voler Rs 3 000. Je lui ai alors répondu que ce n’était pas moi car j’étais en prison à cette date-là pour une histoire d’agression. Je l’ai aussi informé que j’étais sorti de prison le 12 novembre après avoir purgé une peine d’un an. Il a fait fi de mes explications et m’a donné un coup de poing à la tête.»
Profitant d’un moment d’inattention des policiers, Pascal Collet réussit à prendre la fuite en enjambant le mur du poste de police : «Les menottes n’étaient pas serrées. J’ai cru bien faire en allant chez moi. Plusieurs policiers sont venus chez moi vers 3 heures. Lorsqu’ils m’ont fait monter dans un des véhicules, ils ont profité pour me brutaliser. Un des policiers m’a balancé du gaz lacrymogène dans les yeux alors que d’autres me donnaient des coups à la tête. En arrivant au poste de police de Trou Fanfaron, mon calvaire a empiré. J’ai reçu plusieurs coups au ventre et au visage. On m’a fait enlever mon t-shirt et on m’a donné des coups sur le dos avec des matraques et des ceintures. J’ai été également frappé avec une matraque télescopique.»
Plusieurs fractures
Bilan : une mâchoire et une côte fracturées de même que plusieurs blessures sur tout le corps. Pascal Collet doit même, dit-il, subir une opération chirurgicale demain au niveau de la mâchoire. «Ils m’ont tabassé jusqu’à 4h15. Les policiers n’ont pas voulu prévenir ma famille et ont refusé de m’emmener à l’hôpital. En revanche, ils m’ont conduit au centre de détention de Vacoas. Ils m’ont fait comparaître devant la Bail & Remand Court le lendemain. En cour, j’ai dit au magistrat que j’avais été victime de brutalités. On m’a alors transporté à l’hôpital. Sur place, un sergent de police m’a convaincu de ne pas me faire admettre. Il a aussi dit au médecin que c’était les membres du public qui m’avaient battu. Il l’a dit en anglais croyant que je ne comprenais pas. Un inspecteur m’a, lui, dit :
“Pa denons person fer cuma ene bon zom”.»
Le jeune homme comparaît à nouveau devant le tribunal de Port-Louis, le lundi 3 décembre. Là, le magistrat l’informe qu’il n’y a aucune charge contre lui. Le personnel du poste de police d’Abercrombie avait vérifié son alibi et confirmé en cour qu’il était en prison au moment du soi-disant vol de Rs 3 000. Après sa comparution, il s’est rendu à l’hôpital une fois de plus, muni d’un Form 58.
Le service de presse de la police n’a pas voulu commenter l’affaire arguant qu’une enquête est en cours. Selon une source policière, c’est un vigile de 21 ans, habitant Cité Richelieu qui a porté plainte à la police pour l’affaire du vol à Cité La Cure. Il allègue que le 13 octobre, vers 20 heures, un inconnu l’a agressé et lui a volé son porte-feuille contenant Rs 3 000. Le samedi 1er décembre, il aurait reconnu son agresseur à la place de l’Immigration. Celui-ci l’aurait de nouveau agressé avant de prendre la fuite. Le malfrat aurait été arrêté après une course-poursuite.