Suite à ma chronique de la semaine dernière, si tu as identifié des blocages personnels sur ta capacité à t’autoriser le plaisir, à lâcher le contrôle, ta peur d’avoir l’air trop sexuelle devant ton partenaire, etc. Ce sont des éléments sur lesquels tu peux réfléchir pour essayer de mieux te comprendre afin de les surmonter. Cela peut se travailler en psychothérapie. L’aide que je peux t’apporter dans le cadre de cette chronique se situe à un autre niveau. La première chose que je te conseillerai, c’est de ne pas te mettre de pression pour atteindre à tout prix l’orgasme par d’autres moyens que par le cunnilingus. Te mettre une telle pression t’amènerait à vivre de l’anxiété de performance et dans un tel cas, tu ne pourrais pas atteindre tes objectifs. Le fait de viser trop l’orgasme a l’effet contraire, ça t’empêcherait de l’atteindre parce que tu serais trop dans ta tête en train de t’observer.
Non seulement l’anxiété vient contrecarrer la capacité de s’abandonner aux sensations, mais en plus, elle est alimentée par plein de pensées qui te maintiendraient en contrôle et t’empêcheraient de t’abandonner sexuellement. Voici quelques exemples de pensées qui favorisent l’anxiété de performance, qui empêchent les femmes de s’abandonner et qui, par le fait même, nuisent à ressentir les sensations : «Je n’y arriverai jamais» (peur de l’échec), «Je dois absolument atteindre l’orgasme sinon mon partenaire ne sera pas satisfait…» (peur d’être délaissée, trop centrée sur les besoins du partenaire), «Je ne suis pas une vraie femme…» (peur d’être anormale, dévalorisation).
Je te suggère dans un premier temps de discuter avec ton partenaire de ce que tu vis. Pour avoir une sexualité satisfaisante et empreinte de complicité, le dialogue avec le partenaire est primordial. S’il ne connaît pas tes besoins, comment peut-il être en mesure de les satisfaire ? Le fait de lui en parler va vous aider à vous sentir plus proches l’un de l’autre et vous permettra de trouver ensemble des chemins pour vivre une sexualité plus satisfaisante. En ce moment, tu restes seule avec tes soucis et tu ne lui donnes pas de moyens pour te satisfaire davantage. Tu dois l’impliquer dans ta démarche et non pas rester seule à vouloir expérimenter des choses en fonction des conseils que je te donnerai. Il est fort possible qu’il se questionne sur comment te satisfaire et qu’il n’ose pas aborder le sujet avec toi. Vérifie avec lui, son intérêt pour le cunnilingus. Demande-lui comment il vit le fait que tu n’obtiennes pas l’orgasme par d’autres moyens. Il est possible qu’il se sente incompétent sexuellement à cause de ça. Le fait d’ouvrir sur le sujet l’aidera sûrement à se sentir moins responsable car ce ne sont pas juste les habiletés érotiques de l’homme qui sont en jeu. La plus grande partie revient à la femme car elle a la responsabilité de communiquer à son partenaire ses préférences sexuelles et c’est à elle de développer sa capacité de s’abandonner sexuellement.
Ensuite, je t’encourage à faire des séances de masturbation pour te permettre de faire l’apprentissage de l’atteinte de l’orgasme par stimulation manuelle du clitoris. Tu dis que tu y arrives parfois, mais que c’est long. Le fait de faire des expérimentations seule enlève le stress de devoir performer devant un partenaire. Il s’agit de te réserver du temps pour toi, un temps suffisamment long où tu seras seule et sûre de ne pas être dérangée. Tu dois te donner la permission de prendre ce temps pour toi, pour ton plaisir de manière égoïste. Fais ça si possible trois fois par semaine. Plus tu feras des expériences, plus tu te donneras des chances de vivre des améliorations. Mais ne te force pas à le faire si vraiment ça ne te tente pas. Crée-toi une ambiance qui favorise la détente, cet élément est indispensable pour te laisser aller. Tu peux prendre un bain, mettre de la musique douce, etc. Lorsque tu seras prête à commencer, fais plusieurs respirations profondes pour te détendre. Tu peux aussi recourir à un fantasme sexuel incluant ton partenaire et ce qui est excitant pour toi. Par exemple, tu peux repenser à un cunnilingus qu’il t’a fait.
Lorsque tu te caresseras, prends le temps d’explorer différents types de toucher, de pression, de rythme, mouvement et ce, à différents endroits de ta région vulvaire et de ton entrée vaginale. Le seul mandat que tu as c’est d’explorer les sensations que te procurent ces différents types de toucher sans rechercher l’orgasme. Si à un moment donné, tu ressens de l’anxiété ou une tendance à avoir des pensées d’anxiété de performance, chasse-les de ton esprit. Mets-les sur un nuage imaginaire et laisse le nuage s’en aller. Fais des respirations profondes pour te recentrer sur l’instant présent afin de pouvoir à nouveau être attentive à tes sensations. Fais-le aussi souvent que tu en as besoin. Après chaque expérience, fais un petit bilan. Tu peux inscrire tes observations sur un tableau comme suit pour t’aider à faire des prises de conscience :