Nadine Moocarme et ses proches à pied d’œuvre dans leur futur jardin.
Prema Jeetoo est impatiente d’emménager dans sa nouvelle maison.
Après deux années de cauchemar à affronter de multiples péripéties, les anciens squatteurs de Dubreuil ont enfin reçu les clefs de leurs nouveaux logements.
De quoi leur redonner le sourire.
En deux ans, elles en ont vu de toutes les couleurs. Chaque jour a été pour ces mères de famille, un nouveau défi à relever, une nouvelle épreuve à surmonter. Le cauchemar a duré en tout et pour tout deux longues années. Tout a commencé le 27 juillet 2010. Ces squatteurs, qui avaient érigé des maisonnettes en tôle illégalement sur des terres appartenant à l’État, ont vu leurs demeures démolies, sous leurs yeux, à l’aide de bulldozers.
Ils avaient, par la suite, trouvé refuge sous une tente, avant d’être relogés dans l’ancienne usine de thé de la localité. Les conditions de vie étaient épouvantables en ces lieux. Cinq familles y ont même perdu cinq des leurs. Mais il y a aussi eu des heureux événements ; trois bébés y sont nés et un mariage a eu lieu.
Mais ces squatteurs ont attendu, ont rêvé à des jours meilleurs où ils allaient enfin retrouver leur intimité. Si l’attente a été longue, elle porte aujourd’hui ses fruits. Les 22 familles relogées à l’usine de thé de Dubreuil ont obtenu les clefs de leurs nouvelles maisons, le vendredi 10 août, en présence du Premier ministre Navin Ramgoolam, ainsi que du ministre des Terres et du Logement, Abu Kasenally. De quoi redonner le sourire à des mères de famille qui ont tant attendu des jours meilleurs.
Prema Jeetoo est l’une d’elles. Âgée de 27 ans, cette mère de trois enfants est prête à quitter l’ancienne usine pour s’installer dans sa nouvelle maison. Elle est fière de nous faire visiter son potager, qui commence déjà à porter ses premières récoltes. «On nous avait déjà communiqué les numéros de nos maisons. On n’attendait que la clef. Depuis quelque temps, j’ai planté quelques condiments comme le thym, ainsi que des légumes. Cela servira à notre propre consommation. Ma famille va emménager dans une semaine. Nous avons besoin d’argent pour habiller le sol d’abord», explique Prema, qui a du mal à contenir ses émotions.
Un peu plus loin, c’est toute une famille que nous rencontrons. Elle est à pied d’œuvre pour embellir son nouvel espace. Nadine Moocarme, la mère de famille, pioche en main, creuse le sol aride pour y planter des fleurs. «Il faut que tout soit parfait et surtout très joli à regarder. Nous avons passé deux années dans des conditions difficiles. Maintenant, tout va changer», avance-t-elle, sous les regards de ses deux filles et de son mari. En cet instant précis, les Moocarme respirent le bonheur.
Richard est fier de pouvoir offrir à sa famille un toit décent. «Les conditions étaient très dures dans cette usine. On devait se rendre aux toilettes à l’extérieur. Tous les occupants partageaient les mêmes toilettes. Les enfants étaient exposés à toutes sortes de bactéries. Ma fille de 6 ans en a même été victime. Elle a eu la galle et souffre toujours de ce problème bien qu’elle suive un traitement», confie notre interlocuteur.
Reshma Brocus, 27 ans, est aux anges. Elle espère que la vie lui sourira davantage. Elle veut y croire car pour la jeune femme, ce n’est pas un hasard si sa maison a été choisie pour l’inauguration du nouveau morcellement sur lequel les nouvelles maisons ont été construites. La jeune femme en est toute fière, d’autant que le Premier ministre a foulé le seuil de sa porte. «C’est une bénédiction. Je suis très contente qu’on ait choisi ma maison pour l’inauguration. J’ai déjà ramassé mes affaires et je compte m’installer dans la maison dans très peu de temps. Toute la famille a vraiment hâte d’y être. Mais je suis aussi triste de quitter l’usine car malgré tous les problèmes, il y avait une bonne entente entre tous les squatteurs», soutient-elle.
Chaque mois, ces familles devront verser la somme de Rs 500, pendant 18 ans, pour ces maisons. C’est une nouvelle vie qui commence pour ces ex-squatteurs.