Aurore Perraud, Lizie Ribot, Ariane Navarre-Marie, Reza Issack et Francisco François se sont prononcés contre le projet de loi visant à dépénaliser l’interruption de grossesse dans des cas spécifiques.
Le projet de loi visant à légaliser l’interruption de grossesse dans des cas spécifiques fait son bonhomme de chemin à l’Assemblée nationale. Il semble faire l’unanimité du côté du gouvernement comme de l’opposition, à quelques avis divergents près. Zoom
sur ce petit groupe de députés qui pensent que ce n’est pas une bonne idée.
Voilà un sujet qui soulève les passions depuis plusieurs semaines. D’un côté, il y a ceux qui soutiennent la légalisation partielle de l’avortement, de l’autre il y a les pro-life, qui sont contre toute forme d’interruption de grossesse. Le gouvernement, lui, va de l’avant avec son projet de loi autour duquel les parlementaires ont débattu mardi et vendredi. Si la grosse majorité des intervenants – il y en a eu 20 jusqu’ici – se sont dits pour la légalisation de l’avortement dans certains cas, il y a tout de même eu quelques voix discordantes contre, dont celle d’une députée de la majorité, Aurore Perraud.
Eh oui ! La parlementaire du PMSD n’a pas suivi ses autres collègues de l’Alliance sociale qui se sont tous prononcés en faveur de ce projet de loi jusqu’ici. Risquant par là même de s’attirer les foudres de ses collègues. Elle a dit haut et fort qu’elle était contre la légalisation de l’avortement, même si c’est seulement dans certains cas – en cas de viol, d’abus sexuelles d’une mineure, de mise en danger de la vie de la maman et de l’enfant, entre autres : «Je suis fière d’avoir le courage d’oser être moi-même envers et contre tout. En mon âme et conscience, je ne peux soutenir ce projet de loi.»
Avouant qu’elle avait subi des pressions de la part de certains collègues de la majorité, elle a déclaré qu’elle avait choisi de rester sur sa position car elle estime que ce n’est pas aux parlementaires de décider de la vie ou de la mort d’un enfant qui n’est pas né et qu’un avortement sur une personne violée constitue un deuxième traumatisme. Par ailleurs, dit-elle, on ne peut voter un projet de loi qui ne concerne que 5 % des femmes.
«Archaïque»
Les autres voix «contre» sont venus de l’opposition. Normal, direz-vous ! Sauf que le leader de l’opposition, Paul Bérenger, lui, s’est prononcé pour cet amendement au Code pénal. Tout en émettant quelques réserves, il a déclaré que la loi actuelle est «archaïque» et qu’il était nécessaire de l’amender puisqu’elle n’est de toute façon pas respectée. Toutefois, il a précisé n’avoir donné aucune directive aux députés de son parti, le MMM, concernant le vote de ce projet de loi : «Chacun doit voter selon ses convictions.»
Et au niveau de son parti, trois députés ont déjà fait savoir qu’ils n’allaient pas voter pour ce Criminal Code (Amendment Bill). À commencer par Lizie Ribot, qui a affirmé que «la nature fait bien des choses car le choc ressenti après un viol bloque l’ovulation», et qu’il était rare que les victimes de viol tombent enceintes. Selon elle, toujours, les femmes qui se font avorter ont plus de chance d’avoir un cancer du sein et de faire un accident «parce qu’elles n’arrivent pas à se concentrer». Des propos qui ont surpris beaucoup de ceux présents.
Ariane Navarre-Marie a elle aussi fait entendre sa voix divergente lors de ce débat. «Je suis mal à l’aise avec un tel projet tant dans le fond que dans la forme», a déclaré l’ancienne ministre de la Femme, qui aurait préféré un projet plus large, englobant l’éducation sexuelle, l’assistance familiale ou encore l’assouplissement de la législation sur l’adoption. Reza Uteem, quant à lui, a fait savoir qu’il ne votera pas ce projet de loi car s’il est d’accord avec l’avortement thérapeutique, il est opposé à celui volontaire. Pour lui, un embryon ou un fœtus «constitue une étape importante d’une vie» et procéder à l’avortement c’est «tuer un être humain». «Comme on ne peut pas voter une partie de la loi seulement, je ne vais pas voter pour les amendements proposés», a-t-il déclaré.
Le député rodriguais Francisco François a, pour sa part, carrément demandé l’observation d’une minute de silence ; il doute que l’avortement dans des cas spécifiques mettra fin à la grossesse non désirée. Quoi qu’il en soit, le projet de loi semble être bien parti pour devenir une réalité. Les débats autour vont continuer ce mardi en l’absence du Premier ministre, actuellement en déplacement à l’étranger.