Y a-t-il un effet SAJ ? Est-ce qu’il y a une attente pour un éventuel retour de l’ex-président comme futur Premier ministre ?
Encore quatre jours et on sera fixé sur le degré d’enthousiasme – ou d’indifférence – que suscite cette arrivée sur la scène politique. Ainsi SAJ a décidé de prendre son bâton de pèlerin pour sillonner les 20 circonscriptions, avec un premier arrêt à La louise, le vendredi 1er juin. Le but semble clair : empêcher le temps médiatique de s’étioler pour mieux profiter de la dynamique qu’a créé la nouvelle plate-forme de l’opposition.
Car l’ex-hôte du Réduit doit bien se rendre à l’évidence. Si sa démission avait donné lieu à toutes sortes d’interprétations, provoquant quelques angoisses chez Ramgoolam et déchaînant des passions ici et là, deux mois plus tard, l’engouement semble s’être quelque peu estompé. D’autant que le 1er Mai, l’ambiance fébrile précédant le jour J, les révélations promises par l’alliance MSM-MMM (qui furent plutôt une série d’interrogations doublée d’une montagne d’allégations) sont derrière nous. Et face à l’incapacité de l’opposition à faire pression sur le gouvernement pour l’obtention imminente des élections municipales, SAJ doit faire preuve d’imagination.
Voici donc l’ex-président de la République roulant aux quatre coins de Maurice pour faire savoir qu’il est de retour sur la scène politique, qu’il est – quoi qu’on en dise – en excellente forme, et qu’il représente l’alternative au poste de Premier ministre. Qu’il existe quoi ! SAJ pouvait-il faire autrement quand son rôle tient d’un statut particulier ? C’est somme toute assez rare qu’un politicien, qui n’est leader d’aucun parti, devienne leader d’une alliance électorale et aspire à devenir Premier ministre. Ajouté à cela, son absence à l’Assemblée nationale n’est pas à son avantage.
Car malgré toutes les rumeurs sur l’éventuelle démission d’un membre du MSM en faveur de l’entrée de l’ex-président de la République au Parlement, celui-ci assiste toujours aux travaux parlementaires, devant son poste de télévision à l’heure des infos. Et il a dû se rendre compte de la difficile tâche de mettre le gouvernement en minorité à partir de son salon. D’ailleurs, à l’écouter sur les ondes de Radio Plus, jeudi dernier, il n’a été nullement convaincant sur ce point et a concédé qu’en cas d’incapacité de l’opposition à faire chuter la majorité parlementaire, 2015 viendra.
Conclusion : malgré tout ce qui a été dit sur ces soi-disant transfuges patriotes qui allaient rejoindre l’alliance MMM-MSM pour sauver le pays, ceux-ci resteront finalement dans le camp gouvernemental et le remake attendra trois ans pour un éventuel retour au pouvoir. Un aveu de taille qui fera, à coup sûr, le jeu des travaillistes, ceux-là comptant sur une logique mathématique, ayant entrevu un allié en le temps eu égard à l’âge de SAJ : celui-ci aura 85 ans en 2015.
Depuis jeudi dernier, Ramgoolam se frotte les mains. Il peut disposer de trois ans pour consolider son parti et redonner un boost à son gouvernement. Quant aux membres de l’opposition, ils doivent, depuis, avoir pris la mesure de leur pari audacieux, pour dire le moins. Car s’il n’y a aucun effet produit par SAJ lors de cette prochaine tour de l’île, dans trois ans, rien ne sera sûr. À moins qu’entre-temps, l’opposition ait pu recréer une autre dynamique. Avec les élections municipales, par exemple, si l’alliance mauve-orange remporte une victoire. Encore faut-il que le Premier daigne fixer cette fameuse échéance électorale.