Au final, ce sera à Navin Ramgoolam de décider quand se tiendront les élections.
Une victoire écrasante lors des municipales permettrait à Paul Bérenger et sir Anerood Jugnauth de garder le sourire.
Mobiliser leurs partisans, leur donner une raison d’espérer, un terrain pour se battre (politiquement, bien sûr)… Les membres de l’alliance MMM-MSM ne veulent qu’une chose en ce moment : l’organisation des élections dans les villes.
Garder la flamme allumée. Souffler sur les braises pour ranimer et en voir naître d’autres. C’est de tout cœur, et avec l’aide du soleil que Paul Bérenger et sir Anerood Jugnauth se doivent de relever ce défi. Pour maintenir la dynamique du Remake 2000, insufflée par le retour de SAJ en politique et le «succès» du meeting du 1er Mai, les leaders de l’alliance MMM-MSM se doivent, désormais, de veiller à ce que leurs partisans ne s’essoufflent pas en attendant les législatives prévues pour 2015, et qui, si on en croit le Premier ministre, auront bien lieu dans trois ans. Pour motiver ses troupes, l’alliance MMM-MSM donne l’impression de vouloir tout miser sur la tenue des prochaines élections municipales.
L’objectif du Remake 2000 semble, donc, clair : mettre la pression sur le gouvernement, au Parlement et ailleurs, pour l’organisation de cette joute politique. «C’est une question de principe, une question de droit. Constamment repousser ces élections est immoral», confie un député mauve. Néanmoins, l’intérêt de l’alliance MMM-MSM a l’air d’aller au-delà de ces préoccupations, estime un élu de la majorité. «L’opposition veut simplement prouver quelque chose avec les municipales ; prouver qu’elle peut renverser le gouvernement sur ce terrain. Néanmoins, je suis persuadé qu’elle n’a aucune chance.»
S’imposer lors de cette épreuve de force, remporter les municipales haut la main, s’imposer face à l’alliance gouvernementale… De quoi donner un coup de peps à l’alliance MMM-MSM. «Elle risque très vite d’être en perte de vitesse et de popularité. Surtout si elle n’a qu’une seule mission jusqu’en 2015 : déstabiliser le gouvernement et rassembler les gens autour d’une hypothétique victoire aux prochaines législatives !», explique un observateur politique.
Par ailleurs, du côté du Remake 2000, on n’abonde pas forcément dans le même sens. «Nous n’avons rien à prouver. La foule présente à notre meeting du 1er Mai était supérieure à celle du gouvernement… C’est auprès du peuple que nous trouvons notre légitimité», s’insurge un membre du MSM. Malgré cette précision, force est de constater que l’organisation des municipales est un must pour les dirigeants de l’opposition. «Navin Ramgoolam avait dit qu’il allait fixer la date des municipales après le 1er Mai. Nous le mettons au défi de tenir parole», déclarait Paul Bérenger, il y a quelques jours.
De plus, en fin de semaine, le leader des Mauves et SAJ précisaient qu’en juin, ils se lanceraient dans de grandes mobilisations dans les circonscriptions de l’île, avec une présence plus marquée dans les régions considérées comme étant des bastions du PTr. «Nous allons faire un pèlerinage à travers le pays», a déclaré le leader du Remake 2000. Partir à la conquête et à la reconquête d’un électorat, cajoler celui déjà acquis à leur cause politique, tout en tentant de déstabiliser le gouvernement au Parlement, les prétentions municipales de l’alliance MMM-MSM ne peuvent être plus claires.
Même si la liste des potentiels candidats n’est pas encore finalisée, apprend-on de source militante, les deux partis y travaillent activement. La mise en place d’une stratégie est également à l’agenda et pourrait être axée sur le bilan «catastrophique» des différentes municipalités et sur les «déboires» de certains maires… C’est donc un travail de fourmis qui se fait actuellement, car personne ne sait encore quand auront lieu les municipales : dans quelques semaines, avant le début du ramadan, vers la mi-juillet ou plus tard dans l’année ? Pour l’instant, les membres du Remake 2000 préfèrent se préparer à faire face à toute éventualité.
Un moyen de remporter les élections, certes. Mais aussi, une façon de garder la flamme qui anime ses partisans, allumée.
Paul Bérenger en mode économie
Point de presse résolument économique pour le leader des Mauves. Hier, Paul Bérenger s’est dit «très inquiet» au vu de «la détérioration dramatique et dangereuse de la balance des paiements». De plus, avec la crise européenne et les «efforts de l’Inde pour remettre en question le Traité de non-double imposition», son degré d’inquiétude atteint des sommets ! Il a donc, comme à son habitude, fustigé le ministre des Finances Xavier-Luc Duval : «L’heure est très grave. Nous jouons avec le feu. Et dans un tel contexte, l’irresponsabilité et la légèreté avec lesquelles Xavier Duval s’est comporté au Parlement sont inacceptables… Alors qu’il est temps de prendre des décisions intelligentes. Ce dont il est incapable.»
Alors, c’est pour quand ?
Pour l’instant, personne ne le sait vraiment. Sauf Navin Ramgoolam, lui-même ! Du côté de la majorité, lorsque la question est posée, on ne rentre pas dans les détails. «Il y a des procédures par rapport au New Local Government Act qui doivent être finalisées», explique-t-on, évasivement. Du côté de l’opposition, on se lance dans des projections : avant le début du ramadan ou après Eid… Cae qui est sûr, c’est que la Commission électorale est en passe de finaliser les nouvelles réglementations, rendues nécessaires par la promulgation de la New Local Government Act, pour l’organisation des élections municipales. D’ici quelques semaines, ces regulations devraient être publiées dans la Gazette.