Mireille Martin : «L’État fait énormément pour soutenir les personnes vulnérables à Maurice»
Edley Maurer : «Le ministère de l’Égalité des genres a initié un programme d’éducation parentale qui n’arrive pas à intégrer les familles qui sont dans le besoin»
Le monde célébrera le 15 mai prochain la Journée internationale des familles. Comment se portent les familles mauriciennes ? Mireille Martin, la ministre de l’Egalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la famille et Edley Maurer, coordinateur de terrain pour l’association Safire, donnent leur avis sur le sujet.
Pensez-vous que la cellule familiale se porte bien dans la société mauricienne ?
Mireille Martin : La cellule familiale à Maurice, comme ailleurs, a beaucoup évolué. Il y a une vingtaine d’années, nous avions tendance à concevoir la famille dans le sens large du terme : papa, maman, enfants, grands-parents, cousins/cousines. Aujourd’hui quand on parle d’une famille, on pense plutôt à la famille nucléaire. C’est-à-dire le père, la mère et les enfants. Cette évolution a des conséquences sur la cellule familiale. De même que les influences de la modernité qui ont tendance à favoriser des loisirs individuels bien plus que des loisirs collectifs. Des loisirs de groupe sont plutôt organisés en fonction de l’âge, c’est-à-dire les jeunes font des activités avec d’autres jeunes, pas avec leurs parents. Les femmes sortent entre elles et les hommes de même. Cette situation n’a pas tendance à favoriser la consolidation de la cellule familiale.
Edley Maurer : Dans une société en perte de valeurs comme la nôtre, il serait impensable de constater que la cellule familiale se porte bien. Imaginez-vous, si les familles qui sont économiquement aisées ont des difficultés dans leur vie de couple, maintenant qu’en est-il des autres qui arrivent difficilement à s’adapter dans une île Maurice en plein progrès mais où l’écart entre les riches et les pauvres s’agrandit et la situation sociale se dégrade de plus en plus.
Le 15 mai, le monde commémorera la Journée internationale des familles. Or, depuis quelque temps à Maurice, nous notons une montée de violence chez les jeunes. Pensez-vous qu’il y a un problème dans les structures familiales à Maurice ?
Mireille Martin : Comme je l’ai déjà dit, la structure familiale est fragilisée par de multiples facteurs. La violence en général, pas seulement chez les jeunes, est un des facteurs qui indéniablement fragilise la famille. Elle a même des répercussions qui s’étendent au-delà de la cellule familiale, touchant aussi l’entourage de la famille et la société en général.
Edley Maurer : La structure familiale est une des institutions concernées dans l’éducation des jeunes à Maurice. Dans ce sens, en analysant la violence chez les jeunes, il ne faut pas penser que seule la famille est responsable de cette situation alarmante et préoccupante.
Est-ce que les autorités font suffisamment pour venir en aide aux familles en difficulté à Maurice ?
Mireille Martin : Est-ce que l’on ne fait jamais assez ? Ça, c’est la grande question ! Mais ce serait malhonnête de ne pas reconnaître que l’Etat fait énormément pour soutenir les personnes vulnérables à Maurice. Mon ministère a un département dédié au bien-être de la famille. Il y a un plan d’action national pour promouvoir cette institution, de multiples programmes visant à renforcer les liens, les valeurs, la communication, le dialogue dans la famille. Que ce soit au niveau de la santé, du logement, de la sécurité sociale, de la National Empowerment Foundation, pour ne citer que quelques exemples, le gouvernement a à cœur la préservation de la famille et de son bien-être. Mais il faut aussi souligner qu’il est également de la responsabilité de chaque membre d’une famille de saisir les opportunités mises à sa portée pour surmonter sa condition de vulnérabilité.
Edley Maurer : Le gouvernement dans son effort pour combattre la pauvreté à Maurice a mis en place le ministère de l’Intégration sociale, justement pour aider les familles en difficulté mais malheureusement il n’a qu’une stratégie nationale et pas assez de ressources pour atteindre cet objectif. Aussi, le ministère de l’Égalité des genres a initié un programme d’éducation parentale qui n’arrive pas à intégrer les familles qui sont dans le besoin dans le groupe.