Les deux principaux blocs politiques ont, lors des meetings du 1er Mai, souhaité que la lumière soit faite sur la mort d’Anand Ramdhony en cellule policière. Il aurait, selon l’opposition, été arrêté dans le cadre d’un cambriolage au campement du Premier ministre, à Roches-Noires. Ce que conteste le chef du gouvernement. La femme de la victime, elle, espère que les paroles des politiciens se transformeront en acte.
Que s’est-il vraiment passé ? Comment Anand Kumar Ramdhony est-il mort en cellule policière ? Les politiciens semblent désirer que la lumière soit faite sur cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et que l’opposition lie systématiquement au cambriolage au campement de Navin Ramgoolam, à Roches-Noires, en juillet 2011. C’est du moins ce qu’ils ont affirmé lors de leurs rassemblements respectifs le 1er Mai.
À Port-Louis, SAJ a affirmé haut et fort qu’il y avait des zones d’ombre concernant le décès d’Anand Kumar Ramdhony, qui se serait donné la mort par pendaison dans sa cellule, le 30 juillet 2011 au poste de police de Rivière-du-Rempart. Il avait été arrêté dans le cadre du vol d’une montre, le 25 juillet. «Comment est-ce qu’il a pu déchirer le tissu recouvrant son matelas pour en faire une corde alors que cette matière est très épaisse. C’est impossible qu’il ait pu faire cela», martelait SAJ. Alors qu’à Vacoas, le Premier ministre a déclaré souhaiter qu’une enquête judiciaire soit initiée pour que la vérité triomphe dans cette affaire.
Ces sorties publiques sur la mort d’Anand Kumar Ramdhony n’ont pas laissé de marbre sa famille, habitant… Ramgoolam Lane, à Plaine-des-Papayes. «Les politiciens semblent s’intéresser à cette affaire de par ce qu’ils ont dit dans leurs discours du 1er Mai. Mais j’espère que ce qu’ils ont dit se transformera en action, que ce ne sont pas que des paroles qu’ils ont prononcées pour me donner de l’espoir. Que les politiciens m’aident dans cette bataille», confie Rita Devi Ramdhony, l’épouse de la victime. Depuis la mort de son mari, sa famille et elle se battent pour que la lumière soit faite sur ce décès. Elles ont d’ailleurs intenté un procès au civil contre l’État et le commissaire de police pour réclamer des dommages dans cette affaire et ont retenu les services de Me Viren Ramchurn pour défendre leurs intérêts.
«Contre le suicide»
Rita Ramdhony et les siens sont plus que jamais déterminés à se battre pour sauver l’honneur du défunt Anand Kumar qui, selon eux, «n’a jamais été un voleur». «Il a toujours travaillé à la sueur de son front. Son seul défaut était qu’il avait un petit penchant pour la bouteille, mais sans plus. Je lui ai rendu visite deux jours avant sa mort. Il ne paraissait pas déprimé. Au contraire, il espérait rentrer à la maison dans quelques jours pour continuer les travaux de construction de notre maison et pour finaliser les préparatifs du mariage de notre fille en décembre dernier», soutient la femme du défunt.
De plus, selon elle, son mari avait une peur bleue de l’inconnu, surtout de la mort. «C’est quelqu’un qui était contre le suicide et qui avait très peur de mourir, car il ne savait pas ce qu’il y avait après, comme nous tous», explique notre interlocutrice, d’une voix triste.
Pour rappel, cette affaire avait été soulevée à l’Assemblée nationale par un député de l’Opposition. Il avait interrogé le Premier ministre sur le lien éventuel entre l’arrestation d’Anand Kumar Ramdhony et le vol commis dans le bungalow du chef du gouvernement à Roches-Noires, le 3 juillet 2011. Son arrestation avait suscité des rumeurs selon lesquelles ce serait pour le vol de la montre Rolex appartenant au Premier ministre qu’il aurait été arrêté. Mais Navin Ramgoolam avait par la suite démenti ces rumeurs, affirmant qu’il avait toujours la montre en question en sa possession. La police a, quant à elle, refusé de commenter l’affaire dans la mesure où une enquête est en cours.
Quoi qu’il en soit, chez les Ramdhony, à Plaine-des-Papayes, ce qui compte vraiment maintenant c’est de savoir comment Anand Kumar est mort en prison. «Cette histoire de montre est secondaire pour nous. Tout ce qu’on veut c’est la vérité et que justice soit faite. Que le ou les coupables soient punis», clame Rita Ramdhony. Pour arriver à ses fins, elle est déterminée et prête à se battre corps et âme. Au nom de l’amour et pour sauver l’honneur de son mari.
Laura Samoisy
L’avocat Ramchurn «impatient»
L’homme de loi dont les services ont été retenus par les Ramdhony pour réclamer justice dans le cadre du décès d’Anand Kumar en cellule policière se dit «impatient». Me Navin Ramchurn, qui est lui-même en deuil actuellement suite au décès de sa femme Sweety Devi, attend de pied ferme le début de l’enquête judiciaire promise par le Premier ministre dans cette affaire : «J’attends le début de cette enquête avec impatience pour faire la lumière sur ce drame qui afflige ma cliente et ses enfants. Ce n’est qu’à la fin qu’on va savoir si le défunt s’est vraiment donné la mort ou non. En attendant, j’ai déjà fait une demande pour obtenir une copie de toutes les photos prises par les policiers le jour de la découverte macabre pour les faire analyser par un expert du privé. Je compte également demander au magistrat qui va diriger cette enquête judiciaire de se déplacer pour visiter la cellule où Anand Kumar Ramdhony se serait pendu.»
D’autre part, la plainte déposée contre l’État en novembre dernier et dans laquelle Rita Ramdhony réclame Rs 45 millions comme dommages suite à la mort de son mari en cellule policière sera entendue pour la première fois le 15 mai. Selon la police, le défunt, âgé de 43 ans, se serait donné la mort alors qu’il était en détention policière. L’autopsie indique qu’il est mort par asphyxie suite à la pendaison. Selon la police toujours, le défunt aurait fabriqué une corde en déchirant la toile qui recouvrait son matelas. La découverte macabre a été faite le samedi 30 juillet. Toutefois, Rita Devi récuse la thèse du suicide. Pour elle, il est impossible que son époux se soit donné la mort en cellule. Elle avait consigné une plainte au Police Complaints Investigation Bureau le vendredi 5 août dans laquelle elle faisait état de plusieurs zones d’ombre dans cette affaire. C’est une des raisons pour laquelle elle a fait servir une mise en demeure contre l’État avant d’entamer des poursuites.
JMG