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Des proches racontent leur descente aux enfers

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L’époux de la victime parle d’«accidenta».

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Chantal, la maman de Shirley, et son fils Stellio sont anéantis depuis ce drame.

Il n’était un secret pour personne que le couple formé par Shirley et Roshan Doobraz battait de l’aile depuis plusieurs mois, mais leurs proches ne s’attendaient pas que leur histoire finisse dans les colonnes des faits divers. Le mari aurait fini par mettre le feu à sa femme qui n’a pas survécu à ses graves brûlures. Retour sur cette terrible affaire avec les témoignages de membres de leurs familles respectives qui racontent comment les deux époux se sont retrouvés dans une situation de non-retour.

Leur mariage semblait d’avance voué à l’échec. C’est ce que laissent comprendre des proches de Roshan Doobraz et de sa femme Shirley Doobraz, née Antoinette. D’ailleurs, les familles respectives des deux jeunes gens avaient émis de profondes réserves lorsque le couple s’était mis en ménage car trop de choses paraissaient les séparer. Mais Roshan, 31 ans, et Shirley, 37 ans, faisant fi de toutes ces appréhensions, avaient décidé de vivre leur amour et s’étaient mariés civilement en catimini. Deux ans plus tard, leur histoire d’amour s’est terminée en meurtre, dans la soirée du 1er mai. Le mari a brûlé vive sa femme qui n’a pas survécu ; il n’en pouvait plus, dit-il dans sa déposition, de son attitude (voir les détails du drame en hors-texte).

Depuis, les familles de Roshan et de Shirley s’opposent avec virulence autour de cette explication. Si d’un côté, on affirme que c’est effectivement la vie «dissolue» que menait la jeune femme qui aurait poussé son époux à bout, de l’autre, on assure qu’elle n’avait rien d’une «traînée» mais qu’elle était au contraire une «bonne mère et épouse» – le couple a une petite fille de 14 mois – mais que Roshan était «très jaloux et possessif».

Toujours est-il que les jeunes gens semblaient s’aimer très fort au début, au point de braver les obstacles qui se dressaient sur leur chemin pour vivre leur amour au grand jour. Avant d’entamer leur descente aux enfers. Le premier obstacle à leur union était, selon leur entourage, leur appartenance religieuse différente. Roshan était hindou, Shirley catholique, et leurs familles respectives avaient beaucoup de mal à accepter cela. Mais, pour eux, ce n’était pas un problème. Et puis, ils venaient de milieux sociaux différents.

Roshan est issu d’une famille «assez aisée» de Pointe-aux-Piments qui ne voyait pas d’un bon œil sa relation avec Shirley qui venait, elle, d’une famille éclatée et modeste. Ses parents se sont séparés alors qu’elle était enfant et elle vivait chez son père Herman, à Pointe-aux-Piments, dans une petite case en tôle. Selon une sœur de son père, elle avait mis fin à sa scolarité très tôt et collectionnait les petits boulots pour contribuer aux dépenses de la maison.

Morte de chagrin

Roshan, qui est le benjamin de sa famille – il a sept frères et sœurs – avait, quant à lui, hérité de la maison et du snack de son père Kressoon. Selon des proches du jeune homme, sa mère Santee serait décédée l’année dernière à l’âge 72 ans, suite au chagrin que lui a causé l’union de son fils avec Shirley. «Elle ne portait pas Shirley dans son coeur et Roshan refusait de revenir sur sa décision de se marier avec elle», expliquent deux des frères de Roshan. L’un d’eux, Vinod, précise que ses proches et lui n’avaient pas assisté au mariage civil du couple car ils désapprouvaient cette union. Pour lui, Shirley était une personne de «mauvaise réputation» qui fréquentait un club privé. C’est d’ailleurs dans ce club, dit-il, que Roshan aurait rencontré sa future épouse.

Les proches du jeune homme avancent que ce dernier ne pouvait rien refuser à Shirley qui, selon eux, «abusait de sa générosité» : «Mon frère est doux de nature. Toutefois, il devenait violent lorsqu’on lui faisait part de notre désaccord concernant son mariage avec cette personne. On respectait le choix de notre frère et on voulait remettre Shirley dans le droit chemin en lui demandant de changer son comportement. Mais elle faisait fi de nos conseils», déclare Vinod.

Vinesh, un autre frère de Roshan, en rajoute une couche. Il affirme que Shirley battait aussi son mari. Plusieurs plaintes auraient été déposées au poste de police de Triolet à cet effet. «Mais à chaque fois la police venait et lui donnait seulement un warning.» Selon lui, Shirley travaillait dans le snack de son mari pour avoir de l’argent afin d’acheter des cigarettes et des boissons alcoolisées dont «elle abusait». «Elle devenait très violente lorsqu’on lui parlait», explique Vinesh. Et c’est Roshan, dit-il, qui s’occupait de sa fille car son épouse sortait souvent le soir pour rentrer aux petites heures du matin.

Lorsque Roshan lui aurait parlé de divorce, elle l’aurait menacé. «Roshan n’avait que l’avenir de sa fille en tête et ne vivait que pour elle», précise Vinesh. Les Doobraz ne digéraient pas non plus le fait que Shirley cuisinait, disent-ils, régulièrement du boeuf alors qu’ils n’en mangeaient pas.

Allégations «malveillantes»

En tout cas, du côté de la famille de Shirley, on réfute avec véhémence ces allégations «malveillantes». Chantal, la mère de Shirley, est très triste mais aussi très en colère contre ceux qui «veulent salir la réputation et la mémoire de la défunte». Elle déclare d’emblée qu’elle ignore les circonstances de la rencontre de sa fille avec Roshan mais précise que celle-ci faisait le va-et-vient chez elle à Terre-Rouge. Chantal souligne que le couple Shirley-Roshan connaissait des hauts et des bas mais que sa fille ne parlait jamais vraiment de ses problèmes. «Zot tou sel cone kine arrive», soupire-t-elle. Stellio, le demi-frère de la victime, souligne, quant à lui, que «Roshan aimait beaucoup Shirley malgré l’opposition de ses proches» mais qu’il était «trop possessif et jaloux».

Selon Chantal, les proches de Roshan avaient coupé les ponts avec lui depuis le début de sa relation avec Shirley car celle-ci avait déjà deux enfants, nés de précédentes relations : un fils aujourd’hui âgé de 18 ans, qui vit avec Chantal, à Terre-Rouge depuis plusieurs années – son père est décédé – et une de 6 ans qui vit avec son père dans un autre quartier de Terre-Rouge. La petite dernière, née de l’union entre Shirley et Roshan – qui s’appelle Marguerite pour les proches de sa mère et Reshmee pour ceux de son père – avait été recueillie par les officiers de la Child Development Unit après le drame du 1er mai avant d’être confiée à un membre de la famille de son père.

Chantal défend la réputation de sa fille bec et ongles : «Ma fille a été très malheureuse en amour. Je précise qu’elle n’était pas une femme facile comme on tente de le faire croire et qu’elle n’était pas violente non plus et ne frappait certainement pas son mari. On dit qu’elle buvait beaucoup, peut-être qu’elle a commencé à boire à cause de ses problèmes conjugaux mais elle n’était pas une ivrogne.» La mère de Shirley récuse aussi l’allégation selon laquelle sa fille était infidèle à son mari : «Je me demande à quelle heure elle voyait ses prétendus amants puisqu’elle devait s’occuper de la boutique et de sa fille.» Aux dires de Chantal, Shirley s’occupait de la petite boutique et du snack familial pendant que Roshan décrochait des travaux de peinture en bâtiment.

La dernière fois qu’elle a vu sa fille c’était lors du week-end de Pâques.  «Elle était venue avec sa fille depuis samedi. Son époux les a rejointes le lendemain. Ils ont dîné avant de rentrer chez eux. On n’a rien remarqué d’anormal dans leur comportement.» Cette maman a sur le cœur un très grand regret, le plus grand de sa vie, dit-elle : celui de ne pas avoir vu le visage de sa fille une dernière fois lors des funérailles, le mercredi 2 mai : «Ma fille était couverte de bandages de la tête aux pieds.»

C’est le deuxième enfant que perd Chantal. Il y a cinq ans, White Antoinette, le frère de Shirley, est décédé d’une crise d’épilepsie. Le frère et la soeur reposent maintenant ensemble, dans la même tombe au cimetière de Bois-Marchand.

Les vêtements de la victime auraient pris feu «par accident»

Il n’aurait pas eu l’intention de tuer son épouse. C’est du moins ce qu’affirme Roshan Doobraz dans sa déposition. Accusé provisoirement d’assassinat, il explique que les vêtements de sa femme Shirley auraient pris feu «par accident». Le jeune homme raconte que le 1er mai, son épouse est rentrée à la maison «complètement ivre» en début de soirée, en compagnie de sa petite fille, après avoir assisté à un meeting dans la matinée. Elle aurait eu un comportement agressif. Il a d’ailleurs consigné une déposition au poste de police de Triolet vers 19h10, ce soir-là, pour dénoncer le comportement de Shirley.

La police le confirme: «Deceased’s husband made a declaration at Triolet Police to the effect that deceased is seeking trouble with him.» À peine quelques heures plus tard, vers 2 heures du matin, les policiers reçoivent un appel de détresse de Roshan Doobraz disant que sa maison a pris feu. Sur place, ils retrouvent le corps de Shirley complètement carbonisé sur le sol du salon. Elle était en position assise. L’autopsie a conclu que la défunte avait succombé à une asphyxie après avoir inhalé de la fumée.Lors de son interrogatoire, Roshan a d’abord dit aux enquêteurs que sa femme avait elle-même mis le feu à ses vêtements, mais pressé de questions suite à des incohérences dans ses propos, il a fini par avouer que c’est lui qui l’avait fait. Il a expliqué qu’il avait demandé à un voisin de l’emmener acheter de l’essence un peu plus tôt sous prétexte qu’il devait dépanner quelqu’un. Il avait conservé l’essence dans son salon.

Shirley et lui auraient eu une violente altercation dans la soirée. Dans sa déposition, Roshan explique que son épouse, qui était toujours sous l’influence de l’alcool, voulait faire un câlin à leur fille alors que cette dernière dormait. Il s’est opposé à cette démarche car Shirley, dit-il, venait de «rouler» du tabac mélangé à du cannabis pour en fumer. Folle de rage, la jeune femme se serait saisie d’une barre de fer pour tenter d’agresser son époux. Roshan souligne qu’il a alors pris le bidon d’essence qui était sur le sol pour lui faire peur. Lors de l’altercation, le contenu s’est, dit-il, déversé sur Shirley qui aurait pris feu en raison de la «cigarette» qu’elle avait dans les mains. Roshan aurait alors pris sa fille dans ses bras avant de téléphoner à la police et au Samu. Il aurait ensuite éteint le feu avec une couverture.

Me Sanjeev Teeluckdharry, avocat de Roshan Doobraz :

«Ma priorité est de faire libérer mon client sous caution»

À ce stade, l’homme de loi du présumé meurtrier, dont les services ont été retenus depuis le jeudi 3 mai, ne veut pas dévoiler sa stratégie de défense car Roshan Doobraz est passé aux aveux et a consigné une déposition sans la présence d’un homme de loi. Me Sanjeev Teeluckdharry nous fait cependant part de son objectif premier dans cette affaire : «Ma priorité est de faire libérer mon client sous caution. Je vais débattre sa bail motion le 10 mai. Je ne peux rien vous dire d’autre à ce sujet.»

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