Haniff Peerun
Élu président du Mauritius Labour Congress pour la période 2012-2014, Haniff Peerun nous parle de ses priorités, de la fête du Travail et des amendements aux lois du travail.
Vous venez d’être élu pour deux ans à la présidence du Mauritius Labour Congress. Quelles sont vos priorités ?
Avec la crise financière mondiale et celle de l’euro, le monde du travail passe par des moments difficiles. Mais à Maurice, c’est la crise politique qui domine l’actualité. La condition de vie dans notre petite île devient de plus en plus difficile avec la hausse des prix des produits de consommation comme l’eau, du ciment ou encore du gaz ménager, alors qu’il plane en ce moment une menace pour augmenter le prix du pain. Je propose aussi qu’il y ait un contrôle plus rigoureux des prix car j’estime que la politique de la libéralisation des prix va à l’encontre des intérêts des travailleurs qui sont de plus en plus endettés. Il est toutefois triste de constater que toutes ces choses sont «overshadowed» par la politique et les attaques des uns contre les autres.
Que pensez-vous du taux de chômage qui est officiellement de 8 % ?
Ce taux ne reflète pas la réalité sur le terrain car il y a beaucoup de jeunes détenteurs du SC et du HSC qui ne s’enregistrent pas auprès du Bureau de l’emploi car ils estiment que les emplois qui leur sont proposés ne sont pas appropriés. Je suggère qu’un plan de Work placement soit élaboré pour proposer des allocations aux jeunes ainsi qu’une allocation chômage. Je trouve que c’est légitime de proposer ce genre d’allocation lorsqu’on sait que certains parents se sont endettés pour financer l’éducation de leurs enfants et que ces derniers restent pendant longtemps sans emploi.
Dans une conférence de presse, vous avez réclamé que le gouvernement décrète un autre «workers’ day». Pourquoi cela ?
Le 1er Mai est un jour destiné à rendre hommage aux travailleurs mais le gouvernement a hijak cette fête du Travail qui est devenue purement politique. En utilisant des autobus, les partis politiques pénalisent ceux qui utilisent souvent ce moyen de transport. Je n’approuve pas cette manière de faire des politiciens. Ils embobinent les Mauriciens en les emmenant à la plage tout en leur donnant à manger et à boire. Ce n’est pas ça le sens de cette journée particulière qui prend des allures de pique-niques.
Je lance un défi aux politiciens : ne donnez pas de autobus gratuits, n’offrez pas à manger et à boire et voyez combien de personnes se rendront à leur meeting. C’est, selon moi, une bonne façon de mesurer leur popularité.
Dans le même sillage, je voudrais aussi qu’il y ait une instance qui enquête sur le financement des partis politiques. Lorsqu’on voit tout ce qu’ils dépensent actuellement pour la mobilisation de mardi prochain, il y a de quoi se poser des questions.
Quel est votre avis sur les amendements apportés aux deux lois du Travail : l’Employment Rights Act et l’Employment Relations Act, présentées lundi par le ministre du Travail, Shakeel Mohamed ?
L’amendement concernant le «collective barganing with a group of workers» suscite de vives interrogations. Il est dit que les employés qui ne sont pas syndiqués peuvent s’engager dans une négociation collective directement avec l’employeur. Nous ne sommes pas d’accord avec cela. Les travailleurs seront sans protection syndicale pour négocier de leur bien-être. Le ministre du Travail devrait obliger chaque travailleur à se syndiquer comme c’est le cas en Chine.
Que prévoyez-vous de faire à l’occasion de la fête du Travail ?
À l’occasion du 1er Mai, le Mauritius Labour Congress prévoit de se rendre à 8h30 au cimetière Saint-Jean pour rendre hommage aux travailleurs décédés. Par la suite, vers 10 heures nous nous rendrons à Réduit, plus particulièrement à l’école Soubiah, pour vivre avec les Mauriciens une journée en famille.