Le couple est encore sur un petit nuage après son mariage
Bien que différents par leur petite taille, ces deux jeunes ont toujours affronté les obstacles pour faire face aux difficultés que leur impose leur réalité. Aujourd’hui, ils racontent le bonheur de s’être trouvés et d’avoir pu se marier comme tous ceux qui s’aiment...
Ils l’ont rêvé et ils l’ont eu : un mariage à la mesure de leur grand amour. Une cérémonie empreinte d’émotion, de symbolisme et d’espoir... En s’engageant l’un envers l’autre, dimanche dernier, Leena Ramdhay, 24 ans, et Vishal Muteea, 33 ans, ont démontré que le bonheur est accessible à tous ceux qui y croient : peu importe l’âge, le physique ou la taille.
Atteints de nanisme (détecté peu après leur naissance car leurs os ne se formaient pas correctement) et sachant qu’ils font partie d’une minorité, ils redoutaient de ne jamais rencontrer l’âme sœur. Mais ils ont toujours gardé un espoir dans le fond de leur cœur. Et il y a trois ans, leurs chemins se sont croisés... grâce à un petit coup de pouce du destin.
«Enfin, on a pu le faire. Enfin, nous sommes mari et femme !», s’exclame Vishal en regardant amoureusement son épouse dans les yeux. Dans leur petite maison à Rose-Belle, les tourtereaux ne descendent plus de leur petit nuage, encore sous le charme des trois jours de célébrations de leurs noces. «Tout s’est bien passé. C’était parfait comme tous les mariages», ajoute pour sa part Leena, l’aînée d’une famille de deux enfants et originaire de Rose-Hill. Une semaine après son «jour magique», la jeune femme est très heureuse de son nouveau statut : «Une nouvelle vie commence pour moi...»
Car pour les nouveaux mariés, qui ont longtemps souffert des regards des autres – aujourd’hui ils disent avoir passé ce cap –, le mariage a un double sens. C’est d’abord une officialisation de leur relation. Mais, c’est aussi une façon de prendre leur revanche sur la vie. «On vient montrer que malgré notre différence, on peut accomplir et réaliser ce que tout autre personne peut faire», souligne Vishal qui précise que, mise à part leur petite taille, sa «princesse» et lui sont des personnes tout à fait normales.
«Bénis»
«On est comme tous les couples. On a une maison et un rythme de vie comme tout le monde et nous sommes deux êtres qui ont des activités d’adulte.» Depuis cette grande étape qu’ils ont franchie dans leur vie, les nouveaux mariés n’arrêtent pas de se dire «chanceux» et «bénis» de s’être trouvés et racontent à qui veut l’entendre leur belle histoire.
Si dans les contes de fées, la règle veut que ce soit le prince charmant qui pose en premier ses yeux émerveillés sur sa promise, dans la romance que vivent Leena et Vishal, c’est bien la demoiselle qui a pris les devants. «Je l’ai appelé en premier», lâche Leena, tout sourire. Mais pour que la rencontre entre les deux jeunes gens fût possible, Simla, la grande sœur de Vishal, a dû mettre son petit grain de sel dans l’histoire. Elle a joué les bonnes fées pour accélérer les choses. «Malgré son handicap, mon frère a toujours été la personne la plus positive à la maison. Même si à la découverte de sa différence peu après sa naissance, son avenir nous semblait difficile, Vishal a toujours surmonté les obstacles», nous confie Simla qui a aussi une autre petite sœur, Vimla.
Selon elle, son frère a tout fait pour s’intégrer dans la vie : «À l’école, bien que c’était difficile, il a tenu bon jusqu’au CPE. Il est également sportif. Vishal est fan de Manchester United et aime aussi taper dans le ballon. Et il adore la musique. À la maison, où la plupart des choses sont aménagées à sa hauteur, il aide dans bien des tâches. Bref, rien ne lui est impossible. La preuve : pendant 11 ans, il a travaillé dans une compagnie qui fabriquait des pièces électroniques et il a même été superviseur.»
Une seule chose manquait à son frère : une amoureuse. «Les gens comme lui ne courent pas les rues et il voulait tellement rencontrer une fille qui vivait la même réalité que lui.» C’est ainsi que la grande sœur, employée dans une pizzeria, n’a pas hésité une seconde à jouer les entremetteuses quand Leena s’est pointée sur son lieu de travail un beau jour de 2009 pour acheter une pizza : «Je l’ai tout de suite remarquée et comme je connaissais les goûts de mon frère, je savais qu’elle allait lui plaire.» Poussée par quelques collègues qui connaissaient aussi Vishal, Simla décide d’aborder Leena : «Je lui ai parlé de mon frère et je lui ai demandé si elle acceptait de faire sa connaissance étant donné qu’il est comme elle. J’ai pris son numéro et je lui ai aussi donné celui de mon frère.»
Plusieurs jours après l’échange des numéros et moult hésitations de part et d’autre, c’est finalement Leena qui malgré sa timidité, fera le premier pas en appelant Vishal. Il faut dire qu’elle est une jeune femme moderne bien de son temps qui ne quitte jamais son laptop et son téléphone portable.
Fonder un foyer
La première rencontre a lieu dans un jardin public à Belle-Rose. «Le courant est vite passé entre nous», lâche Vishal qui se rappelle avec beaucoup d’émotion de ce premier contact qui a débouché sur une belle histoire d’amour. «Durant ces dernières années, on a appris à se connaître car on ne voulait pas précipiter les choses», confie le jeune homme.
Face à l’évidence qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, la demande en mariage a rapidement suivi. Pour les amoureux, c’est une suite logique après avoir fait les choses dans les règles. Revendiquant leur autonomie et leur capacité à se débrouiller seuls, du moment, précisent-ils, que tout est disposé à leur hauteur – prises électriques, table de travail en cuisine, etc. –, Leena et Vishal se sont sentis prêts à ajouter de nouvelles pages à leur roman d’amour en franchissant le pas du mariage.
«Comme tous les couples qui passent par là, on se lance dans la belle aventure de la vie à deux», déclare Vishal dont la priorité maintenant est de faire tourner sa maison, rendre heureuse sa femme et fonder un foyer. S’ils n’envisagent pas d’avoir un enfant dans l’immédiat, les nouveaux mariés avouent ne s’être pas posé des questions sur le risque d’avoir ou pas un enfant nain. «L’avenir nous le dira», lâche Vishal.
Il y a un seul bémol à ce merveilleux conte de fées : le jeune homme a récemment perdu son emploi car l’entreprise dans laquelle il travaillait a effectué un dégraissage au niveau du personnel car elle fermera bientôt ses portes : «Je cherche donc un emploi et comme je suis bosseur, je suis prêt à relever tous les challenges (NdlR : à bon entendeur…)»
Mais en attendant, sa «chérie» Leena et lui profitent encore de leur lune de miel. Ils la tiennent leur revanche sur la vie. Et leur bonheur se passe de mots !
Christ
Petits par la taille, grands par leur accomplissement
De tout temps, les personnes de très petite taille ont toujours fasciné et suscité les interrogations. Dans plusieurs contes pour enfants, les personnages clés sont des nains comme dans Blanche-Neige et les sept nains. De nombreuses personnes de petite taille, sont devenues des célébrités, à l’instar du peintre Henri de Toulouse-Lautrec, Passe-partout, de l’émission Fort Boyard, Gary Coleman qui jouait Willy dans Arnold et Willy, Michel Petrucciani, qui a été un pianiste de haut calibre ou encore la très connue Mimi Mathy, tantôt chanteuse, tantôt comédienne.
Le nanisme : quelques explications...
Le nanisme est une condition caractérisée par une taille inférieure de plus de 20 % à la taille moyenne de la population. «Il peut être provoqué par différentes causes mais est plus souvent génétique», nous explique un médecin. En plus des causes génétiques, des maladies diverses (affectant le rein ou le cœur…) peuvent également mener à une petite taille définitive. Cette anomalie peut prendre plusieurs formes suivant l’origine, notamment une disproportion globale de la silhouette, avec des membres courts, souvent due à des troubles de la croissance osseuse et cartilagineuse. Et malgré toutes les avancées scientifiques, le nanisme génétique ne se traite pas. Les enfants issus de parents nains ont une chance sur deux d’être aussi atteints de ce syndrome.
Cœur de parents
C’est le désir de tous les parents : voir leurs enfants heureux. C’est donc avec beaucoup d’émotion que Prashad et Aartee, les parents de Leena, et Doolari, la maman de Vishal – son père est mort depuis longtemps –, ont vécu les noces de leurs enfants. «Mon fils n’a jamais été un fardeau pour moi. Même si je n’ai pas compris comment, il est né comme ça, je ne l’ai jamais pris comme une fatalité. Bien au contraire, il a été une source de bonheur pour moi», nous déclare Doolari qui est très heureuse de savoir son fils marié : «Je suis sûre qu’il sera un bon mari et un bon père.»
Du côté des Ramdhay, c’est aussi la joie. «Notre fille était une très belle mariée», confie Aartee. Son époux, boulanger de profession, dit adorer son gendre: «Je sais que ma fille est entre de bonnes mains. C’était ma plus grande peur : qu’elle ne trouve personne pour veiller sur elle.»