Heureux qui, comme Bérenger, a vu le remake 2000 plébiscité par l’assemblée des délégués du MMM hier. Un exercice pseudo-démocratique, dont les résultats, connus d’avance, relèvent plus d’une mascarade, quand l’on sait que le leader mauve avait déjà annoncé, la semaine dernière, que «remake ine done». D’ailleurs, après le feu vert du bureau politique et du comité central mauve, on voyait mal la base militante, malgré ses réticences, faire obstacle (d’autant que le vote fut à main levée et non à bulletin secret) à une alliance recherchée par Bérenger dès le lendemain de la cassure PTr-MSM.
Qui ne se souvient pas de sa précipitation à se jeter dans les bras de Pravind pour découvrir ensuite que des années-lumière séparent les deux partis avant de provoquer la démission de SAJ, en faisant comprendre à ce dernier que l’avenir politique de son fils serait sérieusement menacé s’il ne quittait pas le confort du Réduit. Bérenger peut donc être content de son coup. Malgré sa stratégie en zigzag et brouillonne, avec SAJ désormais à ses côtés, il place un challenger – l’avenir nous dira s’il a eu raison – sur la route jusqu’ici tranquille de Ramgoolam. Profitant des développements sur l’échiquier politique, Bérenger excelle une nouvelle fois dans sa tactique «faire croire».
Faire croire que plusieurs grosses pointures du gouvernement vont démissionner, faire croire qu’il y aurait une motion de blâme contre Ramgoolam, faire croire que le pays est à la veille d’élections générales anticipées… des législatives que lui et SAJ remporteront alors par 60-0, a-t-il annoncé. Sauf qu’à ce jour, tous ceux qui vont soi-disant claquer la porte du square Guy Rozemont passent leur temps à jurer publiquement fidélité à Ramgoolam, et seuls quelques opportunistes insignifiants et, dans quelques cas, n’ayant aucune crédibilité, ont annoncé leur adhésion au MSM. Pendant ce temps, la nouvelle alliance SAJ-Bérenger a déjà fait deux dommages collatéraux : Ashock Jugnauth qui a été sacrifié, et Eric Guimbeau envers qui il a exprimé son désaccord pendant l’assemblée des délégués d’hier et qu’il pousse dans les bras de Ramgoolam. Jusqu’ici donc, les dires de Bérenger concernant la chute du PTr-PMSD reste plûtot au stade de l’agitation.
Et l’on sait que l’agitation ne fait pas tomber un gouvernement tant qu’il a sa majorité, si courte soit-elle. C’est donc dans quelques jours, lors de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale, après le discours-programme de demain, que l’on saura si la nouvelle alliance MMM-MSM possède de réelles armes politiques de destruction massive contre le gouvernement. Si tel n’est pas le cas, le scénario est connu : l’opposition aura beau brailler, que ce soit sur la plate-forme du 1er Mai ou ailleurs, Ramgoolam ne dissoudra pas le Parlement tant qu’il arrivera à tenir le coup, mais il tentera d’éreinter SAJ pendant les trois prochaines années, le temps étant un précieux allié pour lui et une épée de Damoclès sur la tête de l’opposition. À 85 ans, quoi qu’on en dise, on est un peu plus proche de la tombe que de l’Hôtel du gouvernement.