Le vote «pour» et ses nombreuses mains.
Le vote «contre» et ses quelques mains.
Les militants du parti ont plébiscité l’alliance MMM-MSM à main levée. On y était…
Ils sont venus, ils ont voté et ils ont entériné, presque à l’unanimité, le Remake 2000. Eux ce sont les membres de l’Assemblée des délégués mauves présents à Belle-Rose, hier après-midi. Retour sur cette dernière étape vers la concrétisation de l’alliance MMM-MSM.
15 heures. Ariane Navarre-Marie monte sur scène. C’est elle la Master of Ceremony de cette séance où sont réunies plusieurs centaines de personnes. Jeunes, moins jeunes, enfants, bébés… il y en a de tous les âges. Avec des fameux t-shirts, top et même chapeaux de couleur mauve.
Les premiers orateurs s’amènent : Steve Obeegadoo, Alan Gannoo et Rajesh Bhagwan. Ils sont formels : le pays va mal et le remake pourrait conduire vers un renouveau. Entre chaque interlocuteur, Ariane Navarre-Marie glisse un «Paul Bérenger» dans ses phrases. Deux mots qui provoquent des «Waaaa» et des sifflements dans la salle bondée.
Enfin, le leader mauve s’amène. Il s’excuse. Il va être long. Son objectif est simple : avant le vote, il va expliquer les raisons et les conditions de la fameuse alliance. Les gens hurlent : «Kozé Paul», sous un tonnerre d’applaudissements.
Paul Bérenger se lance : «Le pays est en danger dans plusieurs secteurs : Law and Order, démocratie, économie. Le but, ce n’est pas de gagner les élections générales. Si nous avions fait une lutte à trois, nous les aurions gagnées. Mais il est urgent de redresser le pays. C’est légitime de faire réduire le gouvernement à une minorité, je m’insurge contre Ramgoolam et ses petits roquets qui parlent de coup d’État.»
L’humour est aussi de la partie. «Mise à part lady Sarojini, personne ne connaît mieux Anerood Jugnauth que Paul Bérenger, lance le leader du MMM. Avant d’ajouter : «Nous partons avec 30-30 candidats chacun. Et même si SAJ avait mis une croix sur le remake, ce ne serait pas la fin du monde.»
«C’est chose faite»
Paul Bérenger explique alors pourquoi Ashock Jugnauth et Eric Guimbeau ne feront, peut-être, pas partie du remake. «Pour Ashock, il y a eu un blocage des deux côtés. Le MSM ne voulait pas de lui, même comme Speaker ou Attorney General. Il n’était pas non plus intéressé. Donc, il s’est auto-exclu. Pour Guimbeau, il y a eu un problème sur deux questions : il voulait changer le nom de l’alliance. Or, il allait brouiller le message et l’image du Remake», dit-il, en ajoutant qu’une candidate que le parti de Guimbeau veut présenter les a rendus mécontents à travers l’une de ses déclarations.
Et les conditions de ce Remake ? Le leader mauve commence par le gros morceau : l’affaire Medpoint. «Notre attitude envers le scandale du siècle n’a pas changé d’un iota. Si le DPP loge une charge formelle contre Pravind Jugnauth après l’enquête de l’ICAC sur Medpoint, son avocat demandera un Early Trial, un procès au plus vite. Cet accord, c’est chose faite», dit Paul Bérenger, qui ajoute que les discussions continuent concernant les candidatures dans les circonscriptions, notamment au No 1.
Autre point sur lequel les deux partis sont tombés d’accord : il y aura un maximum de femmes comme candidates et dans des postes de responsabilité. Paul Bérenger déclare aussi qu’il ne croit pas que Ramgoolam va venir avec une réforme électorale, mais que le MMM est prêt à accueillir une bonne réforme.
Pendant le discours du leader, une femme ne se gêne pas pour faire du bruit dans un coin de la salle. À plusieurs reprises, Paul Bérenger lui demandera de se calmer. Elle n’obtempérera qu’après plusieurs tentatives. Enfin, les délégués peuvent poser leurs questions et émettre leurs opinions. On notera celle d’un jeune homme : «N’oubliez pas que le MSM vous a fait du mal en 2006. J’ai des doutes sur ce parti. J’ai peur qu’il vous donne encore un coup de couteau dans le dos.» Bérenger répond : «Ne gardez pas de l’amertume en vous.» Le jeune homme votera contre le remake…
Car c’est maintenant l’heure du vote. Pour que le remake soit entériné, il faut deux tiers des votes. En premier lieu, ce sera fait à main levée. Si le nombre de votes n’est pas clair, il faudra se tourner vers les bulletins secrets. Ce ne sera pas nécessaire. Le verdict tombe. Pour : presque toute la salle. Contre : quelques personnes ici et là. Une quasi-unanimité. Rendez-vous le 1er Mai pour voir la marée mauve se mélanger à celle de couleur orange.