Nathalie et Jean croient dur comme fer dans l’innocence de leurs fils.
L’épouse et la maman d’Adhil Koojun affirment que celui-ci était chez lui au moment du meurtre.
Les enquêteurs ont mis les bouchées doubles pour arrêter les présumés meurtriers de Stellio Coralie, retrouvé dans un état de décomposition avancée il y a quelques jours. Parmi les cinq suspects arrêtés, deux frères apparemment «sans histoire». Leurs parents clament haut et fort qu’ils sont innocents.
Son cœur de mère saigne. Les larmes n’arrêtent pas de couler sur le visage de Nathalie Létourdie, marqué par la douleur. Les mots lui viennent difficilement à la bouche pour parler du cauchemar qu’elle vit depuis quelques jours. Depuis que ses deux fils, Jérôme, 26 ans, et Stéphane, 20 ans, ont été arrêtés, le lundi 2 avril, dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Stellio Coralie, 59 ans (voir hors-texte). Le corps sans vie de ce dernier avait été retrouvé dans la maison qu’il louait à Melrose, le 28 mars. Une maison qui appartient à Jean Létourdie, le père des deux frères suspects.
L’homme vit aussi un véritable calvaire depuis lundi. Son épouse et lui, des habitants de Melrose, ne peuvent accepter que leurs deux seuls enfants soient mêlés à cette terrible histoire qui a fait grand bruit dans le village depuis la découverte du cadavre de Stellio Coralie. Depuis l’arrestation de leurs fils, Jean et Nathalie ne cessent de clamer qu’ils sont innocents. «Nos fils ne sont pas des monstres. Ils ne sont pas impliqués dans ce crime crapuleux car ils étaient à la maison au moment où les enquêteurs disent que le drame a eu lieu», affirment-ils avec conviction.
Pourtant, dans sa déclaration à la police, Jérôme Létourdie a avoué sa participation dans ce meurtre crapuleux. Il a même procédé à une reconstitution des faits dans l’après-midi du mercredi 4 avril. Son frère Stéphane a, quant à lui, nié y être mêlé. Quoi qu’il en soit, leurs parents persistent et signent : leurs enfants sont «innocents».
L’épreuve qu’ils vivent actuellement est sans doute la pire qu’ils aient connue jusqu’ici. «Nous n’avons que deux fils. C’est comme si nous les avions perdus d’un seul coup. Depuis leur arrestation, notre résidence ressemble à une maison mortuaire où les larmes coulent à flots», se lamente Nathalie, en pleurs. Pour elle, il n’y a pas de doute, ses fils sont des êtres «responsables, qui ont eu un parcours sans faute et qui n’ont jamais eu de démêlés avec la justice, encore moins avec les gens du village». Jean et Nathalie Létourdie n’hésitent pas à revenir sur le parcours de leurs enfants comme pour démontrer qu’ils n’ont rien de mauvais garçons.
Stéphane Létourdie, «fils exemplaire», a, selon ses parents, fréquenté l’école primaire de sa localité jusqu’au CPE avant de faire ses études secondaires au Royal Holloway College, Quartier Militaire. D’ailleurs, c’est au collège, disent-ils, qu’il fera la connaissance de l’élue de son cœur. «Sa fiancée habite Sébastopol. Ils se fréquentent depuis le collège. Ils sont inséparables. Le samedi 24 mars, vers 22h10, mon fils l’a même appelée de chez nous», confie la mère des deux présumés meurtriers.
Après le School Certificate, Stéphane fait son entrée dans le monde du travail. «Au départ, il cherchait sa voie. Il faisait des petits boulots ici et là. Ce n’est que l’année dernière qu’il a trouvé un job stable au sein de la compagnie Desbro. Il y travaillait en tant que storekeeper. Il aimait ce qu’il faisait et gagnait bien sa vie. Ce qui lui permettait de nous aider financièrement à la maison», explique Nathalie, le regard dans le vide. Qui plus est, Stéphane venait d’être promu le vendredi 30 mars. «On l’avait nommé assistant manager de son département.»
Douleurs à la jambe
Stéphane avait aussi plein de projets, selon ses parents. Il y a trois semaines, il avait même réalisé un de ses rêves : l’achat d’une motocyclette, une Honda 100CC. «Il n’a même pas eu le temps d’en profiter. Il a été arrêté injustement, ainsi que son frère. Car le samedi 24 mars, ils étaient à la maison et ont pris un verre avec des amis jusqu’à fort tard», affirme Nathalie Létourdie.
Son fils Jérôme, poursuit-elle, a aussi eu un parcours scolaire honorable. Il a été admis à la Marcel Cabon State Secondary School à Beau-Bassin après avoir eu de bons résultats aux examens du CPE. Mais il quittera les bancs de l’école en Form IV pour travailler. «Lui aussi a fait des petits boulots. Il y a six mois, il a rejoint une entreprise spécialisée dans la dératisation, comme pest-controller. Il ne peut pas faire des travaux trop durs car il a un problème à la jambe», explique son père Jean.
Son fils, dit-il, a été victime d’un grave accident de la route il y a trois ans. Il souffrait d’atroces douleurs à la jambe. «Suite à l’accident, il a dû garder le lit pendant un bon moment. Il porte toujours des vis et boîte quand il marche. Cette semaine, il avait d’ailleurs rendez-vous à l’hôpital pour voir si on pouvait lui retirer les vis», poursuit notre interlocuteur. D’ailleurs, une question ne cesse de le tarauder depuis l’arrestation. «Les enquêteurs auraient dit que ceux qui ont agressé mortellement Stellio Coralie ont fait le mur avant de pénétrer à l’intérieur de la maison par la fenêtre, mais comment Jérôme aurait-il pu faire un tel effort ? Son problème au pied ne le lui aurait pas permis», lâche-t-il.
Il se souvient avec peine qu’il y a quelques mois seulement, Jérôme Létourdie filait le parfait amour dans cette même maison où Stellio Coralie a été tué. «La maison m’appartient. Je l’ai cédée à Jérôme quand il a décidé de vivre en concubinage avec sa copine. Mais cette relation n’a pas duré. Il est revenu habiter sous mon toit il y a six mois environ. La maison était restée inoccupée jusqu’à ce qu’on fasse la connaissance de Stellio Coralie il y a trois mois», raconte Jean Létourdie.
Il revient sur les circonstances de cette rencontre : «L’homme en question cherchait une maison à louer dans le voisinage. Ce sont des habitants de Melrose qui l’ont dirigé vers moi. Il m’a expliqué qu’il y restera trois mois seulement, le temps que la construction de sa maison de Pereybère soit terminée. Je n’y voyais aucun inconvénient. D’ailleurs, ce sont mes fils qui l’ont aidé pour son aménagement. Ils ont presque tout fait car le type était assez âgé.» Aujourd’hui, l’homme regrette amèrement d’avoir loué sa maison à Stellio Coralie car cela a attiré «le malheur» sur sa famille. Mais qu’a-t-il fait de cet appartement de la NHDC au sinistre sort ?
Eh ben, il y a quelques jours, le dimanche 1er avril, le père et ses deux fils, ont nettoyé de fond en comble les lieux du crime. Et ce, «à la demande des policiers», explique Jean Létourdie. La solution utilisée pour ce nettoyage était cependant très classique. «On l’a fait à l’eau de javel», soutient Jean Létourdie. Comme pour effacer toute trace du terrible épisode qui hantera les Létourdie à jamais.
Sabreen Babooa, l’épouse d’un des suspects, crie à l’injustice
Elle ne dort plus, ne mange plus depuis que son mari a été arrêté dans le cadre du meurtre de Stellio Létourdie. Sabreen Babooa, l’épouse d’Adhil Koojun, ne cesse de crier à l’injustice, affirmant que ce dernier est innocent. « Qu’on relâche mon mari. Il n’a rien à voir dans cette histoire», lance-t-elle en tenant son fils de 2 ans dans ses bras. Selon la jeune femme, Adhil Koojun, qui est l’ami d’enfance des frères Létourdie, était à la maison dans la soirée du samedi 24 mars.
«Je n’étais pas à la maison pendant trois jours. Mais le 24, aux alentours de 22h30, mon mari m’a appelée de chez nous. Il était avec ses parents», explique-t-elle. Une version que confirme sa belle-mère, Zaibah Koojun : «Nous avons regardé la télévision jusqu’à fort tard avant que mon mari et moi n’allions nous coucher. À un moment, nous avons demandé à Adhil de baisser le son, ce qu’il a fait. Et puis mon fils ne peut pas être mêlé à cette histoire. Il n’est pas violent. Il serait incapable de faire subir ces atrocités à un être humain.»
Laboureur de son état, Adhil Koojun habite à quelques pas des Létourdie, à Melrose. Selon Zaibah Koojun, les trois jeunes hommes ont grandi ensemble et partagent une profonde amitié. Les deux femmes comptent engager les services d’un avocat afin de défendre Adhil Koojun dans cette affaire.